Issu des Log Cabin, membre avec Eligh et Scarub des 3 mg's, membre du crew très en vogue des Living Legends, troisième partie des Netherworlds et rapper solo accompli, Murs à l'instar des autres "légendes vivantes", jouit d'une discographie aussi large que le postérieur de Maïté. Une amitié avec El-P que l'on ne présente plus, conduit Murs à une signature sur le label Definitive Jux pour un seul et unique album ; cet album le voici "The End Of The Beginning" censé accroître la notoriété de Murs avec une distribution plus étendue (ces anciens opus étant principalement distribués via le site officiel des Living Legends et aux "sorties de concert"), paradoxalement annoncé par celui-ci comme son tout dernier album, propos à prendre sûrement avec du recul quand on connaît l'attitude saugrenue du personnage.

Mais cet album n'est pas seulement le nouveau Murs, c'est parallèlement la dernière sortie du label Def Jux qui malgré ses productions et son panel d'artistes de qualité, déçoit avec notamment un "Deadringer" déstabilisant, et un "I Phantom" de Mr Lif presque anodin quelques mois après sa sortie. Autant dire que ce "The End Of The Beginning" est attendu au tournant, non seulement par les adulateurs du label fondé par El-P tout comme par les fans des Living Legends (Murs est en effet, le premier membre des LL à signer sur un label extérieur).

Pourtant ça commence plutôt mal avec 'You And I' où un Murs remonté ne nous fera pas oublier les sonorités salsa assez agaçantes. La véritable introduction à "The End Of The Beginning" est sans aucun doute 'Dibbs Did This Shit' qui comme son nom le laisse concevoir a été réalisé par les mains de maître de Mr Dibbs. On poursuit avec un 'What Do You Know' banal aux influences "rocafellienne" mais non moins agréable, à l'image de l'excellent 'The Scuffle' rappelant les plus belles heures du rapper de la Bay Area. Autre bonne surprise de cet album 'Transitions Of A Rider', hommage personnel au skateboard (une des passions de Murs), avec son introduction parodiant le mythique 'Ambition Az A Ridah' de 2Pac, et son sample de cordes orientales rappelant fortement 'Fire In Which You Burn' de Co-Flow. Sur le morceau suivant, Murs s'octroie les services d'Aesop Rock pour un morceau sans prétention, juste une confirmation que le géniteur de "Labor Days" est l'un des plus grands Mc en activité. Murs retrouve ensuite une de ces idoles sur 'Risky Business' en la personne de Shock G (et son alter ego, Humpty Hump) des Digital Underground s'il vous plait, pour une fête où tout est permis, un des meilleurs moments de l'album. El-P oblige, 'The Dance' est de loin le plus intéressant et le plus atypique des morceaux de "The End Of The Beginning". Les flows de Murs et El-p qui rappent à toute allure, se calquent à merveille sur les successions de grésillements électroniques emmêlés dans les envolées sonores des orgues. Virage à 180° avec l'émouvant 'Gods Work' premier single et véritable réussite, tout comme 'Defcover', pastiche du 'Deep Cover' de Dre et Snoop encore une fois réalisé par le patron de Def Jux.

Force est de constater, l'hétérogénéité des productions jusqu'ici, élément qui fait la force de "The End Of The Beginning" mais aussi sa faiblesse car si de très bonnes choses sont à noter, des morceaux fortement dispensables sont bel et bien inscrits sur le tracklisting. A commencer par 'Sore Loser' produit par un rjd2 en petite forme ou '18 w/a Bullet Remix', soporifique au possible avec son sample grillé à 1000 km. On déplore également les pales imitations des productions de Just Blaze : sur la longueur d'un morceau quand cela est bien fait, ça peut paraître amusant ('Brotherly Love') mais sur trois morceaux, ça devient rapidement crispant notamment sur 'God Damned'. Heureusement ce présumé dernier album de Murs se clôture sur une note plus que positive avec la réunification des 3 Melancholy Gypsys sur le morceau 'Done Deal' dans la pure veine des travaux précédents du groupe : une production sans fioriture, simple et envoûtante sur laquelle trois Mc's posent leurs rimes avec brio.

Au final "The End Of The Beginning" n'impressionne pas. Il n'est pas le meilleur album de Murs (en dessous de "Murs Rules The World" et de "Good Music"), ce n'est pas non plus cet album qui nous fera dire que Def Jux a réussit le pari de donner une dimension supérieure à un rapper sous estimé. Malgré cela à part quelques ratés, "The End Of The Beginning" s'écoute agréablement et s'inscrit dans la lignée de la discographie de Murs. Un bon album tout simplement…

Metalik
Mars 2003