Passons outre la pochette particulièrement laide de ce nouvel Lp de Nas et attachons-nous à répondre à la question que tous les amoureux de rap se posent : Nas est-il redevenu le Nasty poète d'"Illmatic", comme le laisse entendre le titre de ce cinquième album solo.
Après les décevants "Nastradamus" et "QB's Finest", on n'attendait plus grand chose de Nas… Et c'est pourquoi "Stillmatic" fait plaisir ; il redonne espoir. Car à l'écoute de 'Rewind', on retrouve les talents de conteur de Nas sur une prod solide de Large Professor (comme au bon vieux temps). Racontant une anecdote de quartier à l'envers, Nas n'oublie aucun détail et nous force à faire marche arrière sans cesse pour comprendre tous les tenants et aboutissants de son récit. Dans un autre registre, 'You're Da Man' (avec Extra P encore), '2nd Childhood' (avec le fidéle Premier), 'Destroy & Rebuild' ( un dis track envers Cormega, Prodigy et Nature avec Baby Paul des Beatminerz) ou 'Got Ur Self A Gun' montrent que Nas a toujours la gnaque et le talent pour capter l'attention et générer l'émotion quand les instrumentaux sont à sa hauteur. Enfin, 'My Country', 'Rule' et 'Whut Goes Around' ont une vraie dimension sociale et politique qui prouve que Nas reste un analyste sacrément doué.
Néanmoins, "Stillmatic" est loin d'être parfait et ne mérite en aucun cas le statut de classique que lui a accordé The Source. Ainsi, 'Smokin'', 'The Flyest' ou 'Braveheart Party' sont des titres médiocres qui n'auraient pas dépareillé sur "QB's Finest"… tant pour leurs instrus plats que pour leurs textes paresseux et condescendants. Et certaines productions plombent des titres qui avaient un fort potentiel ('One Mic', 'Ether'). Mais dans l'ensemble, Nas réalise avec "Stillmatic" un grand pas vers la réhabilitation et, globalement, son meilleur album depuis "It Was Written".
Cobalt Décembre 2001