Count Bass D est là depuis longtemps et pourtant sa renommée a rarement dépassé le cadre très fermé des adeptes de musique progressive. Dès son plus jeune âge, Count s'est passioné pour la musique. A 4 ans, il apprend la batterie puis vient le piano, l'orgue, la basse et… le sampler ! Car grandir au cœur du golden age crée des passions difficiles à éteindre. Mêlant sa maitrise des instruments à des influences très hip-hop, sa démo parvient à attirer l'oreille de Sony et en 1995 son premier album "Pre-Life Crisis" arrive dans les bacs alors que Count n'a que 19 ans. Se basant fortement sur des sons live, le Lp est trop en avance sur son époque pour parvenir à renflouer les caisses du label qui se sépare rapidement de son artiste. En 1997, Count ressurgit avec un "Art For Sale" si progressif qu'il se retrouve dans les bacs de musique alternative… Suivent quelques maxis indépendants de facture plus classique et aujourd'hui la grosse claque avec un "Dwight Spitz" sublime qui montre toute l'étendue du talent d'un Count Bass D aussi à l'aise au micro qu'à la SP. On ne pouvait donc s'empêcher d'en savoir un peu plus…
HHC : Peux-tu te présenter pour tous les auditeurs français qui ne te connaissent que depuis "Dwight Spitz" ?
Count Bass D : Je suis un artiste qui a fait des disques d'influence Hip-Hop depuis 1995. J'ai déjà joué en France à 2 reprises, mais seulement à Paris. Une fois, c'était au Hot Brass avec Branford Marsalis (ndlr : saxophoniste jazz à l'origine du projet "Buckshot Lefonque") et sinon c'était dans un club appelé le Chesterfield Café où j'ai fait des concerts pendant 2 semaines. Ces spectacles constituent le meilleur moment de toute ma carrière musicale. Je suis impatient de revenir jouer en France.
HHC : Que s'est-il exactement passé entre "Art For Sale" et la sortie de "Dwight Spitz" ?
C : Le label pour qui j'enregistrais à fermer ses portes et j'ai dû me débrouiller pour pouvoir sortir mes disques tous seuls. C'est ainsi que j'ai sorti quelques maxis avant le nouvel album.
HHC : Quelle sensation ça te fait de revenir à une approche classique de rap à base de samples après avoir utilisé des instruments pendant la majorité de ta carrière ? Qu'est-ce qui t'as inspiré à te diriger dans cette voie ?
C : C'était juste ce que je ressentais dans mes tripes. Je ne peux pas contrôler ce que je ressens. Ce n'était pas une décision réfléchie ou programmée… Ca ne marche pas comme ça quand je fais mon art. Quoi qu'il advienne, je suis mon instinct à 100%.
HHC : Quelle est ta science de la production ? Où trouves-tu l'idée de coller des sons si différents dans tes compositions ? Sur "Dwight Spitz", ta musique est tellement libre qu'on a l'impression qu'elle n'était pas originalement destinée à sortir sur disque; comme si tu avais tenté de tester tes limites, de pousser la créativité à son paroxysme. Est-ce que je me trompe ?
C : Non, pas du tout. Tu sais, avec mon premier album, j'ai compris que si je me faisais plaisir il y aurait plein de personnes qui prendraient aussi du plaisir à écouter ma musique parce que je suis très exigeant au niveau de la qualité. J'ai des standards très élevés. De plus, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de monde dans le hip-hop qui ait autant de culture musicale que moi. Donc si je fais ce qui me vient naturellement, je me fais plaisir tout en évitant de sonner comme les autres rappers.
HHC : Comment est la vie à Nashville ?
C : La vie à Nashville touche à sa fin. Je suis sur le point de déménager à Atlanta le 1er Octobre. J'en ai marre de l'ambiance qui règne à Nashville. J'ai besoin de changement. Toutes les rumeurs sur Nashville sont vraies.
HHC : Quelle est exactement ta connexion avec MF Doom et MF Grimm ?
C : Je ne travaillerai jamais avec quelqu'un que je n'admire pas. MF Doom et moi devenons un peu plus proches chaque jour. On a développés un vrai lien basé sur le respect et l'amitié. En ce qui concerne MF Grimm, je ne l'ai jamais rencontré mais je lui écrit souvent (ndlr : Grimm est en prison). On est en train de bâtir une superbe relation. C'est lui qui m'a contacté il y a 2 ans par le biais de son partenaire DJ Fisher.
HHC : Quels sont tes projets à l'heure actuelle ? Des collaborations en vue ?
C : J'ai trois gros projets en route. Tout d'abord, mon déménagement à Atlanta. Ensuite, il y a la réédition de "Dwight Spitz" sur Metal Face / High Times Records le 26 Novembre. L'album sera un peu différent de l'édition originale et, si vous avez un original, gardez-le précieusement. Ne laissez personne l'emprunter. Il y en a seulement 1000 exemplaires et il y a 3 chansons de la version Day By Day qui ne seront pas sur la nouvelle version. Mais, en contrepartie, il y aura des petits bonus sur la ressortie par rapport à l'original. Je suis aussi en train de travailler sur un projet instrumental. J'ai déjà fait à peu près 6 morceaux. Il y a aussi une mixtape que je distribue en ce moment uniquement sur demande e-mail à countbassd@countbassd.com. Elle s'appelle "Some Music" et je me suis vraiment fait plaisir. Sinon, j'ai la boite à rythmes de MF Doom en ce moment comme je suis en train de faire des sons pour le nouvel album de KMD. C'est vraiment super et j'adore ce qui sort des enceintes. Rien que d'avoir l'opportunité d'aider à remplir le rôle de Subroc (ndlr : membre de KMD mort en 94 d'un accident de la route) c'est un immense honneur.
HHC : Bon, merci. On attend avec impatience tes prochains projets.
C : Je remercie tous les français pour l'intérêt qu'ils me portent. J'ai tellement envie de revenir en France. Tu ne peux pas savoir à quelle point j'en crève d'envie.
HHC : Pour finir, je voulais juste te dire que "Dwight Spitz" est vraiment dans mon top 5 de cette année 2002. Bravo. C'est un superbe Lp !
C : Merci. Je crois que j'étais vraiment en phase avec l'air du temps cette fois. Ce n'est que le début. Je crois que je commence juste à atteindre mon potentiel.
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