Emanon

Emanon, ce nom ne vous dit rien ? Et bien vous n'allez pas être déçu. Ce groupe constitué de Aloe Blacc et Exile ont sorti un EP "Anon And On "tout droit sorti de chez Ill Boogie pour leurs fameuses Earplug Series de très grande qualité. Hip Hop Core a voulu en savoir plus sur ce groupe et sur leurs futurs sorties.

Hip Hop Core : Est-ce que tu peux te décrire un peu pour tous ceux qui ne te connaissent pas encore ?



Aloe Blacc : Je suis Aloe Blacc, emcee/producteur d'Emanon. Exile, mon partenaire au sein du groupe, est deejay et producteur. On vient du sud de la Californie entre Los Angeles et San Diego. On touche un peu à tous les types de musique... mais on fait principalement du Hip-hop depuis 1995.



HHC : Ok. Quels sont les chansons ou les événements qui vous ont fait découvrir le hip-hop et vous ont donné l'envie d'être une part intégrante de cette culture ?



A.B. : En 1984, j'ai commencé à faire du break dans mon quartier et depuis je suis toujours resté dans le Hip-Hop. Pour Exile, c'est un peu la même chose : il a commencé jeune. Mais lui, c'était plutôt au travers des disques et du graffiti qu'il est entré dans le milieu.
Quand j'ai eu 7 ou 8 ans, j'ai arrêté de danser pour me mettre au rap et depuis ce jour je n'ai pas arrêté d'écrire. Plus tard, Exile a commencé à faire des beats pour mettre sur ses mix-tapes et il s'est mis à la recherche d'un rapper pour poser sur ses compositions. Un ami commun nous a mis en contact et on a commencé à faire de la musique ensemble.



HHC : Ca fait donc un sacré bout de temps que vous êtes dans le Hip-hop !



A.B. : Ouais. On a grandi avec ça et c'est une part de nous-mêmes. Mais on utilise aussi le Hip-hop pour en apprendre plus sur d'autres musiques. Notre objectif, c'est d'intégrer le meilleur de ces musiques dans notre sauce afin d'enrichir le Hip-hop.



HHC : Quels sont vos projets ? Je crois savoir que vous bossez sur quelque chose avec le crew Dream Sequence…



A.B. : En effet, Exile est en train de finir une compilation. Il y aura des morceaux avec les emcees de Dream Sequence et les beats d'Exile. D'autre part, Exile et DJ Day d'Innernational Crew ont fait un album de DJ. C'est plein de styles nouveaux, que personne n'a jamais touché auparavant, où la musique et le turntablism sont fusionnés.



HHC : Et qu'en est-il de tes projets ?



A.B. : Je suis en train d'enregistrer mon album solo "Get Blacc" et, au sein d'Emanon, je travaille sur notre premier Lp "The Waiting Room".



HHC : Tous ces projets ont l'air vraiment intéressants. Vous avez beaucoup de projets en cours en tout cas…



A.B. : Presque tout est fini. On a juste besoin de peaufiner quelques trucs. On veut vraiment que les gens ait assez de musique d'Emanon et de Dream Sequence pour tenir une vie entière.



HHC : Quand est-ce que ce sera prêt ?



A.B. : "Get Blacc" en Décembre; la compilation "Dream Sequence" en Novembre; "The Waiting Room" en Janvier ou Février et "A Day In Exile" en Février/Mars.



HHC : Une avalanche de bon son en perspective donc… Sinon, avec qui aimeriez-vous travailler ?



A.B. : De La Soul, Common, O.C., Slum Village et Jay Dee, Q-Tip, Pharoahe Monch… En gros, tout ce qui se rapporte à la famille Native Tongue. Mais aussi, Lootpack, Oh No… Et je veux définitivement retravailler avec les Jazz Liberators.



HHC : Tu crois qu'il serait possible d'avoir un jour un titre Emanon feat. Q-Tip ?



A.B. : Ca se pourrait d'ici un ou deux ans si Q-Tip est d'accord pour bosser avec un budget d'indépendant… A moins qu'on obtienne un deal sur une major.



HHC : Quelles sont vos relations avec le label Ill Boogie ?



A.B. : Ill Boogie nous ont demandé de réaliser un EP pour la série "Earplug" qu'ils sortent. On leur a donné plus de chansons que prévu parce qu'on voulait vraiment représenter Emanon et Ill Boogie de bonne manière. Il se pourrait d'ailleurs qu'on retravaille avec Ill Boogie dans le futur.



HHC : Cool. La série Earplug est mortelle, soit dit en passant. Est-ce que tu peux nous dire ce qu'est exactement Dream Sequence ?



A.B. : C'est un crew de hip-hopers. Ca a commencé avec plein de graffers, de danseurs, de deejays et de rappers et maintenant ça à évoluer vers un côté plus musical, plus production. On a créé l'équipe de production Dirty Science. On fait de très bonne musique… quel que soit le genre.



HHC : Quels sont tes sentiments sur l'état actuel du Hip-Hop avec tous ces "beefs" et l'omniprésence du hip-hop commercial ?



A.B. : Je pense que les "beefs" sont un aspect nécessaire du hip-hop… mais ils devraient rester professionnels. Les batailles devraient plus reposer sur le emceeing pur et pas sur l'esbroufe. Il y a toujours eu un esprit de compétition dans le Hip-Hop. Que ce soit au niveau du B-Boying, du emceeing, du graff… Tu dois toujours faire tes preuves. Les battles ne sont donc pas un problème mais elles doivent reposer sur les "skills" des rappers.
Pour répondre à la seconde partie de ta question, l'aspect commercial du hip-hop est pourri mais il rend l'underground plus fort. Il aide aussi parfois certains rappers underground à toucher un plus large public et à montrer au monde entier qu'il y a encore du talent si on veut bien aller le chercher. Le seul truc qui me met en rogne, c'est qu'en les médias foutent le label "Hip-Hop" sur toute cette merde commerciale… Parce que ce que les artistes commerciaux font ne fait en aucune partie de notre culture. C'est plutôt du Hip-Pop.



HHC : Tout à fait d'accord avec toi.



A.B. : Je suis sérieux. Ils ne disent jamais rien de sensé et ils rabachent tous les mêmes conneries. Tout pourrait aller mieux mais les dirigeants des labels signent toujours ce qu'ils considèrent comme le plus rentable. Malheureusement, comme ces dirigeants ne font pas partie de notre culture, ils ne savent pas reconnaître le vrai talent… Tout particulièrement aux Etats-Unis.



HHC : Que penses-tu des liens entre la musique et Internet ?



A.B. : Je pense que les gens devraient partager la musique. Mais s'ils obtiennent gratuitement des morceaux d'un artiste et qu'ils les apprécient, qu'ils essayent au moins d'aller acheter son prochain album… et qu'ils essayent surtout d'appeler leurs salles de concerts pour les encourager à inviter cet artiste. A la limite, je me fous des gens qui downloadent du son tant qu'ils sont prêts à payer pour aller voir les artistes en concert.
Dans un monde parfait, la musique devrait être gratuite, comme l'air et le vent… C'est une part de notre âme… Mais on a besoin de se nourrir alors on doit de faire de l'argent… Et un concert, c'est la meilleur endroit où un artiste peut obtenir de l'argent, vu que les labels l'entube souvent sur les ventes de disques.



HHC : Quand est-ce que tu comptes revenir faire un (ou des) concert(s) en France ?



A.B. : Je serai de retour en 2003… Je ne sais pas encore la date précise mais je veux venir partager mon album solo et l'album d'Emanon avec mon public.



HHC : On sera là. Tu aimes la France ?



A.B. : La France est géniale ! La dernière fois que je suis venu, je me suis bien amusé. Surtout avec LancePierres Productions comme hôtes.



HHC : Qu'est-ce que tu écoutes ces jours-ci ?



A.B. : J'écoute des trucs des années 70… de la soul, de la musique brésilienne. Pour ce qui est du hip-hop, j'écoute Slum Village. Un peu de musique classique aussi. Un peu de folk.



HHC : Pour finir, as-tu quelque chose à dire aux visiteurs d'Hiphopcore.net ?



A.B. : Allez voir www.emanonhiphop.com. Le site va être bientôt prêt et ce sera le meilleur endroit pour trouver des infos sur Emanon, Exile, Aloe Blacc et le crew Dream Sequence… Et appelez les promoteurs et les salles de concerts pour demander un concert d'Emanon.



Propos recueillis par Blaze
et traduits par Cobalt
Octobre 2002

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