Time Machine

Ils nous auront apporté un petit rayon de soleil bienvenu cet été avec leur 1er album "Slow Your Roll". Time Machine est l'un de ces groupes qui reste profondément attaché à un boom-bap mid-90's et qui le perpétue dans sa musique tout en y ajoutant sa touche personnelle. Hip-Hop Core a donc voulu en savoir un peu plus sur l'élaboration de "Slow Your Roll" et l'activité future de leur label Glow-in-the-Dark Records qui sera à surveiller de très près dans les temps à venir. English version



Hip-Hop Core: Pourriez-vous nous dire quelques mots sur la genèse de Time Machine? Comment vous êtes-vous connus et pourquoi avez-vous décidé de créer ce groupe?



Comel: Mekalek et Jaysonic étaient amis depuis 1993 au lycée de Providence dans le Rhode Island. En 1996, Jaysonic a déménagé à Washington DC pour aller à l'université et il m'a rencontré (je suis allé à une autre université de la ville) par le biais d'amis communs. Ainsi, nous étions déjà tous amis avant que l'on commence à faire de la musique ensemble. Fin 1999, Jaysonic et Mekalek travaillaient sur un projet ensemble, et je leur ai rendu visite. J'avais un couplet en stock qui était parfait pour compléter un de leurs morceaux inachevés qui s'appelait 'Block Troopin'. C'est devenu le tout premier morceau de Time Machine. Ensuite, nous avons simplement voulu continuer la route ensemble en tant que groupe parce que nous aimions la façon dont on travaillait ensemble et le son qui en ressortait.



HHC: Qu'y a-t-il derrière le nom Time Machine? Est-ce seulement en rapport avec votre musique (qui évoque évidemment l'âge d'or du hip-hop) ou y a-t-il une autre signification cachée?



Mekalek: Je pense, tout d'abord... que ça sonne bien. C'est définitivement un nom mémorable. Le son que nous affectionnons a bien entendu quelque chose à voir dans ce nom. On fusionne des sons traditionnels tout en gardant un son au goût du jour et même une certaine touche novatrice. Mais il existe également des références au temps à travers nos chansons, que ce soit juste une phrase ou tout au long d'un morceau. Mais pour cette part, ce n'était pas vraiment quelque chose de calculé.



HHC: 3 ans se sont écoulés entre la sortie de votre premier maxi en tant que groupe ('Reststop Sweetheart') et la sortie cette année de "Slow Your Roll", votre premier album. Pourquoi avez-vous mis autant de temps à enregistrer et sortir cet album?



Jaysonic: Nous avions sorti deux autres maxis entre 'Reststop Sweetheart' et l'album. Le premier étant 'Personal Ads', et le second 'Night Lights' qui est sorti juste avant la sortie de l'album en tant que single principal. Les principaux facteurs qui ont fait que le processus a pris du temps sont la création de notre propre label, Glow-in-the-Dark Records, et le fait que l'on vivait dans des villes différentes durant la majeure partie de l'enregistrement. Mais ça a surtout mis du temps parce qu'on voulait faire les choses bien, et que ça demande beaucoup de travail.



HHC: Pourquoi avez-vous quitté Rhode Island pour emménager en Californie? Etait-ce une question de climat ou une volonté de se rapprocher d'une scène hip hop plus à votre image?



Mekalek: Comel vivait dans l'état de Washington, et Jay et moi étions dans le Rhode Island. Nous avions tous besoin d'habiter dans le même endroit. Or, nous avions fait quelques concerts en Californie et nous avions vraiment apprécié l'accueil que nos fans nous y avaient réservé. On aimait aussi le climat bien sûr, et ça nous semblait vraiment l'endroit propice en tout point de vue pour notre carrière musicale. Et toutes ces choses se sont confirmées.



HHC: Même si vous ne travaillez pas directement avec eux, il semble qu'il y ait certaines similitudes entre vos travaux et ceux de People Under The Stairs ou Ugly Duckling. Il semble qu'il y a un petit noyau d'artistes qui aime véritablement le son de la première moitié des années 90 en Californie. Quelle est votre opinion là-dessus?



Mekalek: Je pense que c'est tout simplement que nous avons tous grandi en écoutant du boom-bap et que ça se reflète dans nos musiques respectives. Par exemple, on préfère avoir un son organique plutôt que le son synthétique qui est à la mode en ce moment. C'est vraiment juste une question de préférence. Le fait qu'il y ait ce petit mouvement en Californie est sûrement dû au hasard, mais les gens ici semblent être plus réceptifs à ce genre de son.



HHC: Que pensez-vous de PUTS et Ugly Duckling? Les avez-vous rencontré?



Comel: Nous aimons et respectons ces deux groupes. On a déjà fait un show avec PUTS quand nous étions encore à Rhode Island… Ils font vraiment un bon set. On a aussi rencontré Dizzy Dustin d'Ugly Duckling, et c'est vraiment un mec très cool.



HHC: Vous avez créé votre propre label: Glow-in-the-Dark Records. Qu'est-ce qui vous a poussé à le créer? Avez-vous l'intention de signer d'autres artistes ou l'utilisez-vous uniquement pour sortir vos propres projets?



Jaysonic: Nous avons créée Glow-in-the-Dark après avoir fait l'expérience de sortir notre premier maxi sur un autre label. Nous avons voulu être dans une position où nous aurions plus de contrôle et où nous ne serions pas à la merci d'autres gens pour sortir nos disques. La première sortie hors-Time Machine est arrivé il y a quelques mois déjà. C'est le maxi 'Make Some Noise', la toute première collaboration entre les deux légendes du Hip Hop Masta Ace et Edo G. Il y a aussi d'autres morceaux de deux nouveaux artistes, Jahpan et Shawn Jackson, en plus d'un nouveau morceau de Time Machine intitulé 'The Wiggle'. On prévoit de continuer à sortir aussi bien la musique de Time Machine que d'autres artistes.





HHC: Que peut-on attendre de Time Machine et Glow-in-the-Dark Records dans les mois à venir? Avez-vous des projets en préparation?



Jaysonic: Notre prochaine sortie, au début de l'année prochaine, sera un EP vinyl/maxi-single intitulé "Grime Machine". Après ça, nous allons sortir un CD début 2005 intitulé "TM Radio" qui contiendra des morceaux de Time Machine, Celph Titled, The Procussions, Raashan Amhad (du groupe Crown City Rockers), Jahpan et quelques autres. Nous sommes actuellement en train de planifier le reste des sorties 2005.



HHC: 'Mind A Spin' a un côté dub/reggae qui se démarque du restant du LP (qui est plutôt jazzy). Qu'est-ce qui t'as inspiré ce morceau Mekalek et pourquoi as tu décidé de l'inclure à l'album?



Mekalek: J'essaie toujours d'expérimenter avec de nouvelles sonorités, même si j'adore les instrus jazz/soul. En fait, j'essayais d'assembler cet instru correctement depuis 1997, mais je n'y étais jamais arrivé. Un jour, je me suis rendu compte de ce que je devais faire, et Jay et Comel étaient vraiment partants. Le morceau dégage une énergie brute qui se démarque vraiment sur l'album, et lorsqu'Edo a posé son couplet pour compléter le morceau, le titre a directement trouvé sa place dans le cours du LP. C'est marrant parce qu'on dirait que tous les 3 ans il y a un retour des sonorités reggae dans la musique commerciale, et c'est justement ce qui s'est passé peu après que nous ayons fait ce morceau.



HHC: En tant que producteur, Mekalek, qui as inspiré ton style de production?



Mekalek: Je dirais que les plus grandes influences ont été les DJ/producteurs... principalement Pete Rock, Diamond D et Premier. Je suis encore époustouflé par les beats et les scratches qu'ils faisaient il y a de ça déjà 10 ans. Il y a aussi ce DJ local, à l'époque où j'étais jeune dans le Rhode Island qui s'appelait Curty Curt (R.I.P.), et qui a d'ailleurs produit un titre sur notre album (ndlr: 'Especially4U'). Il a eu une énorme influence sur moi en tant que DJ. Sans oublier Tony Touch et PF Cuttin'.



HHC: Stoerok produit de nombreux morceaux sur "Slow Your Roll". Qui est-il et d'où vient-il?



Jaysonic: J'ai rencontré Stoerok à l'université George Washingon de Washington DC par le biais d'amis communs. Il m'a joué quelques-uns de ses beats, et j'ai été impressionné. Je lui ai donc demandé si je pouvais essayer de faire des morceaux avec lui. Il a accepté, et nous avons travaillé ensemble depuis. Il est originaire de Boston, mais il vit avec nous à Los Angeles maintenant.



HHC: Jaysonic, tu n'as produit qu'un seul morceau sur "Slow Your Roll". Et pourtant, c'est un des morceaux les plus réussis de l'album. Pourquoi ne t'es tu pas plus impliqué dans la production de l'album? La production est-elle pour toi un simple passe temps ou es-tu un accroc de la MPC?



Jaysonic: Je ne suis pas un producteur aussi expérimenté que Storeok ou Mekalek. J'ai fait quelques beats, mais je considère qu'une bonne partie de ces instrus ne sont pas assez bons pour que je les utilise sur disque. J'étais content d'avoir un beat sur l'album, et je considère 'Night Lights' comme le meilleur beat que j'ai crée depuis mes débuts. On a choisi 'Night Lights' en tant que 1er single de "Slow Your Roll", pas parce que c'est le meilleur morceau de l'album, mais parce que on était d'accord pour dire que c'était le titre le plus représentatif de l'ambiance qui se dégage de l'album. Maintenant on est vraiment occupé à faire des shows, enregistrer de nouveaux morceaux et à s'occuper de notre label. Si tout va bien, j'aurai un peu plus de temps à consacrer à ma MPC bientôt, et peut-être que j'arriverais à faire un autre beat qui méritera de se trouver sur un disque de Time Machine.



HHC: D'ailleurs, pourrais-tu nous dire quelques mots à propos de ton 1er album solo "Hot Air" que tu as enregistré avec Mekalek en 1999, alors que Time Machine n'existait pas encore. Peu de gens connaissent l'existence de cet LP. Comment le comparerais-tu à l'album de Time Machine?



Jaysonic: "Hot Air" a été une expérience importante dans mon apprentissage du processus d'enregistrement et des bases de la distribution d'un album. Il y a seulement 1000 copies de l'album qui ont été pressées. On trouvait le CD plutôt bon à l'époque, mais maintenant on le trouve vraiment immature. Les gens semblent vraiment l'aimer cependant, particulièrement les morceaux 'Sneakers', 'Intuition' (avec Sage Francis), et un morceau concept qu'on avait intitulé 'Scratchman And Rhymeboy'. De toute façon, la chose la plus importante qui ressort de cet album, c'est le morceau 'Block Troopin' a donné naissance à Time Machine.





HHC: Vous avez récemment fait une tournée aux USA avec Edan et Insight. Edan et Edo G apparaissent tous les deux sur le LP. D'où vient cette connexion avec la scène hip-hop de Boston?



Jaysonic: J'ai rencontré Edan quand je vivais à Washington, parce qu'il est du Maryland, et que c'est juste à côté de l'état de Washington. Nous avons rencontré Edo G lorsque nous avons partagé l'affiche d'un concert avec lui. Providence est à moins d'une heure de trajet de Boston, donc on avait la chance d'être très près de deux artistes talentueux avec qui nous voulions travailler sur notre album.



HHC: Comment s'est passée votre collaboration avec Edo G? Est-ce lui qui a choisi de poser sur 'Mind In A Spin' ou aviez-vous sélectionné cet instrumental spécialement pour lui?



Jaysonic: Travailler avec Edo, c'est dope. C'est un des rappeurs les plus cool et humbles que nous ayons rencontrés jusqu'ici. C'était un honneur, parce qu'on a grandi en écoutant sa musique. Après avoir travaillé avec lui sur le morceau 'Make Some Noise' avec Masta Ace, nous lui avons demandé s'il voulait bien apparaître sur notre album. On lui a envoyé une démo de 'Mind In A Spin'. Il l'a aimé et nous a dit qu'il voulait faire ce morceau.



HHC: Travailler avec Edan a du être quelque chose de différent de votre travail habituel. Comment s'est déroulé l'enregistrement de '@$$hole'?



Comel: Edan est très minutieux et précis dans son processus d'enregistrement. Nous avons enregistré ce morceau dans son studio de Boston. Ca a pris plus de temps que prévu, mais nous étions content du résultat final.



HHC: Et enfin, quelques mots sur votre rencontre avec Special K?



Jaysonic: Special K nous a appelé pour nous dire qu'il avait aimé le single 'Personal Ads'. C'était à l'époque où nous l'avions envoyé aux radios pour en faire la promotion. Après ça, nous sommes resté en contact, et quand nous avons eu l'idée d'avoir un invité/animateur sur 'Spelling Bee', nous lui avons demandé si ça l'intéressait. Il a accepté, alors nous sommes allés à New-York pour enregistrer son intervention. C'est un gars cool et bien informé qui a un tas de bonnes histoires a raconter.



HHC: Vous êtes réputés pour faire des shows vraiment très énergiques et amusants. Durant la création de l'album, avez-vous prêté une attention particulière sur l'aspect live que pourraient avoir vos morceaux? Si oui, lesquels?



Mekalek: Ce n'est pas vraiment ce à quoi l'on pense lorsqu'on fait des morceaux. Mais quand un titre est terminé, on peut sentir s'il sera fait ou pas pour être joué sur scène. Comme par exemple le morceau 'Cold Day In Hell'; c'est un titre important de l'album mais c'est un morceau que l'on ne jouera jamais en live. Lors de la création de ce morceau, nous savions qu'il ne serait pas fait pour être joué en live. Mais on s'en foutait parce que notre oeuvre sur disque est en quelque sorte indépendant des concerts. Elle est plus complète. Cependant il est déjà arrivé que nous soyons en train de bosser sur un nouveau morceau, que l'un de nous ait l'idée d'un refrain qui lui permette de bien donner en live et que ce refrain finisse par être le refrain définitif du morceau (sur disque). Ce fut le cas pour 'Night Lights' ou 'Personal Ads'.



HHC: Qu'est-ce qu'un bon concert hip-hop selon vous?



Jaysonic: Un concert où le public a envie d'écouter, où il ne s'ennuie pas. A la fin du concert, il faut qu'il en redemande. Il faut qu'à la fin du concert, le public ne soit pas soulagé que ça s'arrête mais qu'il en veuille plus. Un bon concert doit aussi avoir une composante visuelle intéressante. Il ne faut pas que les artistes se contentent juste de réciter leurs rimes sur la scène.



HHC: Ces dernières années, vous avez assuré la 1ère partie de nombreux concerts comme ceux de Masta Ace, Common, The Beatnuts, Das EFX, J-Live ou Edo. G. Qu'avez vous appris de ces expériences?



Comel: Nous avons appris que certains artistes prêtent plus attention que d'autres à leur prestation et au plaisir qu'ils donnent au public. On a également appris qu'il est très important d'avoir confiance en ton flow et en ta prestation. Je pense qu'il est aussi bénéfique de faire sentir aux spectateurs qu'ils font partie intégrante du show, qu'ils ne sont pas là en simples observateurs.





HHC: Prévoyez-vous de faire une tournée européenne bientôt?



Jaysonic: Nous aimerions avoir l'opportunité de venir en Europe pour une tournée, mais nous n'avons pas de plans pour le moment. Si vous connaissez des organisateurs intéressés, faites-le nous savoir.



HHC: Qu'est-ce qui vous a décidé de sortir une version limitée de "Slow Your Roll" contenant des bonus pour le marché japonais?



Jaysonic: Depuis que notre premier maxi est sorti, les fans japonais ont vraiment supportés nos disques. Quelques labels au Japon nous ont proposé des deals pour sortir notre album en licence, et nous avons décidé de travailler avec MicLife parce qu'ils sont vraiment passionnés et qu'ils nous offraient des opportunités que nous n'aurions pas pu avoir tous seuls.



HHC: La plupart du temps il semble que dans vos textes vous mettez surtout en avant les éléments marrants du hip-hop et le bon côté de la vie. Qu'est-ce qui vous attire dans cette attitude insouciante?



Mekalek: Nous aimons nous amuser et apprécier les bonnes choses que nous offre la vie. Notre musique reflète cela.



HHC: D'un autre côté, un morceau comme 'A Cold Day In Hell' est plus engagé socialement. Quel est le bon dosage entre sérieux et pur divertissement?



Comel: Il est possible de véhiculer un message positif sous une forme sérieuse. Cette chanson nous a permis d'attirer l'attention de l'auditeur sur un problème social qui a rarement été développé dans un contexte hip-hop. L'équilibre entre le sérieux et le divertissement n'est pas nécessaire, mais nous voulions avoir ce genre de morceaux pour donner à notre album une plus grande profondeur.



HHC: Qu'est-ce qui vous a inspiré le malicieux 'Spelling Bee'?



Jaysonic: Cette chanson était mon idée. J'ai toujours adoré jouer avec les mots. J'ai fait part de mon idée à Comel et Mekalek, et ils ont tous les deux été enthousiasmés. Mek a fait l'instru et nous l'avons enregistré. Special K est venu finaliser le tout avec ses intros.



HHC: Qu'est-ce que vous écoutez ces jours-ci?



Comel: The UN, People Under The Stairs, Camron/Diplomats, Zero 7.

Mekalek: Fedd Hill, Ghostface.

Jaysonic: The Misfits, Ghostface, Masters of Ceremony, et je redécouvre toutes sortes de disques de jazz et de rock de ma collection que je n'avais pas écouté depuis longtemps.



HHC: Un dernier mot?



Time Machine: Merci pour cette interview. Nous espérons venir en Europe et vous rencontrez en personne peut être très bientôt. Vous trouverez plus d'infos nous concernant sur www.TimeMachineSound.com et www.GITDRecords.com.



Interview de Phara et Cobalt
Photos de Bianca Duffy
Novembre 2004

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