Jeune producteur français de 29 ans, Mr Flash a collaboré entre autre à l'album de TTC, il vient de sortir son nouveau maxi "Radar Rider" en ce début d'année 2003 (en attendant l'album). Déjà auteur du fameux "Voyage Fantastique EP" en 2001 ; Flash étonne encore. Découverte avec ce producteur de génie…
Hip-Hop Core : Peux-tu nous retracer ta rencontre avec le hiphop et la production ?
Mr Flash : Je fais de la musique depuis quelques années. J'ai d'abord commencé par jouer de la batterie vers 12 ans puis j'ai fais un peu de conservatoire et de piano classique. Avec mon frère, qui avait des vieux synthés analogiques à l'époque, on se réunissait avec d'autres potes les week-end pour des boeufs interminables. De part mon parcours musical et après avoir successivement écouté de la cold wave, du ska, du punk, du rock, de la new wave et d'autres bizarreries électroniques début 80, je me suis plongé dans le hiphop parce que c'est ce qui à ce moment précis me parlait le plus. Après avoir bossé dans le cinéma comme machino et électro pendant plusieurs années j'ai décidé d'arrêter fin 97 pour me consacrer à la musique. J'avais hérité d'un vieux Roland W30 de mon frère puis je me suis acheté un Akai un peu plus performant et j'ai commencé à travailler. J'ai tout de suite été attiré par la composition, la façon dont les morceaux de hiphop étaient crée. Par cette "facilité" d'accès à la musique qui était donnée aux novices notamment avec l'arrivée des sampleurs. J'ai tout de suite préféré laisser le rap aux spécialistes. Je n'ai ni le talent, ni le timbre de voix assez remarquable pour cela. J'ai donc choisi un alias, Flash, en référence au personnage de Flash Gordon que j'aimais bien pour son univers bandes dessinées SF rétro, sa mise en plis blond platine très smart, ses collants bien moulés très saillant et sa façon très désinvolte de toujours sauver le monde des griffes de l'Infâme in extremis. Je voulais m'éloigner de certains clichés que pouvaient véhiculer le milieu du hiphop.
Aujourd'hui ce que j'aime c'est raconter des histoires. Lorsque je travaillais sur des plateaux de tournage je participais à la création de ces histoires et puis un jour les histoires que l'on racontait ne me faisait plus rêver alors j'ai arrêté et j'ai changé d'outils sans changer la manière. J'essai toujours de raconter des histoires mais avec des sons... qui éveillent des images.
HHC : Tes instrus sont assez électro, sonnent très moderne, c'est ta marque de fabrique?
F : L'électro n'est pas ma marque de fabrique. Dans l'album de TTC par exemple, à l'écoute de 'Champagne Sans Bulle' ou même de 'Pollutions' ce n'est pas électro du tout. Je ne suis pas dans un style ou un autre j'essai simplement de faire le mieux, au meilleur moment. Le tout étant que cela s'inscrive dans une logique, un concept, une idée, une image que j'ai dans la tête.
HHC : Te sers tu de "vrais" instruments ou juste de samples ?
F : J'utilise de véritables instruments (comme des vieux synthé, piano, batterie et un tas de petits effets vintages) et de samples que j'extirpe de ma collection de disques.
HHC : Quelle est ta conception du rap ?
F : Je n'ai pas une vision spécifique du rap. Je pense simplement qu'il doit être bon ou réussi dans son genre. L'expression "hardcore" et l'utilisation qui en est faite ne m'intéressent pas. Si par hardcore tu entends "dur" je te répondrais que la vie est dure, chiante et parfois dégueulasse et que la musique doit des fois survoler au-dessus de tout ça pour donner autre chose aux gens que du désespoir et de la rage. Donner le meilleur de soi-même pour les personnes qui t'écoutent c'est toujours le plus important.
HHC : Tes inspirations ?
F : Mes inspirations musicales me viennent principalement de la musique des années 70/80. Bowie, Prince, AC/DC, Sun Ra, Herbie Hancock, Miles Davis pour les plus connus jusqu'aux artistes les plus improbables qui ont réalisé des albums, voire un seul morceau génial, dans leur cave!
Mes autres inspirations me viennent du cinéma et de certains programmes télé. Le cinéma expressionniste des années 20 ("Le cabinet du Doc Caligari" de Robert Wiene, les films de Fritz Lang et de Murnau), les films de Cassavetes et d'Antonioni ("Husbands", "Blow Up"...), Michel Audiard ("Les Tontons Flingueurs"), les premiers De Palma ("Phantom of the Paradise" en particulier), tous les films de David Lynch et les programmes télé pour enfants de la fin 70 début 80 comme "Rue Sésame" et "L'Ile aux Enfants". Merci à Lucien Adès dont les disques Petit Ménestrel ont bercé mon enfance et Christophe Izard pour ses émissions géniales!
HHC : Est-ce que tu penses que le hiphop instrumental peut délivrer un message tout comme les mots ?
F : Il me semble que le hiphop instrumental n'est rien d'autre que de la musique tout simplement. Le terme hiphop instrumental ne recouvre pas grand chose a part qu'il est fait par des gens qui appartiennent au milieu du hiphop et qu'il n'y a pas de rap dedans. Partant de ce principe la musique électronique, et donc le hiphop, comme n'importe quelle autre musique, peut exprimer des émotions. Et je pense d'ailleurs que c'est bien là ce qui réuni toutes les musiques... l'émotion. Que ce soit la joie, la tristesse, la révolte, l'amour. Toute musique est une émotion. A un moment donné, conçu, éprouvé par la personne qui la conçoit. Tout peut passer par la musique. Pas de manière aussi significative et expressive qu'avec des mots sûrement, mais de manière plus subtile peut-être.
HHC : Des avis sur :
- La scène indépendante française et/ou américaine
F : Je ne connais pas la scène indépendante francaise. La scène indé US type Anticon, Sage Francis et autres n'est pas ma came. Par contre j'aime beaucoup Paul Barman, certains trucs de MF Doom, PUTS, Automator.
- L'aspect commercial qu'a pris le rap
F : Tout ce qui sort est par définition commercial, en tout cas je l'espère, parce que si le but c'est de faire le plus inaudible pour vendre 2 CD's et que même les enfants te jettent des pierres je vois pas vraiment l'intérêt de faire de la musique. Ce qui vend beaucoup peut être très bien ou très mauvais suivant l'intérêt de chacun. Personnellement je ne suis fan ni de Busta ni de Fat Joe (sauf a l'époque de Leaders Of The New School ou de "Represent" le 1er album de Joe) mais qui peut se targuer dans le hiphop d'être là, comme eux toujours en place depuis tout ce temps?
- Beastie Boys ?
F : Enfin pour ce qui est des Beasties, j'étais fan (surtout de "Paul's Boutique" et "Ill Communication") mais leur dernier morceau sur l'Irak ('In A World Gone Mad') est bel et bien une daube. Je crois qu'on peut le dire hélas... (NDLR : Je confirme)
HHC : Ton beef avec TTC… ?
F : Je ne sais d'où vient cette idée mais il n'y a aucun "beef" avec TTC. Et il n'y en a jamais eu. S'il y a une allusion au fait que nous ne travaillions pas ensemble ou que l'on ne nous voit plus ensemble c'est tout à fait logique puisque j'ai déménagé dans le sud depuis 2 ans pour changer d'horizon, monter mon propre studio et ne croise pas Teki, Cuizi et Tido aussi spontanément qu'avant. Ceci expliquant cela.
HHC : Tu es un fouineur comme DJ Shadow, mais rassures-nous, tu ne samples pas Demis Roussos ?!?
F : Pas Demis Roussos précisément, mais d'autres choses un peu plus obscures... Des disques pour enfants, du jazz turc, de la pop chrétienne, des B.O. thaï et même des disques promo des années 70 sur les vibromasseurs et leurs utilisations.
HHC : Des rumeurs circulent disant que tu aimes le poulpe, oui, mais avec quelle sauce ?
F : Le poulpe c'est foutu. Les calmars à l'Armoricaine de derrière les fagots, fini. Les calmars sautés à l'ail et au persil, fini. Les calmars au coin du feu, fini. Maintenant l'heure est à la Cassoulade Rémoulée. La potée fine et savoureuse qui saura réunir tous vos convives autour d'une tablée chaleureuse.
Si vous aussi vous avez des recettes fameuses, n'hésitez plus un instant... faites les nous partager sur www.mr-flash.net.
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