Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Offwhyte est l'un des représentants de longue date (et dirigeants) du label Galapagos4. En direct de Chicago, il a contribué dès les premiers balbutiements du crew à son expansion en participant à la compilation "Blackbook Sessions" puis en livrant dès 2000 son premier album solo "Squints" (remarqué mais confidentiel).

S'associant aujourd'hui aux talents de compositeurs de Meaty Ogre et du fidèle Open I, Offwhyte passe à la vitesse supérieure. Sur des productions très recherchées où les lignes de basses se superposent à des beats rugueux et où les détails abondent, Off fusionne avec le beat de son flow fluide. Dans un style classique mais maîtrisé, Meaty Ogre se distingue tout particulièrement grâce à des instrus enchanteurs qui donnent une dimension supplémentaire aux textes ésotériques du rapper d'origine phillippine. Utilisant une multitude d'instruments différents dans ses compositions, il triture ses samples (ah, le saxophone de 'Reincarnated Gonads') et parvient à créer de vrais paysages sonores midtempo qui ne révèlent toute leur complexité qu'après des écoutes répêtées. Dans une veine similaire, Open I fait bonne figure, relayé sur deux tracks par l'Anticonien Alias et par Metrognome pour des résultats plus que convaincants. Malgré les différents apports, une vraie empreinte sonore se dégage à l'écoute de l'album...

De son côté, Offwhyte s'impose comme un lyriciste en acier trempé. Ses textes oscillent entre poésie, battle rhymes et paraboles ('The Merchant') en frappant l'auditeur par le vocabulaire épatant et les rimes recherchées qu'Offwhyte emploie tout au long des 14 titres du Lp. Le tout servi par un flow inspiré et élastique qui dompte le rythme à sa guise et se fond dans ses moindres recoins. Bref, Offwhyte est un écrivain doué et un emcee sacrèment complet qui se montre même performant derrière les machines ('Ups'). Si un point viendra peut-être ternir le tableau pour certains, ce sera le timbre de voix somme toute assez quelconque du bonhomme. Mais, même de ce côté, les esprits pointilleux trouveront un peu de consolation dans la présence occasionnelle de Qwel ou Qwazaar.

Au bilan, peu de temps morts (à la limite 'Compliments & Novelties', 'High Fidelity' ou un 'Tzolkin' à la partie chantée assez inutile), pas de déchets et un album remarquable qui est parvenu à raviver mon intérêt pour Galapagos4. Riche aux niveaux musical et surtout textuel, "The Fifth Sun" s'impose avec un peu de recul comme une des très bonnes sorties de l'an passé... et probablement le meilleur album en provenance de G4 depuis sa création.

Cobalt
Janvier 2003