Le premier volume de "Lyricist Lounge" restera dans l'histoire comme le manifeste d'une scène américaine innovante et effrontée cherchant à s'éloigner des formats du rap. Tout sur ce premier volume, du livret aux groupes présents en passant par l'ambiance underground générale, sentait bon la passion du hip-hop et la volonté de renouveler le genre.
C'était donc avec impatience que l'on attendait ce second volume. A la lecture du tracklisting, on sait tout de suite que les motivations des responsables de Rawkus ont changées. En effet, qui aurait pu imaginer 2 ans en arrière Erick Sermon, Prodigy, Nate Dogg, Beanie Sigel ou JT Money aux côtés de Mos Def, Planet Asia, Royce Da 5'9" ou Saukrates? Et puis, niveau production, la présence de Rockwilder et du même Sermon est pour le moins surprenante. On en vient à se demander si on a bien un volume de "Lyricist Lounge" entre les mains. Car on ne peut pas dire que cet album nous fasse découvrir d'artistes, contrairement à son prédécesseur.
Mais bon, si l'on passe outre cette déception et que l'on accepte que l'on ne doit pas s'attendre à trop de surprises, cette compilation reste une superproduction d'assez bonne qualité. Kool G Rap et M.O.P. décochent même un missile scud avec l'aide de DJ Mighty Mi. Et Hi-Tek en charge de la production de 6 titres nous délivre une bonne cuvée de beats. Et les métronomes que sont Dilated Peoples et Talib Kweli gravent sur sillons 2 titres de haute tenue. Mais, le superbe 'Da Cipha Interlude' constitue lui le seul vrai parallèle avec le premier volume. Mais comment voir l'exécrable 'Watcha' de Master Fuol sinon comme une tentative délibérée d'attirer quelques acheteurs de bounce?. Et Big L aurait-il aimé que l'on resserve quelques-uns de ses couplets déjà présents sur son album sous une autre forme?
Enfin, vous l'aurez compris, si vous n'avez jamais eu aucun contact avec l'écurie Rawkus et que vous êtes un habitué des grosses productions, cet album constitue un bon moyen de réaliser une approche en douceur de l'underground. Sinon, autant essayer de vous procurer les quelques titres sus(et sous)cités et acheter les albums des artistes qui en sont responsables... A vous de voir.
Cobalt Décembre 2000