Depuis son couplet d'anthologie sur 'Life's A Bitch' aux côtés de Nas, AZ court après l'intensité unique des quelques phrases qu'il y lachait et qui l'avait fait entrer dans la cour des grands. Après 2 albums satisfaisants mais en deçà des espoirs placés en lui tant au niveau artistique que commercial et le fiasco de The Firm, il s'était vu forcé de retourner dans l'underground affûter ses rimes. Son retour indépendant avait créé le buzz l'an dernier et lui a permis de signer un nouveau contrat chez Motown où il sort cette année une version améliorée de son "S.O.S.A." pour tenter de recapturer l'attention de tous les fans de son new-yorkais. A l'évidence, les difficultés rencontrés dans sa carrière ont laissé des traces et ses textes se font plus hargneux et mélancoliques que par le passé ('What Cha Day About', 'Problems'). Les récits mafieux ont été rangés au placard et AZ est revenu du côté obscur des choses, même s'il reste arrogant et continue de flamber à tout va.
Soutenu par Beanie Sigel, Amil et la fidèle Foxy Brown, AZ a retenu les leçons de "Pieces Of A Man" et a préféré s'entourer de producteurs "outsiders" plutôt que de grands noms (à part DR Period). Un risque qui paye lorsqu'on découvre avec plaisir les sons très soul du nouveau venu Chop D.I.E.S.E.L. qui signe les meilleures réalisations de l'album. Néanmoins, le reste de la production n'est pas exempt de critiques et les tentatives crossover (une mauvaise habitude du bonhomme) 'Everything's Everything' et 'AZ's Back' font vraiment tâche dans l'ensemble. Mais soyons franc, l'album est quand même un retour assez réussi pour le 'visualizer' devenu phoenix dont le flow reste toujours aussi efficace. De plus, les sons ont le mérite de sortir de la médiocrité synthétique ambiante pour montrer que les samples peuvent encore apporter quelques titres dansants de bonne facture. Bref, AZ mérite que la communauté hip-hop se tourne à nouveau vers lui et lui rende hommage.
Cobalt Juillet 2001