DJ Suspect

DJ Suspect est un homme pressé, entre son mix "The Full Circle", une tournée pour le présenter et la sortie du maxi "The Incredible Funk League" qui invite entre autre Sadat X et Large Pro, la rentrée s'annonce chargée. Hip-Hop Core a choisi ce moment précis pour s'entretenir avec ce DJ hyperactif qui ne cesse de faire parler de lui.



Hip-Hop Core : Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?



DJ Suspect : Soulbrother Suspect, passionné de musique, diggeur compulsif et DJ.



HHC : Comment es-tu arrivé au deejaying ? T'es tu essayé à d'autres disciplines ?



S : J'écoute du rap depuis tout jeune, j'ai toujours baigné dans la culture hip-hop. Au collège, j'achetais des mixtapes, et le scratch m'a interpellé, j'ai voulu en savoir plus, et me suis penché sur l'art du deejaying. J'ai du comme beaucoup faire de nombreuses concessions pour acquérir mon matériel, et j'ai alors choisi de me consacrer entièrement au mix, je ne voulais pas me disperser, je sentais que c'était vraiment ça que je voulais faire.



HHC : Tu parles de scratch, l'aspect technique du deejaying est une chose qui t'attire ?



S : J'aime la technique au service de la musicalité. En soirée, je fais des scratchs et du pass-pass, principalement pour faire durer les breaks que je kiffe et que j'ai trouvé en double. Après, je suis moins réceptif aux championnats actuels, où je trouve que la majeure partie des concurrents ne sont pas des DJ's mais des geeks qui s'écoutent scratcher, et qui dans l'ensemble manquent de groove.



HHC : Quels ont été les DJ's qui t'ont influencé ?



S : La liste est longue, mais mon influence majeure reste Cut Chemist.



HHC : Ton actualité c'est la sortie de ton mix "The Full Circle", peux tu nous le présenter ?



S : Un voyage musical large, vivant et qualitatif de 72 minutes avec en dénominateur commun des breaks de qualité.



HHC : Quel rôle joue la marque Rumble ?



S : Rumble me sponsorise depuis maintenant plus de deux ans via les soirées Soulbrothers Party Breaks, avec mes acolytes Cléon et Afrobrazilero. Le boss de Rumble m'a proposé de sortir un cd mixé. Il a tout financé, et j'ai eu carte blanche à 100% sur l'aspect artistique, que ce soit au niveau musical mais aussi au niveau de la pochette. Je ne les remercierai jamais assez.



HHC : Comment as-tu travaillé tant la sélection et les mixs ?



S : C'est la sélection qui m'a pris le plus de temps, au premier écrémage j'avais encore plus de 400 vinyles sur les bras. Tout s'est fait par étape, puis après c'est comme un grand puzzle, tu essayes d'assembler un morceau avec un autre et tu vois ce qui sonne le mieux. D'une manière générale, je connais plutôt bien mes disques, donc ça n'a pas été très problématique.



HHC : Sur ces 400 vinyles combien en restent ils à l'arrivée ? Peux-tu nous parler des artistes présents ?



S : Il y a 32 plages, mais en fait plus de disques ont été nécessaires à la réalisation de ce mix, je n'ai pas le nombre exact en tête. La plupart des artistes sont des Anglais, ce sont eux qui arrivent à mieux faire le pont entre des influences soul/funk et des sonorités plus actuelles, voire futuristes.





HHC : Le travail en amont semble important, quelles sont tes techniques pour digger ?



S : Pas de technique particulière, je prends juste mon temps, je rentre jamais dans une boutique de disques si je suis dans le speed, car je sais qu'il me faut des heures. Je regarde partout, je ne néglige aucun bac, car la pépite peut se trouver même dans les endroits les plus improbables.



HHC : Sans nous dévoiler forcément toutes tes sources, où trouves-tu ton bonheur en ce qui concerne le crate diggin' ?



S : Je n'ai pas de lieux de prédilections majeurs. Les vides greniers ne sont pas à négliger car les gens ne savent pas toujours ce qu'ils vendent, et ca permet parfois de faire d'excellentes affaires.



HHC : La plus belle pièce que tu ais trouvé dans un de ces vides greniers ?



S : Je ne sais plus... J'aime tout mes disques.



HHC : Donc pas de magasins ou de sites à conseiller à nos lecteurs ?



S : Je dig jamais via le net, mais je suis certain qu'en recherchant par thème (label, artistes) il y a certainement moyen de trouver des disques intéressants. Sur Paris, mon disquaire préféré reste Betino.



HHC : En parlant de disques, tu es proche de Deenasty, comment s'est faite la rencontre ?



S : Je l'ai remplacé en 2006 sur sa tournée avec Anga Diaz (R.I.P.), c'est de cette manière que nous sommes rentrés en contact. On a tout de suite eu beaucoup de feeling. Aujourd'hui, je peux dire que nous sommes réellement amis, et que notre entente dépasse largement le cadre musical ! On joue pas mal ensemble, à Paris et en Province, et il m'a convié sur son dernier album "System Dee", ce qui est un réel honneur pour moi.



HHC : Je suppose que sa collection doit être affolante, tu peux nous en parler ?



S : Affolante, c'est exactement le mot ! Je l'ai vu de mes propres yeux, et c'est juste fou.



HHC : Revenons sur ta collection, tu sais combien tu as de disques ? Les styles ? Comment les ranges-tu ?



S : Je suis bordélique à souhait ! C'est une catastrophe, mais je me soigne ! Je ne compte pas mes disques, surtout que le nombre n'a pas grande signification pour moi. Je préfère avoir 50 tueries que 50000 daubes. Au niveau des styles, c'est extrêmement varié, à mon image : soul, funk, hip-hop, latin, jazz, breakbeat, disco, house, musique classique, B.O., sound library, plein de choses.



HHC : Y a-t-il un disque que tu recherches en particulier, ton Graal à toi ?



S : Non.



S : Tu achètes aussi des nouveautés ?



S : Plein ! La plupart des morceaux qui figurent sur mon cd sont des brand news. Je reste toujours au contact de ce qui se fait, les Anglais proposent encore du son très intéressant.





HHC : Ton dernier coup de cœur ?



S : Le EP de Cléon sur Favorite Records.



HHC : Tu es aussi membre de la Zulu Nation, qu'est-ce que cela veut dire en 2009 d'être Zulu ?



S : Pour moi, avoir un esprit positif, festif, pacifique et surtout le transmettre, chose primordiale à mes yeux. La musique, ca se partage !



HHC : Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui jugent ce mouvement naïf et dépassé ?



S : Rien ! C'est comme ceux qui te disent qu'il faut vivre avec son temps, je trouve que c'est la plus belle connerie du monde. Je trouve encore heureux que certaines personnes aient une capacité à ne pas accepter et se satisfaire de tout ce qu'on leur propose, et ne pas envisager la vie de façon résignée. Il faut se battre pour ses convictions, quitte à ne pas faire l'unanimité.



HHC : On te compare souvent à des mecs comme DJ Format, Cut Chemist ou DJ Shadow, tu penses que c'est une comparaison qui a lieu d'être ?



S : Déjà ça me flatte beaucoup, car ce sont mes modèles, après je pense qu'il faut savoir rester à sa place, je suis vraiment tout petit par rapport à eux. En tout cas c'est sûr qu'on a des vibes similaires.



HHC : Tu tournes pas mal en ce moment, quel est ton plus beau souvenir de soirée ?



S : A coup sur, ma soirée avec DJ Format en Mai 2008. Première rencontre avec lui, superbe tant au niveau musical qu'humain. Depuis nous sommes restés en très bon terme, on se donne des nouvelles régulièrement.



HHC : Je me souviens d'une interview où tu disais en avoir un peu marre des DJ's qui passaient du 'Ante Up' ou du 'Simon Says', tu ne penses pas que le public attend aussi ces sons ?



S : Je ne suis pas pour le nivellement vers le bas. Je ne jouerai jamais un son pour faire consensus. Le DJ se doit à mon sens d'apporter sa patte, sa touche personnelle, c'est le minimum. La prise de risque est primordiale, c'est la clef d'une soirée réussie.



HHC : Tu penses que ces disques tirent vers le bas ?



S : Je pense en tout cas qu'il y en a des tas de plus intéressants à faire découvrir aux gens. La curiosité n'est pas toujours un vilain défaut.



HHC : En soirée tu joues sur quel support ?



S : 100% vinyle, car j'aime ce support, et je ferais tout pour le défendre autant que possible.





HHC : Peux-tu nous parler du maxi "The Incredible Funk League" qui sort incessamment ?



S : C'est la réunion de Jackson Jazz et de moi-même ! On débarque en force le 30 septembre, avec notre premier maxi vinyle sur Favorite Records. On y retrouvera des guests prestigieux comme Sadat X des Brand Nubian, Large Professor, mais aussi Cléon, Patchworks, Trevor & Lisa... Ca devrait mettre une claque à pas mal de monde.



HHC : Comment s'est faite la connexion avec des mecs comme Large Pro et Sadat X ?



S : J'avais joué avec Large Pro pour la fête de la musique en 2008, super échange. On l'a recontacté et tout s'est bien passé, d'autant qu'on a une connaissance commune (ndlr : Cris Prolific). Pour Sadat X, on l'a checké lors de son concert à Paris avec Diamond D. Comme on a vu qu'il avait encore le level, on lui a proposé de ce joindre à nous, et quand il a écouté les sons ca l'a chauffé direct.



HHC : Tu te retrouves dans cette scène de producteurs français, tels que les Jazz Liberatorz ou encore Dela ?



S : Dela et les Jazz Liberatorz sont d'excellents producteurs. Je respecte énormément leur travail, je trouve qu'ils ont beaucoup de talent.



HHC : Mais tu ne penses pas faire partie de cette scène, si cette scène existe ?



S : Je ne pense pas. Notre son avec The Incredible Funk League ne s'inscrit pas dans cette veine : il est beaucoup plus péchu dans les BPM et festif. Nous ne sommes clairement pas dans le même créneau, même s'il est clair que nous avons de nombreuses influences communes.



HHC : A ton avis qu'est-ce qui motive ces américains à venir poser sur de tels projets ?



S : Pour The Funk League, ma seule certitude est que ce n'est pas l'argent qui les a motivé ! (rires)



HHC : Vous les avez payés combien ?



S : Beaucoup moins que ce qu'ils méritent au vu de la qualité de leur travail.



HHC : Tu disais en début d'interview avoir acheté beaucoup de cassettes mixées, si tu devais faire un top 5 de celles que tu préfères ?



S : Impossible de faire un classement. Je me rappelle d'une mixtape de DJ Krooger (un Rennais) qui m'avait motivé pour me mettre aux platines.



HHC : Un message à passer pour conclure ?



S : Knowledge is King... Peace.



Interview de Bachir
Septembre 2009

Pour connaître les dates de sa tournée et ses prochaines sorties, n'hésitez pas à consulter sa page myspace.

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