James Delleck

Bien qu'il soit encore assez méconnu d'une grande partie du public hip hop, James Delleck n'en est pas pour autant un débutant, à la fois MC et producteur français, il a déjà 10 ans de carrière derrière lui. Et pourtant ce n'est que cette année que sort son 1er EP intitulé "Acouphène" sur le label Kerozen. C'est donc James Delleck qui inaugure la section interview d'Hip Hop Core, on lui a posé quelques questions et voilà ce qu'il nous répond.



Hip Hop Core : Qu'est-ce que tu penses de la tournure qu'a pris le hip hop en France.



James Delleck : C'est la conjoncture de pleins de choses qui font que le hiphop s'est transformé en rap français, cette chose sans âme, uniforme et conformiste ! La tornure qu'a pris le hiphop en France a deux pôles principaux, le coté des "artistes" et le coté du "métier".
Les "artistes" se sont formatés tout seul en faisant ce que l'on attendait d'eux. Il faut être à la mode du moment pour passer à la radio, vendre des disques et s'acheter sa BMW, etc… alors la qualité artistique des textes et de la musique sont très loins des préocupations des rapeurs français !
Le "métier" a poussé à tors et à travers dans un vivier d'énèrgie de banlieux pour y fabriquer des produits de grande consommation pour ados "rebelles" ! Donc il ne faut pas que la musique soit trop recherchée ni que le discours soit compliqué, et qu'il represente physiquement (en survette et polo croco…) cette couche défavorisée de la societé que sont les banlieux, comme ca on ne peut pas dire qu'on ne fait rien pour eux, qu'on ne s'intéresse pas à leurs problèmes = "tiens voilà vous vous avez votre musique le rap et le raï mais n'allez pas vers sciences po, avocat, chef d'entreprise et surtout ne débordés pas du cliché ou cadre dans lequel on vous a mis, c'est plus simple pour tout le monde" ! Renforcé par les tout puissant médias et le tour est joué ! Rap = racaille = imbécil = en survette = ne sachant pas parler = délinquant = qui fait peur aux vielles et excitent les bourgeoises = etc… Le probléme de cliché qu'on les français du rap est des jeunes qui en font est très grave, emplifié par les médias, tout ces petits cons qui jouent les kaïdes on salit les banlieux, on salit le hip hop et même la France, il n'y a qu'a voir les éléctions présidentiel, et la névrose sécuritaire dont a été prise la France dans sa globalité !



HHC : Qu'en est-il de la nouvelle scène hip hop française ?



JD : Elle est encore ambrillonaire, ignorée , refusée, crainte et incomprise ! Mais toute fois elle est pour l'instant unie, sollidaire, créative et combative ! Elle est surtout très diversifiée et c'est ça sa force et son plus grand défaut, parce qu'en France tu dois rentrer dans une case pour être compris.



HHC : Tu crois que le hip hop français se rapproche de plus en plus à celui US au niveau underground ?



JD : Je pense sans aucun complexe que la scéne néo hip hop française apportera quelque chose d'important au reste du hip hop mondial (carrément !) je ne parle pas de niveau je pense juste que certain groupes ou artistes français auront assez de personnalité et d'originalité pour impréssioner tout le monde, français comme US ! Il n'y a pas 2 TTC, ni 2 La Caution, ni 2 Klub Des Loosers, ni 2 James Delleck…





HHC : Est-ce que le rap commercial est en train de prendre une importance qui risque d'écraser l'indé ?



JD : Mais non au contraire plus il y aura du rap commercial et pauvre en intérêt plus il y aura un contre courant fort ! C'est un cycle naturel, bien/mal, matière/anti-matière, TF1/Arte, PC/Macintoch…
Mais cela n'empêchera pas dans 2 à 4 ans que toutes les majors voudront leur groupe de rap bizarre, alors il y aura tout et n'importe quoi ! De vrais groupes qui auront une vraie histoire et un réel talent et des convertis de dernière heure qui feront ça en suiveurs, alors qu'ils crachaient sur le premier album de Co-Flow et qui en plus seront plus manipulable pour les maisons de disques !



HHC : Un de tes morceaux "Aère" et un featuring avec Hustla pour "PGS" apparaissent sur la compilation "Project Chaos" sorti par waxexpress. Comment s'est faite la connection entre toi et waxexpress ?



JD : Le plus simplement du monde, Buscemi de waxexpress nous a tous plus ou moins contacté par mail et nous nous sortions de la fameuse mix tape "Antre De La Folie" et nous pensions qu'une compile avec un bon tracklist pourrait tous nous servir, aux artistes et à waxexpress et aussi nous avions sentis une grosse volonté de sa part de faire un disque de qualité. Alors nous nous sommes impliqués dans cette aventure .



HHC : Quels sont les artistes et types de musique qui influencent ta musique ?



JD : Mes goûts sont éclectiques et vont de Bjork en passant par Redman, Aphex Twin, MF Doom, Squarepucher, El-P, la musique de film, (les murs de ma cité quoi, t'as vu neuf quatre po po po !) le cinéma, la télé, les bull terriers, etc…



HHC : Avec quel(s) artiste(s) hiphop US aimerais-tu collaborer ?



JD : Aesop Rock, Sir Menelik, Buck 65 mais je laisse ça à TTC, un groupe international qui parle anglais !



HHC : Les rappeurs qui pensent : "Je suis underground, je suis dans la marge, il faut sauver le hip hop de merde" et cette phrase de J-Zone : "Trop de politique, pas assez de musique. Le marché est saturé, aussi". Qu'est-ce que ca t'inspires ?



JD : Je ne sais pas moi je suis underground parce que je ne vend pas beaucoup de disques et je ne le serais plus quand j'en vendrais et je ne me met pas en marge, ils (le public rap français, les médias et maisons de disques…) me classent en marge parcequ'ils ne comprennent pas tout encore ! Il faut continuer à faire sa musique quoi qu'il arrive quoi qu'on en disent ! Le marché est saturé… mais par la merde. Mais je ne veux pas la mort du rap existant pour le renplacer par le notre, tous avons le droit de faire ce que l'on pense être bon, alors plus de parité entre eux et nous ne ferait pas de mal à ce rap terne et sans couleurs, pour moins d'uniformité.



HHC : Tu préfères manger chinois ou cantonais ? Si c'est chinois quel type de sauce pour les nems ?



JD : Je suis ris penang (épicé) avec du poulet au citron très citroné, un coca, une gentille fille a forte pointrine qui aime les rapports charnels… enfin pas douillette quoi (rires) ! Excusez-moi de ce dérapage mais l'été arrive !



Interview de MC23
Juin 2002

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