Après une retraite anticipée pour des raisons religieuses puis un retour au micro réussi avec "Writer's Block [The Movie]", capital D a récemment repris du service pour un "Insomnia" à haute teneur en politique et en rage contenue. Alors qu'un nouvel opus d'All Natural se profile à l'horizon 2005, il était temps de reprendre contact avec ce pionnier de l'indépendance qui reste une des figures emblématiques du rap chicagoan et qui fut, accessoirement, l'un des premiers artistes US à nous avoir accordé une interview. Sans retenue, ce emcee/producteur d'une humilité confondante et d'une intelligence rare revient avec nous sur son actualité, sa foi, son engagement social et sa vision du monde… English version
Hip-Hop Core: Tu as toujours été enclin à faire part de tes idées à ton auditoire mais, sur "Insomnia", tu es passé à un autre niveau en mettant au premier plan de tes préoccupations la politique et les problèmes sociaux. Qu'est-ce qui t'a poussé à faire ça?
capital D: J'ai l'impression que beaucoup de choses empirent rapidement à travers le monde. Quand le pays le plus puissant du monde dit qu'il peut envahir un autre pays juste parce qu'il représente une menace à ses yeux, c'est qu'il est grand temps d'évoquer ces problèmes de façon très claire pour aller à l'encontre de la folie ambiante.
HHC: Comment as-tu fait pour ne pas noyer ta musique dans le message que tu voulais faire passer, sachant que tu voulais mettre beaucoup d'information dans tes textes pour ce nouvel album? Est-ce que ce n'est pas un peu difficile (voire utopique) de vouloir faire de la musique intéressante lorsque tu cherches à mettre le message au premier plan?
D: Je ne pense pas. On essaie de nous faire croire que les choses sont soit marrantes, soit salutaires. Mais la musique, comme l'exercice ou les sports, peut être à la fois marrante et bénéfique. Ceci dit, quand je fais de la musique, je fais en sorte qu'elle fasse bouger les gens tout en les touchant au niveau émotionnel. Même quand j'écris sur des sujets sérieux, j'essaie de toujours bien garder à l'esprit le fait que ma musique doit avoir une âme et un feeling.
HHC: On retrouve souvent dans tes textes l'idée sous-jacente qu'il y a une sorte de conspiration destinée à garder le peuple américain dans un état d'ignorance totale. Sur 'Start The Revolution', tu dis ainsi à propos de l'Amérique: "she ain't fighting poverty, she's fighting the poor & every couple years she'll just declare a new war". Quelle est ton point de vue sur cette conspiration à grande échelle et sur les moyens de la combattre?
D: En fait, je ne pense pas forcément que ce soit une conspiration. A vrai dire, je ne suis pas client des théories conspirationnistes. Je pense au contraire que les choses sont évidentes, parfaitement visibles, et non pas cachées. C'est juste qu'on est trop pris dans nos petits problèmes quotidiens pour prendre du recul et nous rendre compte de la direction dans laquelle le monde bouge. En plus, on ne se pose pas les questions qu'on pose à tous les autres… Nous ne sommes pas aussi exigeants vis-à-vis de nous-mêmes que nous pouvons l'être avec les autres. Si on veut se battre contre cette soi-disante conspiration, je pense qu'on doit prendre du recul et tenter d'avoir une vision un peu plus globale des choses, pour ensuite changer notre propre comportement afin de nous diriger vers ce qu'on pense être la bonne direction.
HHC: Tu es très critique vis-à-vis de ton pays sur "Insomnia"… Ca fait quoi d'être un Américain en 2004?
D: Je me suis toujours un peu senti comme un étranger dans ce pays. Ca doit venir de mon éducation… du fait que j'étais un enfant noir dans un quartier majoritairement blanc, etc. Mais la polarisation de mon pays ces derniers temps prend des proportions assez inquiétantes. La peur et la méfiance ambiantes sont vraiment évidentes. En ce qui concerne mes critiques, je ne pense pas que l'Amérique doive être blâmée pour tout ce qui se passe de mal dans le monde et je suis content de vivre dans ce pays. Mais j'ai la responsabilité d'utiliser mes "libertés" pour exposer un point de vue et une lecture de l'histoire qui ont rarement la chance d'être entendus, parce qu'ils vont à l'encontre de l'image que notre pays a de lui-même.
HHC: A ton avis, comment se fait-il que la majorité des artistes hip-hop actuels semblent se contrefoutre de la politique aujourd'hui (si ce n'est pour le "Fuck Bush" réglementaire)? Qu'est-ce qui a changé depuis l'époque de Public Enemy?
D: On ne faisait pas les choses avec une stratégie ou une arrière-pensée dans les années 90. Il y avait beaucoup de hip-hop politisé mais on était rarement propriétaire de notre art (les majors, les compagnies de marketing, les stations de radio et les magasins de disques tenaient les rênes). Or tu ne peux pas critiquer sans cesse le système et les médias dont tu dépends… Nous aurions dû devenir indépendants plus rapidement. Je pense que la situation actuelle n'est que le fruit de cette erreur.
HHC: Depuis la guerre en Irak et les révélations sur les liens entre Bush et l'Arabie Saoudite, on a cependant constaté quelques réactions un peu plus structurées et intelligentes au sein de la communauté hip-hop (je pense aux titres réalisés par Bigg Jus, Illogic, Mac Lethal, Cadence et quelques autres). Est-ce qu'on peut encore espérer un éveil des consciences plus large qu'à l'heure actuelle?
D: Il y a toujours un espoir. Beaucoup d'acteurs du mouvement hip-hop sont des gens cultivés et engagés. Il faut juste que nous mettions en place des canaux d'expression plus indépendants afin que nous puissions être entendus de façon plus directe et authentique.
HHC: Est-ce que les Noirs ont toujours peur de la révolution ou ont-ils tout simplement oublié ce concept?
D: Je pense que la peur est et a été le premier obstacle au réveil des Noirs américains. On cache notre peur en jouant les gros durs. Cependant, je ne pense pas que beaucoup de gens (qu'ils soient Noirs, blancs ou quoi que ce soit d'autre) aient vraiment pris le temps de réfléchir en profondeur à ce qu'ils attendent de leur vie. Tant qu'on n'aura pas entrepris cette réflexion, ce n'est même pas la peine de parler de révolution. On doit commencer la révolution en façonnant le monde qui nous plairait. Mais avant ça il faut d'abord que nous clarifions tous notre vision des choses.
HHC: Est-ce que tu penses vraiment que "Armagedon is imminent" ?
D: C'est toujours imminent pour chacun de nous, à un niveau personnel. Quand on sera mort et que des questions nous seront posées, si nous n'avons pas les bonnes réponses, on devra le payer cher… en enfer. Donc, à un niveau personnel, notre mort et notre jugement sont toujours imminents.
HHC: Sur "Insomnia", tu dis avoir peur des mots en "-isme". Le matérialisme en particulier. Mais est-ce que tu ne penses pas qu'en fait l'argent (ou la fascination pour l'argent) n'est pas vraiment le problème? C'est plutôt ce qu'on fait de l'argent qui compte, non?
D: Je pense que tu as mal compris mes propos. Je n'ai pas dit que j'avais peur de l'argent. J'ai dit que j'avais peur du matérialisme. Ce sont deux choses différentes. L'argent est juste un outil alors que le matérialisme est un système de valeurs. C'est la quête insatiable d'argent et de possessions. Ca, c'est quelque chose de dangereux.
HHC: Ton style de production a pas mal évolué ces derniers temps. La production de ton album est beaucoup plus rugueuse et les tempos sont plus fiévreux que par le passé. Est-ce une évolution réfléchie ou est-ce que cette nouvelle touche est le fruit de la colère qui t'animait lors de la création de cet album?
D: J'ai toujours fait différents styles de musique. Le premier maxi d'All Natural avait '50 Years' en face A et 'MC Avenger' en face B. De même, mon premier maxi solo avait une face A jazzy 'Que Sera Sera' et une face B uptempo 'U Ain't Ready'. Donc je ne pense pas que ce soit vraiment nouveau. C'est juste que c'est la première fois que je décide de ne sélectionner que des productions agressives et c'est quelque chose que j'ai fait consciemment.
HHC: En même temps, tu as décidé d'inclure quelques titres instrumentaux au fil de l'album. Quel était ton but?
D: Comme je te l'ai dit, je veux pouvoir proposer différents styles de musiques. De plus, les instrumentaux sont un bon moyen d'aménager une pause pour les oreilles de l'auditeur. Je ne voulais pas que l'album soit unidimensionnel. Enfin, c'était important pour moi de terminer l'album sur une note d'espoir avec les titres 'Iman' et 'Transformations' parce que j'ai de l'espoir pour le futur et que la colère n'est qu'une petite partie de ma personnalité.
HHC: Etait-ce une progression naturelle pour toi de produire intégralement ce second album solo (sans l'aide de personne)?
D: En fait, si tu regardes bien les crédits du premier album d'All Natural, j'avais déjà quasiment tout produit, en dehors de 4 titres. Mais c'est vrai que je ne me suis jamais vraiment affiché en tant que producteur. Sur cet album, compte tenu de la mission lyricale particulière que je m'étais fixée, je voulais m'assurer que tous les beats colleraient bien avec le but de cet album. Et puis, c'est plus facile pour moi. Je peux faire un beat, écrire mes rimes et tout enregistrer en une journée sans avoir à sortir de chez moi.
HHC: Justement, quelle est la différence entre un album solo de capital D et un album d'All Natural à tes yeux?
D: Bonne question. Je pense que ça évolue avec le temps. Mes albums solos sont plus personnels. Je n'hésite pas à dire tout ce que je veux dire ou exprimer d'un point de vue personnel parce que je me fous de ce que les autres peuvent en penser. Avec All Natural, je suis attentif aux idées de Tone. Les albums d'All Natural sont une question d'amitié et ils reflètent nos intérêts et nos points de vue communs. Même si c'est moi qui fait le beat et qui rappe, la chanson peut être estampillée All Natural parce qu'une partie de l'instru ou des rimes vient de nous deux et pas uniquement de moi… Mais les albums d'All Natural et mes albums solos continuent de grandir et de changer. Mon prochain album solo sera très différent de "Insomnia".
HHC: Qu'est-ce qui t'a donné envie d'utiliser cette imagerie communiste pour l'aspect visuel de ton dernier album?
D: C'était l'idée de notre concepteur graphique, Taaron Silverstein. Au début, je n'étais pas d'accord mais elle m'a convaincu d'essayer… et quand elle m'a montré les maquettes de la pochette, je me suis dit que l'intensité, le côté sinistré de la photo et le jeu de couleurs correspondaient vraiment bien à l'album.
HHC: Peux-tu nous en dire un peu plus sur l'association Hip-Hop 101 avec qui tu travailles? Quelle est son but?
D: En réalité, le nom de cette organisation est IMAN (Innercity Muslim Action Network). C'est une organisation socioculturelle située dans le sud-ouest de Chicago qui met en place un certain nombre de programmes tels que des formations informatiques, des formations diplômantes, des aides aux personnes incarcérées ou encore un service de consultation médicale gratuite. Ces gens m'avaient contacté pour que je participe au programme Hip-Hop 101 afin de faire quelque chose pour réunir les enfants d'un peu tous les coins de la ville pour leur apprendre l'histoire du hip-hop, l'art de la rime, la poésie, etc. On espère réitérer l'expérience dans le futur, mais c'est difficile compte tenu de mes autres engagements et du temps que ça demande.
HHC: C'est comment d'être musulman dans une Amérique de plus en plus portée vers la Bible?
D: Je me sens super bien. J'ai les idées claires et ça me permet de me concentrer sur ce qui est important. Bien entendu, ça me pousse à parler des injustices à l'encontre des musulmans mais aussi des actes injustes perpétrés par certains musulmans. Mais je suis fier de porter cette responsabilité.
HHC: Qu'est-ce qui t'as poussé à t'impliquer aussi dans une fondation qui apporte une assistance juridique aux personnes démunies?
D: L'une des raisons pour lesquelles j'ai fait une école de droit, c'est parce que je voulais utiliser mon diplôme pour aider les gens. Je veux faire pas mal de choses avec ce diplôme, en particulier mieux comprendre la loi des affaires, mais je veux aussi continuer à aider activement les personnes défavorisées.
HHC: D'ailleurs, quelles leçons retiens-tu de tes récentes études de droit?
D: C'est assez marrant. L'une des choses que j'ai apprise, c'est à quelle point la constitution américaine est ingénieuse. En tant que document, c'est vraiment quelque chose d'intelligent et de bien foutu. Ca m'a ramené au fait qu'en réalité ce sont des êtres humains qui donnent vie à ces documents par lesquels on prétend vivre. Si on ne vit pas en accord avec les idéaux qui ont présidé à la rédaction d'un document alors il devient inanimé (que le document en question soit une constitution, un livre ou les textes d'une chanson).
HHC: Qu'est-ce que ça t'a fait d'avoir enfin pu sortir les albums d'Iomos Marad et Daily Plannet sur All Natural Inc? Ca faisait longtemps que Daily Plannet attendait leur tour…
D: Ca m'a permis de voir qu'on arrivait enfin à faire ce qu'on avait prévu de faire depuis pas mal de temps. J'ai vraiment été content pour Daily Plannet. Ce sont mes frères et, en entendant cet album, j'ai pu entendre leur évolution en tant qu'hommes et que pères. Idem pour Iomos. Son album montre la direction qu'il doit suivre en tant qu'homme et c'est ce que nous devons tous faire.
HHC: En parlant lui, est-il vrai qu'Iomos continue de jouer des percussions dans le métro?
D: À vrai dire, je ne saurai pas te dire. La première fois que je l'ai rencontré, c'était à un concert qu'il a donné à la HotHouse à Chicago. Il a tout déchiré et je me suis présenté à lui pour lui dire combien j'avais apprécié. Je ne comptais même pas travailler avec lui au départ, je voulais juste lui dire que je pensais qu'il avait les moyens de faire quelque chose de bien.
HHC: A ce propos, tu as fait pas mal de productions pour tes collègues du Family Tree. Est-ce que tu travailles différemment quand tu fais des beats qui ne te sont pas destinés?
D: Parfois. Certains de mes beats qui atterrissent sur les albums de mes collègues sont des instrus sur lesquels je comptais rapper mais qui pour une raison ou pour une autre ont dû être mis de côté. Mais parfois, je fais un instru et je trouve que le beat conviendrait mieux à quelqu'un d'autre que moi. De temps en temps, il m'arrive aussi de me poser pour faire un beat pour une personne en particulier. Mais, en gros, j'essaie juste de faire des beats dope; peu importe qui rappera dessus.
HHC: Est-ce que vous comptez faire un nouvel album du Family Tree? Est-ce que les Molemen seront de la partie comme sur "Tree House Rock"?
D: On travaille dessus en ce moment. La semaine dernière, Tone m'a envoyé un mail pour que je rallie un peu les troupes. On bosse dessus avec les Jungle Brothers. Il y aura en effet quelques beats des Molemen sur ce projet.
HHC: Maintenant que No I.D. a emprunté une route plus mainstream et travaille sur des projets de grande envergure, est-ce qu'il est envisageable de te voir poser à nouveau sur une des ses productions?
D: Peut-être.
HHC: L'un des titres les plus poignants de "Second Nature" était clairement 'Godspeed'. Qu'est-ce qui t'a donné l'idée d'utiliser cette longue introduction instrumentale où Tone B occupait seul l'espace sonore?
D: Cette longue intro a pour but d'installer l'ambiance du titre et de laisser le champ libre à Tone. D'une certaine façon, cette chanson est une méditation, une réflexion, et l'intro met ça en place en te permettant de rentrer dans la chanson sans être bombardé par les lyrics. En plus, j'adore ce beat donc j'étais obligé de le laisser tourner pendant une minute!
HHC: Quel regard portes-tu sur ton public européen?
D: J'aimerai pouvoir le voir plus souvent. L'Europe me manque. J'adorais venir faire des concerts par chez vous. Les bâtiments, les cultures, les gens et leur sens de l'humour. J'ai de très bons souvenirs de l'Europe et je veux vraiment revenir. Mais si ça ne se fait pas, au moins, j'aurai ces souvenirs.
HHC: J'ai entendu que tu comptais sortir un nouveau livre en parallèle à la sortie de "Insomnia". Qu'en est-il?
D: Ce n'est pas le cas. Il n'y aura pas de livre avant un bon moment. Ce que je fais maintenant, c'est que je publie des essais sur notre site web: www.allnaturalhiphop.com, toutes les 2 semaines ou à peu près. Mais un livre en bonne et due forme, ça ne fait pas vraiment partie de mes plans du moment.
HHC: Peux-tu nous en dire plus sur ton livre précédent "Fresh Air" et renseigner tous ceux qui sont à sa recherche sur les moyens de se le procurer?
D: On compte le re-sortir dans le futur. Il faut juste qu'on mette tout en ordre avant. J'ai pris du plaisir à écrire ce livre et, si j'avais plus d'argent, j'essaierai de sortir un truc de ce genre avec chacun de mes albums. Pour ceux qui ne sont pas au courant, le premier pressage du premier album d'All Natural "No Additives, No Preservatives" était vendu avec ce petit livre contenant des essais, des bandes dessinées et des nouvelles... Je suis toujours content d'avoir pu faire ça et je compte le refaire un jour.
HHC: Que penses-tu des autres artistes et collectifs de Chicago tels que Galapagos 4, Nacrobats, The Opus ou Twista?
D: Pugslee Atomz des Nacrobats est vraiment dope. Chicago est un vivier de talents qui semble toujours être sur le point d'exploser au grand jour. J'aimerai que plus de gens qui font les choses bien franchissent ce cap et passent au niveau supérieur, qu'ils soient de mon crew ou pas. Il y a beaucoup d'artistes qui font leur preuve depuis pas mal de temps et qui méritent plus d'exposition.
HHC: J'ai toujours été frappé par le fait que les artistes de la scène chicagoanne collaborent rarement entre eux lorsqu'ils ne font pas partie du même crew. En dehors du passage "obligé" chez les Molemen et des compilations de rigueur, la plupart des rappers sortent rarement de leur périmètre. Comment ça se fait, à ton avis?
D: Je ne sais pas. Une des raisons possibles, c'est que certains collectifs de Chicago sont déjà assez énormes (en terme de nombre de membres). Dans notre crew par exemple, il y a déjà beaucoup d'artistes de talent avec qui je souhaite bosser. Je n'ai donc pas forcément besoin de sortir de mon entourage pour travailler avec d'autres personnes. J'aime bien travailler avec la famille. Je travaille avec d'autres personnes qui font appel à moi, mais je suis sûr que nombre d'entre eux ont le même point de vue que moi… Ils trouvent que c'est agréable de travailler avec leurs potes.
HHC: Changeons de sujet. Que doit-on attendre du troisième album d'All Natural "Vintage" qui est annoncé pour l'an prochain?
D: On a collaboré avec les Jungle Brothers, El Da Sensei et aussi Daily Plannet et Iomos… C'est un album hip-hop très soulful. Il est dope; c'est tout ce que je peux dire.
HHC: Tu peux nous faire un petit bilan des projets d'All Natural Inc?
D: Daily Plannet va sortir un autre maxi et je sors le second single extrait de "Insomnia". En ce qui concerne les albums, on se concentre sur la promotion de "Insomnia" pour le moment et on enchaînera en préparant la sortie de l'album d'All Natural. Je suis vraiment impatient. Comparé à l'album d'All Natural, mon album n'était qu'un petit à-côté sur un sujet qui me tenait à cœur. Ca va être fresh. Sinon, on travaille avec quelques autres groupes de Chicago: Pacifics et The Primeridian (ndlr: auteurs du très bon "I'll Meet You In Greenwich" voici quelques années); donc quand leurs albums seront prêts on les sortira aussi.
HHC: Sur un plan personnel, quel est ton sentiment sur l'équilibre que tu sembles enfin avoir trouvé entre religion et musique?
D: Je pense qu'équilibre est un bon qualificatif. L'Islam colore tout ce que je fais actuellement. C'est un mode de vie naturel, même s'il change ta vision des choses. L'Islam n'a pas besoin de conversions forcées ou d'une promotion zélée. C'est simple… Le Créateur est plus grand que tout être humain, toute idée ou toute race. Il suffit donc de se soumettre au Créateur, rien d'autre. Allah dit qu'il n'y a pas de contrainte dans la religion, donc c'est facile d'essayer de trouver cet "équilibre" où tu passes les autres choses telles que la musique et/ou la politique sous la loupe de l'Islam. Je dois juste continuer à devenir un meilleur musulman, c'est tout.
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