Avec les excellents "I Need Drugs" et "Gory Days", Necro s'est imposé comme un des acteurs majeurs de la nouvelle scène underground new-yorkaise. Provocant, talentueux et aussi doué au micro que derrière les manettes, il a séduit des milliers de fans. Hip Hop Core en fait partie alors, après un petit brainstorming de l'équipe rédactionnelle, Rikem est allé s'entretenir longuement avec Necro pour avoir un peu plus de renseignements sur son passé, son présent et un futur qui s'annonce fertile… English version
Hip Hop Core : Quel est le premier morceau de rap qui a provoqué le déclic en toi et t'as donné l'envie de t'investir dans la musique ?
Necro : Je ne sais plus. Rien ne me fait vraiment tripper. J'aime bien écouter du son et parfois je le ressens un peu plus profondément mais je n'arrive pas à me rappeler comment j'étais il y a 10 ans. J'ai pris trop de drogues entre temps...
HHC : Qui, de toi et de ton frère Ill Bill (membre de Non Phixion), a été le premier à devenir un fan de Hip-Hop ?
N : Mon frère a été le premier.
HHC : Est-ce qu'il n'y a pas une sorte de compétition lyricale entre Bill et toi ?
N : C'est clair. Cet élément a toujours été là.
HHC : C'est pour mettre en scène ces face-à-face que tu l'invites sur tous tes albums ?
N : Tout à fait.
HHC : Dans le passé, on t'a vu squatter toutes les sessions freestyle des émissions de radio new-yorkaises. Est-ce que tu pratiques encore le freestyle ?
N : C'est clair que par exemple je crois que j'ai du aller 12 fois au show de Bobbito depuis 1994. J'ai balancé un tas de rimes sur ce show. Sur mon nouveau DVD, il y aura même un extrait du show avec moi et Lord Sear. J'ai tout déchiré sur ce show. Mais après coup Bob ne voulait plus me laisser venir... C'est un hater. Il ne m'a jamais vraiment saqué en fait. Mais je m'en bats les couilles. J'ai l'habitude maintenant.
Par contre, pour être honnête, il faut dire que je n'ai jamais vraiment freestylé. J'ai toujours rappé des trucs écrits au préalable. Par contre, c'est net que j'adore prendre le micro en live et que je continuerai à le faire. Mais avant, je faisais surtout ça pour qu'on me connaisse alors je n'arrêtais pas d'enchaîner les shows radio et de monopoliser le micro. Au fil du temps, j'ai senti que certaines radios n'appréciaient pas cette méthode alors je me suis dit : "Qu'elles aillent se faire foutre!" et j'ai pris du recul.
Mais là je viens de réaliser qu'en fait je m'étais un peu trop concentré sur les stations new-yorkaises et qu'il y en a des milliers d'autres à travers le monde. Alors dès que je vais partir en tournée, je vais frapper à la porte de toutes les radios pour poser quelques rimes et déchirer leur antenne en live. Ce sera un vrai plaisir. En même temps, c'est bien joli de faire du bénévolat mais moi je veux du cash. Je veux bien faire quelques trucs gratos mais après il faut allonger les $$$$. En gros, si je fais un show payant et que je ramasse du pognon, je ferai un cadeau aux fans en allant poser des nouvelles rimes à la radio juste après. Comme ça, les fans auront une double dose de Necro : un live et des couplets inédits à la radio.
J'ai 26 ans et je veux être riche avant d'en avoir 30. Quand t'as été pauvre pendant 26 piges, tu commences à en avoir marre... Mais c'est clair que j'adore la radio. J'aimerai bien freestyler mais c'est pas mon fort. Il faudrait que je m'accorde du temps pour maîtriser cet art et là j'en ai pas trop. En plus, je préfère faire des putains de beats et écrire de bonnes rimes parce que là je sais que je suis bon.
HHC : Comment s'est faite la connexion avec Cage pour le classique maxi "Agent Orange" ?
N : C'est simple, j'ai appelé Bobbito et je lui ai demandé le numéro de Cage. Il m'a dit qu'il ne pensait pas que je réussirai à mettre en route quoi que ce soit de sérieux avec Cage parce que c'était un chaud, qu'il partait en couilles pour un rien et que du coup quasiment personne voulait bosser avec lui. Mais j'en avais rien à fouttre, je le trouvais mortel et il avait besoin de beats aussi mortels que son flow. Alors je l'ai contacté et le courant est passé. A ce moment là, Bobbito m'a dit que si j'arrivais à enregistrer 2 titres avec Cage, il les sortirait sur son label. C'était un super moyen d'avoir de la promo gratos pour mes beats sur son show alors j'ai accepté. En plus, Cage n'avait jamais bossé avec quelqu'un d'aussi professionnel que moi. Bobbito adorait Cage mais ils n'avaient jamais réussi à s'entendre niveau business. Je dois dire que Bob a assuré sur ce coup : on a enregistré "Agent Orange", ça a eu plein de passages radio et maintenant c'est un Classique.
Pour la petite histoire, on a enregistré le morceau chez Milo (Mighty Mi) parce que Bobbito et lui étaient bons amis. C'est comme ça que Cage et moi l'avons rencontré pour la première fois. Mais, quand on s'est rendu compte que Milo avait du matos de merde, on a dit à Bob qu'on voulait un vrai studio pour enregistrer. C'est là que Milo a commencé à faire de la lèche à Cage. Il lui a tellement pompé le dard qu'il l'a convaincu de ne plus bosser avec moi... au détriment des fans. Parce que je sais que tous les fans de Cage feraient tout pour l'entendre à nouveau sur un de mes beats. Mais comme Milo a plein de flouze et que j'avais pas les moyens de corrompre Cage, c'est mort! De toute façon, c'est du passé. Parlons plutôt de Necro parce que maintenant c'est mon son qui tue tout!
HHC : Pourquoi as-tu créé Psycho+Logical Records au lieu de signer sur un label déjà établi ?
N : Parce que personne voulait me signer! Personne ne croyait en moi! Sauf les fans! Et c'est l'adoration des fans mais aussi le boulot de Master P qui m'ont donné l'énergie pour créer mon propre label. Jay-Z n'arrivait pas à signer de contrat alors il a monté Roc-A-Fella. Et j'ai fait pareil! Je suis trop bon et trop extravagant pour être signé sur une major. Mon style est unique. D'autre part, je ne me sens pas d'aller sur un label qui appartient à une multinationale... Pas encore du moins.
Peut-être que quand j'aurai fait mes preuves en tant qu'indépendant et que j'aurai fait plein de pognon sans leur aide, ils se plieront à mes exigences et que je pourrai les utiliser pour faire encore plus d'argent. Mais en attendant, je les emmerde! Je vais continuer à vendre du bon son à mes fans et à les endoctriner peu à peu. J'ai de la patience au niveau mental... comme la tortue dans "le lièvre et la tortue" (!?).
HHC : Qu'est ce qui t'as donné envie de réaliser des films ?
N : J'adore le cinéma et j'avais juste envie d'apporter ma touche. Mais le boulot est vraiment trop énorme alors je ne m'attaquerai pas à un nouveau film avant d'avoir réuni des budgets suffisants pour employer plein de personnes. Néanmoins ne vous inquiétez pas, il y aura des films de Necro dans le futur.
HHC : Quand te sens-tu le plus à l'aise : lorsque tu fais des beats, lorsque tu rappes ou lorsque tu tournes un film ?
N : Je ne me sens jamais à l'aise. Je suis toujours sur la brèche. Je n'arrive pas à dormir la nuit. Tant que je n'aurai pas obtenu tout ce que je désire, je serai constamment sous tension. Mais ça ne me gêne pas parce que je sais que ce que je veux nécessite beaucoup de travail. J'ai des rêves, des objectifs, une montagne de talent et je sais que les gens sont intéressés par ce que je fais. Alors je ne prends pas trop de repos, je ferai ça quand j'aurai 80 berges.
HHC : Est-ce que tu n'as jamais eu envie d'aborder des sujets plus profonds que le sexe, les drogues et le meurtre ?
N : Je crois pouvoir te dire que t'es pas très futé de me poser cette question. Pour toi, le sexe, c'est pas profond? Les drogues, c'est pas profond? Le meurtre, c'est pas profond? Alors, dis-moi qu'est-ce qui est profond, si t'es si malin! Je devrais écrire des rimes sur l'ignorance des gens qui pensent que Necro est superficiel... mais ça me ferait perdre mon temps. Je préfère rapper sur la brutalité de la vie sur Terre. Tout ce que j'évoque dans mes textes est profond. Bien plus profond que les merdes d'un pédé de backpacker qui n'a rien fait de sa vie. Tout est une question d'opinions. Tout le monde en a une; j'ai la mienne alors je me fous de celles des autres! Mes fans aiment ce que je fais, point barre!
HHC : Tu es toujours sérieux dans tes textes ?
N : D'après toi...
HHC : Où est-ce que tu trouves toutes les filles qui prennent des poses suggestives sur tes albums ?
N : Dans le caniveau parce que c'est des déchets.
HHC : Combien de titres comptes-tu produire sur le solo d'Ill Bill ?
N : Peut-être 3. Je ne sais pas encore. De toute façon, c'est lui qui prend les beats qui lui plaisent. C'est lui qui contrôle ce qu'il y aura sur son album. Je ne peux pas te dire à sa place ce qu'il choisira. Il y a déjà quelques-uns de mes beats qu'il kiffe en tout cas.
HHC : Outre le solo d'Ill Bill sur quoi tu travailles pour le moment ?
N : Plein de trucs.
HHC : Ton prochain album ?
N : Ouais... et plein d'autres trucs mortels.
HHC : Quoi par exemple ?
N : Je ne dirai rien avant que ça sorte. J'aime pas parler des trucs avant qu'ils soient prêts. Sachez juste que ça sera de la bombe... comme tout ce que j'ai sorti jusqu'ici. En plus, ça va encore et toujours s'améliorer. La qualité ne baissera jamais... Je vais pas faire comme tous les autres.
HHC : Quels rappeurs apprécies-tu, niveau east coast et west coast ?
N : En ce qui concerne la côte Ouest… j'écoute rien de ce qui se fait en ce moment. Je les respecte mais en 2002 il n'y a personne qui me vienne à l'esprit. Par contre, j'adore tous les trucs que l'Ouest a balancé dans le passé, de NWA à Dre en passant par Ice Cube ou Ice-T. C'est comme pour le son du Sud. J'aime bien les vieux albums de Master P et C-Murder et quelques trucs de Cash Money bien sûr… mais c'est plus ce que c'était.
A l'Est, je kiffe Cormega, 50 Cent, Killarmy, Kool G Rap, Mobb Deep, Necro, Non Phixion… Tout ce qui est gangsta et méchant, j'aime. Mais en fait j'écoute plus trop de son. Plus rien ne m'impressionne, c'est pour ça que je fais de la musique. Pour faire des trucs qui m'impressionnent.
HHC : Que connais-tu de la France à part les petits pains qu'on te donnait à bouffer à la maternelle ?
N : Hmmm… Où t'as lu ça ? (rires) D'après ce qu'on m'a dit, je sais que j'ai beaucoup de fans à Paris et qu'on peut y tourner des films pornos. Par contre, musicalement, je connais que dalle de ce qui se fait en France. Désolé.
HHC : Est-ce que tu vas venir à Paris pour un concert ?
N : Ouais. Dans 6 mois.
HHC : On y sera.
N : OK
HHC : Bon voilà, l'interview se conclue. Est-ce que t'as quelque chose à ajouter ?
N : Ouais. Allez tous sur www.necrohiphop.com et acheter des trucs. Allez aussi sur www.sexpertvideo.com et acheter des trucs. Ce sont mes 2 sites où je vends mes produits. Vous pouvez claquer tout votre pognon là-bas. Je fais même des envois internationaux. C'est le top du top pour avoir un peu de Brooklyn chez soi. Achetez aussi l'édition spéciale DVD + CD de "Gory Days". Il n'y en aura que 5000 exemplaires. Et après tout ça, allez embrasser un bon gros cul puant et mourrez pour la cause ! Quelle cause ? Celle de dépenser votre argent sur des fringues Necro afin que vous ayez l'air classe dans vos cercueils. Je crois qu'une fois que vous aurez fait tout ça, ce sera bon jusqu'à la semaine prochaine… où vous allez tous crever !!!!!!!!
HHC : Ok. Pas de problème ! Merci beaucoup.
N : Merci pour l'interview Rikem. Au fait, comment va Eric B. ?
HHC : Rikem c'est mon prénom dans le désordre…
N : Ok. Moi c'est Orcen.
HHC : Dans ce cas là je te l'emprunterais et ce sera mon prochain pseudo : Orcen the Killer.
N : Si tu veux. De toute façon, je te laisse. Va crever. Appelle-moi quand tu seras mort. Dis-moi comment c'est, ok ?
HHC : Ok. A+
N : Bye.
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