En grand fan de Kool Keith devant l'éternel, cette nouvelle sortie me réjouissait, surtout après la réédition récente de "Big Time" qui montrait combien Keith était indémodable. C'est donc avec envie que je me jetais sur ce "Spankmaster" (littéralement "Maître de la Fessée"), malgré une pochette de circonstance mais pour le moins racoleuse.
Ayant délaissé son label Funky Ass Records pour signer sur Overcore, il apparaissait probable que des combinaisons avec Esham (le maître de la maison avec 12 albums à son actif) surgiraient... et c'est le cas. Mais surprise ! Ce n'est pas Kut Masta Kurt qui est à la production, mais bien Kool Keith et ses nouveaux comparses de label Santos et Esham. On se souvient que la dernière fois que Keith avait pris les rênes, "Matthew" avait laissé un léger goût d'inachevé au niveau musical. Et ce nouvel opus confirme une fois de plus que la conception sonore n'est pas le point fort de Keith et qu'il est mieux fourni chez Kurt ou Automator.
Car on aura beau dire que son son est expérimental, ce qui est vrai; il s'avère surtout répétitif, synthétique et trop minimaliste, dénué d'une vraie touche créatrice. Tout l'inverse de son attitude au micro. Les choses vont mieux quand il partage les taches avec ses collègues sur une bonne moitié de l'album, mais ça n'atteint pas des sommets non plus... loin de là.
A coup sûr, son énergie et son temps sont plutôt passés dans ses textes au vitriol où il continue de nous emmener dans les tréfonds de son esprit entre critiques acerbes de l'industrie du disque, délires égocentriques, fantasmes sexuels et trips insensés. Tout ça fleure bon le freestyle hors-piste, même si on ne peut pas dire que Keith amène grand chose de nouveau à sa formule déjà éprouvée. En tout cas, son flow off-beat indescriptible satisfera tous ses adeptes et continuera d'attirer tous les nouveaux auditeurs un peu aventureux.
Mais, au bilan, ce "Spankmaster" n'est pas une grande livraison pour Kool Keith, faute d'instrus à la hauteur, et il vaut mieux se replonger dans "Masters of Illusion". On mettra cette petite déconvenue sur le compte d'un planning trop chargé et on attendra le prochain album pour retrouver un Black Elvis en plus grande forme...
Cobalt Août 2001