Avec sa contribution aux albums de Common, Q-Tip, Pharcyde ou de son groupe Slum Village, Jay Dee s'est imposé comme l'un des producteurs les plus talentueux de sa génération, doté d'une réelle signature sonore et sachant habilement allier efficacité et expérimentation. C'est donc avec impatience que l'on met sur la platine ce premier opus "solo", où Jay Dee s'est entouré de nombreux rappeurs underground de Detroit. Dès le début, on est une fois de plus frappé par la rondeur de ses basses, la puissance de ses drums et l'acuité de ses samples. Jay est un vrai maître des machines. Son seul problème vient de sa persistance à vouloir prendre le micro. Car contrairement à ses collègues Diamond, Lord Finesse ou Thes One, on ne peut pas dire que les talents lyricaux de J-Dilla soit à la hauteur de ses sons...
Il ruine même par ses rimes catastrophiques (niveau CP) des titres comme 'Y'All Ain't Ready' ou 'Shake it Down'. D'autre part, on est étonné de voir que celui qui a, en quelque sorte, façonné le son du "conscious rap" actuel s'avère être pour le moins matérialiste et terre-à-terre... De plus, les MC's conviés n'ont, pour la plupart, pas grand chose d'intéressant à dire et débitent des banalités au kilomètre. Mais bon, malgré cette critique sévère il faut quand même dire que l'écoute de ce "Welcome 2 Detroit" est musicalement très plaisante. Par exemple, le superbe 'Featuring Phat Kat' est une vraie perle. Les relectures de vieux titres de Donald Byrd ou EWF à la sauce de Jay Dee ('Think Twice') s'avèrent elles aussi des réussites et prouvent le savoir-faire de ce membre émérite des Soulquarians. Bref, il ne reste plus à Jay Dee qu'à lâcher le micro et à se concentrer totalement sur la production. Au final, "Welcome 2 Detroit "a de gros défauts mais il reste une acquisition intéressante, ne serait-ce que pour les sons de Jay Dee. Et puis le packaging de l'album est de toute beauté...
Cobalt Mars 2001