Debmaster
Marvelous Dump

On peut ne pas être fan de la pochette de cet album. Il est en revanche beaucoup plus difficile de nier que l'atmosphère qui l'entoure, et ce dès la première seconde, colle à l'image du monde autour de nous – nous parlons essentiellement pour les résidents de communes disposant d'une gare ferroviaire. Et si certaines plages du disque évoquent des ambiances plateaux de jeux vidéos, il ne faut pas être adepte des manettes pour percevoir ce que ça veut dire. C'est de l'ordre de la percée musicale et cela dépasse les consoles : les consoles sont avant tout faites pour poser des choses dessus (relisez le Robert).

Remettons les choses au clair. Debmaster n'est autre qu'un musicien picard et moustachu émigré à Angers, répondant au nom de Julien Deblois et effectuant la totalité de ses productions seul, à l'aide du logiciel musical Fruity Loops. "Marvelous Dump", titre de son deuxième album, signifie quelque chose comme "Dépotoir Merveilleux", ce qui est une façon lucide et honnête de nommer l'ensemble, à la fois jouissif et éreintant. Prenant comme le début d'un chaos, sans la lassitude qui doit bien s'installer quand le chaos dure. Prenons le titre sobrement intitulé 'Superman', ceint de blips liquides et paraissant vouloir alunir à tout moment, nous tenons une piste : le camarade Debmaster aime jouer avec son auditeur, lui accorder des phases durant lesquelles il peut s'attacher à une boucle régressive, puis lui rappeler qu'un rythme se construit en avançant, sur la frise du temps, sur le bord d'une caisse claire.

Là où son précédent opus, "Monster Zoo", regorgeait de juteuses collaborations avec des rappeurs inventifs et fameux, le présent n'en compte que deux – dont 'Cold Crush', sombre évasion d'un pénitencier interstellaire. Cela n'est pas spécialement en phase avec ce que nous disait l'artiste il y a un peu plus d'un an, quand il annonçait ne pas vouloir lever le pied sur les collaborations. Mais le garçon n'en est pas à une approximation près, il est imprévisible comme un pataphysicien. Voyez plutôt : dans cette même interview, en novembre 2006, il annonçait cet album à venir comme "résolument hip-hop". Or non.

"Marvelous Dump" n'est pas résolument hip-hop – il l'est moins que son prédécesseur – mais il tourne encore pas mal autour de ça. Les synthés semblent toujours courir après une fausse ligne de basse saturée, comme sur 'Joakim In A Tree'. Avant d'être Debmaster, l'élève Deblois a été batteur dans un groupe et lui est resté ce que l'on pourrait appeler le "complexe du moulin", à savoir une effervescence rythmée, des sons qui semblent rebondir les uns sur les autres. Deux exemples. En un, le presque doux 'F.T.P' (dont on peut se demander s'il désigne les Francs-Tireurs Partisans ou le File Transfer Protocol, sans nul doute l'un et l'autre), construit comme une tresse de nappes aiguës et de sobre martèlement. En deux, le bien nommé 'T'Inquiète', qui évoque la complainte énergique d'un androïde s'écrasant la tête sur un mur d'enceintes.

Un disque difficile à classer, en somme ; à mettre cependant du côté des bons.

Billyjack
Mars 2008
Par années... Par catégories... | Par ordre alphabétique... | Chroniques récentes... |
Label: Hip Notik Records
Production: Debmaster
Année: Juin 2008

01. Let's Go John
02. Suicide City (feat. The Mole)
03. G.S Warriors
04. Beat Delight
05. F.T.P
06. Superman
07. Iron Flowers
08. Pimp Time
09. BasStaR
10. Crash Your Sport Car
11. T'Inquiète
12. Hell Spring
13. Bedmaster
14. Cold Crush (feat. Existereo, Innaspace & Phever)
15. Joakim In A Tree

Best Cuts: 'Let's Go John', 'Superman', 'Joakim In A Tree'

Si vous avez aimé...

Dernières chroniques

Recherche

Vous recherchez quelque chose en particulier ?

Copyright © 2000-2008 Hiphopcore.net