Radioinactive

Alors que "Free Kamal", le très attendu successeur des excellents "Fo'Tractor" et "Pyramidi", débarque dans les bacs ces jours-ci, Radioinactive vient conclure en beauté le coup de projecteur que nous avons voulu porter sur les travaux des 2 têtes d'affiche de The Weather. Plus discret que son compère Busdriver, moins explosif, Radioinactive est pourtant loin de rester dans son ombre. Sa discographie sans tâche et ses prestations mémorables parlent pour lui. Emcee à part entière, artiste passionnant qui a trouvé en la personne d'Anti-MC un concepteur sonore à sa hauteur, Radio multiplie les aventures inattendues et brouille les pistes en annonçant une multitude de projets. Ouvert, humble, chaleureux, blagueur à l'occasion, ce Shapeshifter hors du commun s'est livré à nous et a accepté de revenir en détail sur sa carrière, ses projets, son enfance et ses amis… non sans nous dévoiler au passage quelques anecdotes croustillantes. On ne pouvait rêver meilleure conclusion. Enjoy. English version



Hip-Hop Core: Ton premier album "Fo'Tractor" a été réédité l'an passé. Qu'est-ce qui t'a poussé à enfin permettre à cet album de rencontrer son public? Peux-tu nous parler un peu de la genèse de "Fo' Tractor" d'ailleurs?



Radioinactive: "Fo' Tractor" est composé de plein de chansons qui n'avaient pas du tout été faites dans l'optique d'une sortie "commerciale". C'était juste des chansons enregistrées sur 4 pistes. Certaines étaient des freestyles plus ou moins partiels que j'avais écrits à l'arrache dans le studio sur le 4 pistes. Aujourd'hui, plus personne n'a d'enregistreur 4 pistes. Tout le monde a du matos de super bonne qualité. N'importe quel emcee qui enregistre son premier titre a une parfaite qualité sonore parce qu'il utilise Pro-Tools, etc. Quelques années en arrière, dans le meilleur des cas, tu connaissais 1 ou 2 gars qui avaient un 4-pistes. Et tu ne pouvais pas enregistrer ton couplet plus de 2 fois parce qu'après le son de la bande commençait à se dégrader et tu commençais à pouvoir entendre tes prises précédentes. Donc au départ j'ai sorti "Fo'Tractor" sous la forme d'une cassette et j'ai dû en vendre 200 ou 300 exemplaires vers 1998 ou 1999, je crois. Avec cette re-sortie, l'an passé, je voulais juste essayer d'améliorer un peu la qualité sonore de l'album, de le polir un peu, autant que possible du moins. Je pense que c'est bien que les gens puissent quand même entendre un peu du son crade, lo-fi et de mauvaise qualité qui était tout ce qu'on pouvait obtenir à l'époque. C'est une partie de mon histoire et de mon parcours.



HHC: Tu travailles depuis pas mal de temps avec Anti-MC et le moins qu'on puisse dire c'est que votre association s'est avérée très fructueuse. Vous avez réussi à créer un son très original et distinctif tous les 2. Qu'est-ce qui rend votre collaboration si spéciale?



R: Je connais Anti-MC depuis longtemps et il s'est vraiment épanoui en tant que producteur si tu compares ce qu'il faisait au départ et ce que tu peux entendre sur "Free Kamal" (qui est le nouvel album que Mush sort en Juin). C'est stupéfiant. C'est vraiment un musicien maintenant, il joue plein d'instruments différents, etc. Auparavant, c'était caché derrière un certain côté hip-hop brut mais je pense qu'il est vraiment en train de développer son propre son. Sur "Free Kamal", il a fait tous les beats. On part dans plein de directions mais l'album garde une belle cohérence sonore. On a passé 3 ans sur cet album donc autant dire qu'on pris le temps de le perfectionner.



HHC: Lorsqu'on écoute vos collaborations passées, on se dit que vous devez tous les 2 avoir un goût affirmé pour les musiques orientales. D'où ça vous vient?



R: C'est en partie ma façon d'apporter mon soutien au terrorisme à travers le monde… Non, en fait, ma mère vient du Moyen-Orient donc j'ai toujours eu cette influence en moi et, de plus, mon père m'a toujours fait écouter plein de musiques différentes. J'essaie de m'inspirer des musiques du monde entier. De son côté, Anti-MC a une très bonne connaissance de quasiment tous les genres de musique. Il n'écoute probablement pas super souvent de la musique orientale lorsqu'il est tout seul mais c'est un collectionneur de disques et il est rusé. Il aime étudier la musique et il en apprécie le mérite de la musique orientale. Donc il a bien voulu travailler sur ce genre de musique avec moi parce que c'est quelque chose que j'aime.





HHC: Comment vous êtes-vous rencontré au fait?



R: Si je me rappelle bien, c'était en 1993. J'étais dans un groupe appelé les Universouls à l'époque, qui est devenu Log Cabin par la suite avec beaucoup des membres des Living Legends et Elusive et d'autres personnes. Anti-MC s'appelait Neosapien à cette époque et en fait c'était un emcee. Il avait fait quelques chansons avec Murs puis il a lâché l'affaire et s'est concentré sur la production.



HHC: Tu fais toi aussi des prods en plus d'être un emcee. Alors pourquoi est-ce que tu n'aimes pas rapper sur tes propres productions?



R: C'est juste qu'on est constamment présenté à des gars comme ce Para One qui fait de la production pour TTC… Tu vois, je fais des instrus tout le temps mais c'est plus un passe-temps. C'est vraiment bien de rencontrer un gars qui met autant d'énergie dans sa musique que j'en mets dans l'écriture de mes rimes. Peut-être que j'utiliserai mes productions pour un petit truc comme un EP ou une autoproduction, mais il y a tellement de gens bien avec qui travailler…



HHC: Est-ce que tu peux nous parler un peu de "Free Kamal"? A quoi doit-on s'attendre? J'ai cru comprendre, en lisant d'anciennes interviews de toi, qu'il allait avoir un côté un peu plus reggae que tes précédents albums…



R: Reggae? Euh… Je pense surtout que c'est un disque plus funky et plus raffiné. Ce n'est pas propre mais le son a été poli. Attendez-vous à moins de remplissage et d'interludes. L'album fait 12 titres et les chansons touchent à plein de musiques funky différentes d'un peu tous les genres, de l'électro-clash à la musique nigériane en passant par le dub… Le tempo du disque est… Je ne dirai pas rapide mais disons que tout le disque est en mouvement. Il n'y a pas de chanson super lentes à la DJ Screw. Je pense que c'est un disque mature. On s'est vraiment débarrasser des chansons inutiles pour se concentrer sur un projet cohérent.



HHC: Je crois savoir que "Free Kamal" est prêt depuis plus d'un an. Pourquoi ne sort-il que maintenant?



R: Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on a vraiment passé ce disque, plus que tous les autres disques que j'ai fait, au peigne fin. Même une fois qu'on pensait que les titres étaient suffisamment bons et qu'on avait fini, on a isolé chaque morceau et on l'a examiné. Et si on trouvait qu'il y avait un quelconque problème ou quelque chose qu'on aimait pas, on refaisait tout. En fait, j'ai enregistré tout le disque sur des instrumentaux qui n'étaient pas totalement finis de sorte que Anti-MC continuait constamment d'ajouter des choses différentes. Plusieurs musiciens ont joué par-dessus les morceaux si bien que le son des titres est devenu plus ample. Après que j'ai posé mes textes (qui servaient un peu de guide), Anti-MC a ajouté pas mal d'éléments et, quand j'ai entendu le résultat final, ça m'a vraiment épaté. Je me suis dit: "Il faut que je repose mes rimes parce qu'il y a tellement plus de choses avec lesquelles jouer avec mon flow maintenant…"





HHC: Donc tu as réenregistré certains de tes couplets…



R: Ouais! Plein. Ca a vraiment représenté beaucoup de travail.



HHC: Le titre de l'album est assez énigmatique. Quelle en est l'histoire?



R: Et bien, en 1999, à peu près à l'époque où l'album de Fat Jack "Cater To The DJ" est sorti, j'ai été à la release party et je me suis retrouvé en tôle. J'avais trop bu. Je dormais dans ma voiture et le shérif a frappé à la portière. Les flics ont ouvert la portière et j'ai vomi sur un policier… Donc, je me suis retrouvé en prison avec Murs. Il était en train de pisser dans une allée, ils l'ont gaulé et ils l'ont emmené au poste. On s'est donc retrouvé en garde à vue au poste d'Inglewood ensemble avant d'être transféré à la prison d'Inglewood. A l'époque, on ne s'entendait pas très bien tous les 2. Il y avait de sales histoires sur internet. Mais ça faisait du bien de me retrouver avec quelqu'un que je connaissais. On avait déjà vécu pas mal de trucs ensemble. Toujours est-il que, quand je suis sorti de prison le lendemain, en retournant au travail, ils avaient mis des pancartes partout où ils avaient marqué "Free Kamal" (ndlr: "Libérez Kamal") avec des barreaux par-dessus mon nom. Ils avaient fait ça sur Photoshop ou un truc du genre. Je suis donc parti de cette idée et j'ai commencé à faire un documentaire audio parodique. A tous mes concerts, je demandais aux gens: "Qu'est-ce que vous pensez de Kamal?", et je leur faisais improviser des trucs du style: "Cassius Clay s'est battu contre Kamal au Pakistan et il s'est pris une telle raclée qu'il a décidé de devenir Musulman". Au départ, mon idée, c'était d'avoir un CD bonus qui aurait contenu tous ces petites discussions et interludes en plus de l'album. Mais, au fil du temps, je me suis dit que c'était un peu trop complaisant. Il y a beaucoup de choses derrière l'idée de "Free Kamal". Au bout du compte, j'ai préféré le prendre dans le sens "Etre libre, prendre du plaisir dans ce que tu fais et apprécier la vie" que dans le sens "Libérez Kamal parce qu'il est incarcéré". Je pense quand même qu'on mettra les interludes en téléchargement libre sur le site web, en guise de cadeau. A part ça, l'album est composé de chansons que je peux écouter pour me rappeler d'être plus positif dans ma vie de tous les jours. Il a un côté seventies… C'est un peu comme un "protest record". Il contient des messages qui sont plus concis que sur mes disques précédents. Bien entendu, il y a toujours des titres où mes pensées vagabondent un peu partout mais il y a aussi ce petit truc positif qui se passe dans le disque.



HHC: Je voudrais éclaircir un point. Qui est le gosse qu'on voit sur toutes les pochettes de tes albums dans des accoutrements pour le moins surprenants?



R: C'est moi. Ces photos proviennent de mon enfance. J'avais des parents extraordinaires…

Busdriver: Il habitait sur la lune! (rires)

R: Oui, bien entendu… Ma mère faisait des vêtements pour des stars du rock comme Jimi Hendrix et Janis Joplin pendant les années 60 donc j'ai grandi avec des parents un peu fous. Ma mère me faisait des costumes. Elle n'imaginait même pas que je puisse devenir normal un jour. Quand j'avais 4 ou 5 ans, elle ne pensait même pas pouvoir m'envoyer à l'école parce que je portais vraiment plein de costumes, etc. Du coup, il me reste encore assez de photos pour des tas d'albums. Sur la couverture de "Free Kamal", ce sera aussi une photo de moi. On avait l'embarras du choix. Ca allait d'une photo où j'étais en sous-vêtements et où je portais un masque bizarre à une photo où je sautais d'un arbre en faisant du kung-fu… Au final, c'est une photo où je joue de la batterie. Mon père était un batteur et il m'avait offert une batterie quand j'avais 5 ou 6 ans.





HHC: Tes précédents albums se distinguent par un son vraiment lo-fi voire boueux (qui joue un rôle important dans leur charme). D'après ce que tu dis, "Free Kamal" va avoir un son plus "poli". Pourquoi avoir choisi de te départir des sonorités lo-fi?



R: C'est marrant parce qu'en fait, pour "Pyramidi", tout provient du fait que Xololanxinxo d'OMD nous avait prêté ce micro russe qu'on ne savait pas utiliser. Le mode d'emploi était en russe donc on ne pouvait pas lire les instructions… Si bien qu'on a enregistré l'intégralité de "Pyramidi" avec le microphone à l'envers. Le diaphragme du micro était dans le mauvais sens. Le son de l'album est donc uniquement le fruit de cet incident. D'autre part, on vient de l'époque de l'enregistrement sur 4-pistes. Quand la durée de sampling était limitée, tu devais sampler toutes tes boucles en mono pour avoir plus de temps disponibles sur ton ASR-10 ou ta SP-12. Il faut bien voir le truc. Tu prends toutes ces boucles d'orchestre philharmonique avec plein d'instruments et tu samples ça en mono. Tu prends les percussions et tout et tout et tu écrabouilles tout ça dans seulement 2 pistes… Tu compresses vraiment beaucoup. Tu perds plein de fréquences. Alors que, pour "Free Kamal", on a tout enregistré séparément, sur des pistes séparées, et on a mixé le truc comme tu es supposé mixer un album. L'anecdote, c'est que, alors qu'on avait quasiment enregistré tout l'album, on a réalisé que c'était tellement enraciné en nous, que Anti-MC avait tellement pris l'habitude de chercher à économiser du temps, qu'il avait tout samplé en mono. Il a donc du revenir en arrière et tout re-sampler en stéréo. Quand on a entendu le résultat, on a fait "Wow!". Les samples qu'on a utilisé, les instruments live aussi… On était là à écouter les titres et à dire: "Je ne savais même pas qu'il y avait ça à cet endroit!" Il y avait toutes ces choses qu'on avait perdu en samplant en mono. Donc, oui, tout l'album est en stéréo.



HHC: Tu es (ou as été) affilié avec la Westcoast Workforce et les Shapeshifters. Comment es-tu devenu membre de ces collectifs et quelle est exactement l'état des lieux actuel?



R: The Workforce était un crew intéressant. D'une certaine façon, ça a disparu aussi vite que c'est apparu. Même si je pense que ça existe toujours quelque part, dans une dimension parallèle. C'était une époque où je passais beaucoup de temps avec Xololanxinxo et Subtitle et où on s'était retrouvés à faire plein de titres sur 4-pistes. On aimerait vraiment refaire un projet ensemble mais tout le monde va bien et est occupé de son côté donc je ne sais pas quand on en aura l'occasion… Pour les Shapeshifters, j'ai fait des trucs avec Circus depuis, genre, 1994 et j'aime vraiment beaucoup des vieux trucs qu'on a fait ensemble. C'était des morceaux ridiculement longs…



HHC: Comme les titres qu'on retrouve sur "Know Future" par exemple…



R: Ouais, exactement, beaucoup de ces trucs. Les Shape Shifters ont subi un grand nombre de métamorphoses depuis. Beaucoup de gens différents ont été dans les Shape Shifters. C'est vraiment un groupe cool maintenant et c'est un peu difficile de faire aboutir les projets parce qu'il y a vraiment beaucoup de monde dans le groupe. Il y a plus de Shapeshifters que de gens à St Etienne! Mais bon, tu as Awol One qui sort un nouvel album sur Palladin et Circus qui sort son projet avec Andre Afram Asmar sur Mush. Tu as aussi Existereo qui gagne des concours! (rires) Il y a beaucoup de potentiel. On est venu en France cette année et on a fait quelques concerts. Avec les Shapes, c'est plus orienté boom-bap que les autres trucs que je fais et j'aime vraiment bien faire un peu de tout, parce qu'il n'y a pas de raison de s'enfermer dans tel ou tel style. C'est une combinaison de styles intéressantes donc je suis toujours dans les Shapeshifters…



HHC: Tu seras donc présent sur "Shapeshifters Were Here" et "Soul Lows 2"…



R: Oui. Il se peut que je ne sois pas sur la photo de la pochette du disque parce qu'en général ils m'appellent pour me prévenir environ dix minutes avant de prendre la photo…. Mais je serai sur l'album. Pas forcément sur tous les posse cuts mais sur nombre d'entre eux… Mais, que ceci soit dit, je suis le dernier Shapeshifter à être mis au courant de quoi que ce soit. Je serai le dernier à apprendre qu'on a signé sur Sony! (rires)





HHC: Il paraît que tu comptes sortir un projet avec un groupe de jazz dans les mois qui viennent. Qu'en est-il exactement?



B: Wow… (surpris). Comment tu sais tous ces trucs?! (rires)

R: Il y a un groupe appelé les Free Formers, un groupe de jazz, et il y a ce groupe appelé Jump For Joey; c'est un mec qui fait du swing et qui aime vraiment les trucs de The Weather. Il m'a proposé un peu de temps en studio pour enregistrer des morceaux avec les Free Formers. C'est avec un mec qui s'appelle Todd Simon et qui jouait de la trompette sur le premier disque. Il n'y a pas encore de label, il n'y a rien… C'est stupéfiant que tu aies entendu parler de ça. C'est un des ces projets potentiels que je garde sous le bras. En gros, c'est un groupe de dub composé de musiciens jazz. C'est vraiment cool. Mais c'en est au point mort pour le moment. Sinon, j'ai fait quelques titres avec Andre Afram Asmar et sur son disque "Racetothebottom" il y a ce chanteur, Elias, un chanteur arabe. On a enregistré un 7" qui doit sortir sur Beep Ahh Fresh en France. Mais comme le magasin vient juste de fermer, ça va peut-être mettre un petit peu de temps avant de sortir… Andre et moi avons ce projet dont nous sommes en train de définir les contours. Ce 7" en est la première étape. C'est un peu électro, un truc plein de percussions aux sonorités orientales avec un oud et du chant… du ragga arabe pour ainsi dire.



HHC: En parlant de ça, tu as souvent fait des concerts avec des groupes live. Qu'est-ce que tu aimes le plus dans ce type de configuration et dans la liberté que ça t'amène?



R: Je n'ai pas besoin de rapper autant que d'habitude! J'en ai marre de ce cliché du rapper dans un groupe où le rapper rappe tout le temps et où le groupe a rarement la possibilité de respirer et de s'exprimer. Quand tu as des musiciens avec toi, le truc bien c'est justement que tu peux utiliser le emcee comme un des instruments et que la musique n'a pas à être entièrement noyée sous un déluge de mots. Ca rend la musique plus accessible et ça lui donne un peu plus de mérite. Tu peux avoir des solos de tout le monde et faire plein de petites choses… Ca a beaucoup de potentiel mais il y a aussi beaucoup de pièges et de clichés dans lesquels les gens tombent trop souvent… Par exemple, le cliché du groupe de jazz avec un emcee qui fait "oh yeah, allez, faites du bruit et tapez dans vos mains, huh"… (rires)



HHC: Ton flow est basé sur une succession d'accélérations et de décélérations impromptues. Comment as-tu développé ce phrasé et cette maîtrise des phases rapides?



R: Le seul parallèle que je puisse établir c'est probablement comme quand tu fais l'amour avec une fille et que tu veux faire en sorte qu'elle ne s'ennuie pas. Tu donnes des petits coups de rein rapides suivies de mouvements plus lents (rires). Tu mordilles ses tétons. En fait, j'ai une approche de ma musique qui se rapproche du mordillage de tétons! Une fois de plus, c'est juste que j'aime jouer avec le rythme, ne pas avoir à m'enfermer dans un truc prédéfini et avoir la possibilité de faire tout ce que je veux. C'est vraiment amusant de jouer avec le rythme. De toute façon, tout ça vient probablement des joyeuses aventures sexuelles que j'ai avec des filles depuis 1980-quelque chose (rires).





HHC: Depuis sa disparition et malgré le peu de choses qui sont arrivés à la surface, Log Cabin est en quelque sorte devenu un groupe légendaire pour tous les gens qui apprécient la west coast underground. Je sais que tu n'es pas forcément en très bons termes avec tous les anciens membres du groupe mais est-ce que tu ne penses pas qu'il serait super pour les fans (et pour vous) que vous sortiez enfin de manière officielle l'album que vous avez enregistré à l'époque?



R: Carrément. En fait, on avait enregistré l'album dans un vrai studio et les bandes DAT doivent traîner quelque part. Il y a beaucoup de chansons faites à l'époque que personne n'a jamais entendu, même pas moi. Ce serait une super idée de sortir cet album mais il y a beaucoup de gens impliqués avec lesquels je ne communique plus vraiment donc… Je crois même qu'on doit encore de l'argent pour certaines des sessions d'enregistrement donc une partie des ventes de l'album devrait aller dans le remboursement des sessions du studio où on l'a enregistré. Je n'ai aucun ressentiment envers personne à vrai dire. C'est juste qu'on est tous parti dans des directions différentes. En fait, c'est assez cool de voir que quasiment tous les mecs de Log Cabin avec qui je travaillais à l'époque font encore dans la musique aujourd'hui… Je pense que ça montre bien notre persévérance. Alors, après, que certains gars pensent qu'ils sont meilleurs maintenant ou qu'ils étaient meilleurs avant ou je ne sais quoi, je pense que ça n'a vraiment rien à voir. C'est quelque chose qui n'est jamais sorti, on était si jeunes quand ce truc est arrivé et pourtant tellement de personnes en ont entendu parler… Donc, oui, je suis totalement pour qu'on le sorte. A un moment, j'ai envisagé de prendre les choses à bras le corps pour que ça avance mais ça nécessiterait une sorte de grande réunion de tout le monde… et je n'ai pas l'énergie pour essayer d'organiser ça tout seul. Il faudra qu'on arrive à trouver un terrain d'entente donc… on verra!



HHC: On était obligé de te parler de 'Farmer's Market of the Beast'. On peut dire que c'est suite à ta prestation sur ce titre du "Beneath The Surface" d'Omid que tu es devenu une figure incontournable de l'underground de LA…



R: C'est moi qui avait eu l'idée de ce titre. J'avais lu "La Ferme des Animaux" de George Orwell où des animaux se rebellent contre leurs maîtres… et les rimes sont venus au fil des freestyles. Au départ, ça devait être un titre avec moi, The All Deadly Jizzm et Awol One. J'avais parlé du concept à Jizzm, je lui avais même rapper mes rimes au téléphone et il en avait écrites quelques-unes. Je suis allé chez Jizzm pour enregistrer le titre sur un 4-pistes et Omid a vraiment aimé l'idée. Il a donc demandé à Xololanxinxo et Circus de participer au morceau. On a fait une version préliminaire chez je ne sais plus qui, en enregistrant nos rimes sur une cassette, et le couplet de Circus était deux fois plus long que celui qu'on retrouve sur "Beneath The Surface"! Il avait ce long rouleau de rimes entre les mains. Au bout du compte, il a utilisé l'autre moitié de son couplet pour un titre des Shapeshifters qu'on a fait ensemble, 'Animals', qui dure 8 minutes et qui est sur "Planet of the Shapes". Donc au départ, le couplet de Circus faisait 15 minutes!



HHC: A ce sujet, est-ce que tu comptes retravailler avec Omid dans un futur proche?



R: Ouais. En fait, on a récemment fait quelques titres ensemble. J'ai un petit stock de titres et il se peut que je sorte un EP d'ailleurs. J'ai un morceau avec Daedelus et TTC, 2 titres avec Omid et 2 titres avec Asmar… Ca se peut que je fasse un EP vinyle avec ça. Mais mon disque "Free Kamal" n'a pas arrêté d'être repoussé donc maintenant il ne sortira qu'en Juin ou Juillet donc…



HHC: En fait, il va sortir le 22 Juin…



R: Ah, tu es plus au courant que moi! (rires) Enfin, toujours est-il que quand tu sors un disque avec Mush tu n'as pas le droit de sortir un autre disque avant 4 mois. Je vais donc devoir attendre pour sortir ce EP. En même temps, ça ne sert à rien de sortir trop de trucs à la fois parce que ça crée des embouteillages.



HHC: Donc, en dehors de ça, quels sont tes autres projets?



R: Je vais sûrement passer une bonne partie de l'année prochaine à tourner pour faire la promotion de "Free Kamal", surtout quand il va sortir. Mais, tu sais, j'ai tellement de projets différents. Ce truc avec Asmar dont je t'ai parlé, ça s'appellera The Shams, qui signifie "Soleil" en Arabe. On est à la recherche d'un label actuellement. Je veux que tous ces petits projets soient prêts. Pour ce projet, il se peut qu'on aille en Afrique du Nord et autour de la Méditerranée pour faire une tournée. Je vais bidouiller un peu la musique électronique avec Asmar. Ce sera un peu comme un projet spécialisé world. Ensuite, pour le fun, je vais faire un projet de remixes. Pour me faire plaisir, je vais remixer quelques titres au hasard, pas du hip-hop. En dehors de ça, il y a aussi le projet de jazz que tu as mentionné. Je parle avec Teki de la possibilité de faire quelque chose sur son label Institubes, comme une sortie vinyle ou un maxi… Peut-être avec certains de ces producteurs français avec qui on a parlé. On a fait des trucs à droite à gauche. Moi, Subtitle et Existereo avons fait une chanson qui sera sur le nouvel album de Para One, je crois. Busdriver a fait quelques titres avec Para One aussi. Para One fait vraiment des trucs différents et incroyables. Je dois dire que TTC m'a vraiment inspiré à m'intéresser à tous les trucs électro. Ils ont leur propre son et c'est cool de voir que des gens se passionnent pour ce qu'ils font. C'est super.



Interview de Cobalt & MelloW
Mai 2004

PS: Merci à Mago & Co et à TTC pour avoir arrangé cette série d'interviews.

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