A peine un an après un premier EP très solide : Garage Opera, Azeem repart à l'assaut avec son premier vrai album. Pour donner différentes couleurs musicales à son LP, il s'est cette fois-ci entouré de plusieurs concepteurs musicaux. Le fidèle Fanatik est toujours là, mais Protest, Architect ou Ricochet ont aussi intégré les rangs.Ces nouveaux ingrédients dans la formule d'Azeem apportent un surplus de dynamisme indéniable, même si l'on perd un peu au change pour ce qui est de l'originalité et des expérimentations. A l'écoute, l'ensemble est étonnament cohérent et efficace et on retrouve quand même toutes les teintes qui nous avaient séduites sur Garage Opera. Bref, Azeem dispose de tout l'espace nécessaire pour faire étalage de ses talents et de son indéniable charisme microphonique.
Il en profite pour peaufiner encore son style unique qui oscille entre slam et pur rap au fil des rythmes. Mais il montre surtout qu'il est un vrai grand lyriciste. Ses textes sont pour la plupart des chroniques abstraites bourrées d'allusions aux dérives de la société, tant au niveau comportemental que politique ('Imma Rmx', 'Bush Is A Gangsta', 'Organic Food Revolutionnaries'). On trouve aussi des diatribes teintées d'humour contre les wack MC's et le courant "bling-bling" débile qui règne sur les charts ('No Lexus', 'Rubber Glue', 'Gods Rolex'). On s'apprête alors à faire un parralèle entre lui et les Anti-Pop Consortium, au vu de ces similitudes, quand ces derniers surgissent comme par magie, pour mêler leurs styles à ceux d'Azeem le temps d'un superbe 'Anti-Azeem'.
Bref, Azeem confirme avec Craft Classic tout le bien que l'on pouvait penser de lui et montre qu'il est un des derniers poètes penseurs du hip-hop. Rien que pour cela, il mérite largement votre attention...
Cobalt Mai 2001