D.I.T.C.

C'est lors du Festival "Royal Open Air" que nous avons pu rencontré trois légendes du rap New-Yorkais : Lord Finesse, Diamond & A.G., la frustration était au rendez vous car trop de questions et trop peu de temps pour pouvoir toutes les poser, entretien éclair dans un van wolkswagen quelques minutes avant que les dinosaures ne montent sur scène.

Hip-Hop Core: Vous aimez jouer en Europe ?



Lord Finesse: En Europe le public nous prête plus d'attention. Les gens sont plus à fond dans la culture hip hop tandis qu'aux Etats Unis c'est le tube du moment qui compte le plus, les européens s'interessent à l'évolution du truc, aux pionniers du mouvement, à l'histoire. L'esprit originel est encore vivant ici, il n'est pas nécessaire d'avoir un hit pour attirer le public aux concerts.



HHC: Vous êtes aussi très apprécié au Japon.



Lord Finesse: Je suis ouvert à toutes les cultures, j'aime découvrir de nouveaux pays. Les premières fois où je suis allé au Japon et en Europe je me suis senti comme chez moi quand j'ai vu l'amour que les gens portent à la musique et le respect qu'ils ont de la culture. Notre musique a toujours été appréciée au Japon. Les Etats Unis sont saturé de toute sorte de musique, tandis qu'ici et au Japon on sent que les fans savent reconnaître la vraie musique. Aux USA le public n'est pas fidèle envers les artistes comme peuvent l'être les Suisses ou les Anglais. Ca nous touche que des gens de différentes couleurs, de différentes cultures et de différentes nationalités aiment ce qu'on fait, et nous suivent depuis nos premiers albums. Si je demande au fan américain moyen ce qu'il pense de mon premier album il ne le connaîtra sûrement pas, même si il adore le nouveau.



HHC: Comment s'est formé D.I.T.C. ?



Diamond : Finesse, Showbiz et moi avons tous grandit dans le même quartier, A.G. habitait à dix minutes de là. Adolescent on se voyait tout le temps, on était les uns chez les autres pour écouter de la musique et discuter. J'ai été le premier du groupe à signer avec une maison de disque. Avec Master Rob je formais le groupe Ultimate Force, et nous avons signé avec Strong City Records le label de Jazzy Jay de la Zulu Nation. Une fois que j'ai pu mettre le pied dans la porte du système j'en ai fait profiter les autres. On faisait déjà des démos ensemble avant, mais sans que ça ne rapporte rien. Le premier projet sérieux sur lequel on s'est tous retrouvé c'était le premier album de Lord Finesse.



HHC: Quelle est la différence entre Diggin In The Crates et Wildlife, votre nouveau crew ?



Lord Finesse : Il n'y a pas vraiment de différence. Personnellement j'aime toujours Diggin In The Crates, c'est ce que je suis et ce sera toujours comme ça. Les gens comme vous nous associent toujours à Diggin In The Crates et vous vous intéressez toujours à ce qu'on fait, mais avec le temps aux Etats Unis quand on dit Diggin In The Crates, les gens pensent qu'on est des vieux gars, alors pour les surprendre on a changé le nom en Wildlife et on a de nouveaux rappeurs avec nous : Party Arty, D Flow, A Bless, et Milano aux débuts. Le changement de nom c'est aussi le moyen de les mettre en avant. Pour ceux qui pensaient que Diggin In The Crates vieillissait, voilà la nouvelle génération. On ne change rien mais on se rajeunit. On est tous là depuis 1989, c'est normal que les gens se lassent. Mais on n'essaie pas de sortir des disques tous les trois mois, on met trois ou quatre ans pour faire un album, c'est comme ça qu'on arrive à faire de la musique de qualité. On laisse mariner, on prend notre temps pour faire des choses différentes, nouvelles. Mais je n'aime pas quand on dit que je suis vieux, à ce moment là Mos Def aussi est vieux, Jay Z est vieux, Nas est vieux, DMX, Gangstarr, on a tous commencé à la même période, on a le même age.



HHC: Est-ce que ca ne veut pas dire que le crate digging est une chose du passé ?



Lord Finesse: Non ça reste la base. Il y a tellement de sons et de disques à sampler que le diggin ne peux pas vieillir. On fait de la musique de qualité, ce n'est pas parce que les autres font des beats à base de claviers qu'on va le faire.



HHC: Finesse et Diamond, vous apparaissez tous les deux sur le DVD "Deep Crates", avec Buckwild et Show. Quel est le but de ce film ?



Lord Finesse: Ca a été réalisé par un crate digger canadien qui s'appelle Jérémy, il a eu l'idée de faire un documentaire où il interview plein de collectionneurs et de crate diggers. Grâce à ça les gens qui veulent s'y mettre pourront voir ce qui s'est passé avant, ils peuvent un peu profiter de l'expérience de vétérans comme Diamond ou Ogee, et tout les autres. Ce sont les producteurs qui ont fait l'age d'or du hip hop du début des années 90. On se levait à 5 ou 6 heures le matin pour être sûr de ne rien rater à la Convention du disque de Roosevelt. C'était la convention idéale : cinquante ou soixante vendeurs venus du sud, de Boston, de Long Island, du New Jersey... leurs stands proposaient tout les styles de musique, on y a trouvé d'innombrables batteries, samples, boucles de soul, de James... C'était dingue, on était sûr d'y croiser Q-Tip, Mr Walt, Large Professor, Pete Rock, les Beatnuts, PM Dawn... On entrait dans le bâtiment et on voyait tout ces passionnés de musique fouiller les bacs les uns à coté des autres. Il n'y a plus de convention comme la Roosevelt Convention.



HHC: Diamond, David Axelrod t'a fait l'honneur de donner ton nom à un de ses morceaux sur son dernier album. Qu'est-ce que ça fait ?



Diamond: J'ai eu David au téléphone il n'y a encore pas si longtemps. Il m'a dit qu'il était fan de ma musique et qu'il avait été impressionné par le remix de 'Soul On Ice' que j'avais fait en utilisant une de ses compositions.



HHC: Sur ton album "Hatred, Passion & Infidelity" tu as eu des soucis pour déclarer certains samples...



Diamond: Non, en fait le seul était un sample de la chanteuse Amel Larieux de Groove Theory. Ca a prit beaucoup de temps pour le clearer, mais c'est le jeu quand on fait un album, ça peut parfois être très long pour obtenir les autorisations, certaines fois un mois, d'autres trois. Ca a reculé d'autant la sortie du disque.



HHC: Est-ce pour ça que les samples sont moins utilisé qu'avant au profit des claviers ?



Diamond: Oui, mais depuis le succès de Just Blaze, Kanye West et Jay Dee, la tendance s'inverse. Récemment on m'a appelé pour produire des titres sur les albums de Goodie Mob, DJ Muro, et Busta Rhymes.



HHC: Finesse, comment en es tu venu à travailler sur l'album de Dr Dre ?



Lord Finesse: J'ai eu la chance de produire 'The Message' sur son propre album, avec Mary J Blige. C'est arrivé par le biais de Mel Man. Ce titre était prévu pour mon second album pour le label Penalty, qui a fermé ses portes. C'était le morceau préféré de Mel Man, il l'écoutait en studio quand Dre l'a entendu et lui a demandé s'il pouvait utiliser l'instru pour son album. Alors il lui a dit "c'est un morceau de Lord Finesse". Ensuite ils m'ont contacté et même si le morceau était prévu pour mon album personne ne peut dire non à Dré ! Quoi qu'il arrive je savais que ça me rapporterait vingt fois plus que si je le gardais ! Plus sérieusement j'ai été très flatté en tant que producteur, venant de la part de quelqu'un qu'on admire c'est extrêmement gratifiant. Je suis très chanceux d'avoir pu travailler avec lui, c'est l'un des plus grands producteurs et je suis quasiment le seul à avoir produit un morceau pour lui. C'est comme si Quincy Jones me demandait de le produire. J'ai aussi eu la chance de travailler avec Roy Ayers et de produire Notorious BIG.



HHC: Où en est ton album de remix de "Funky Technician" ?



Lord Finesse: Ca prend un tout petit peu plus de temps que prévu, parce que je veux que le projet soit de qualité. DJ Premier a remixé 'Keep The Crowd Listening', ensuite il y a DJ Spinna, Madlib, Large Professor... Il reste Alchemist qui ne m'a pas encore rendu son remix et Rockwilder. Ensuite il faut que je réenregistre un couplet pour le remix de Marley Marl, Pete Rock m'a fait un instru sur lequel je vais enregistrer avec O.C., pareil pour celui de Buckwild sur lequel je fais le morceau avec AG. Ce sera un double album : il y aura d'une part des remixes avec les vocaux originaux, des remixs bonus de 'Shorties Kaught In The System' et 'You Know What I'm About', ainsi que ces deux nouveaux morceaux produit par Pete Rock et Buckwild. Et d'autre part tous les instrus d'époque de l'album.



HHC: Tu as des nouvelles d'AK Skills ?



Lord Finesse: Je crois qu'il a été incarcéré pendant un moment. Je lui ai parlé depuis mais on ne s'est pas trop vu. Je ne sais pas s'il est toujours avec Tru Criminal, mais j'aime bien travailler avec lui. Si l'occasion se présente je referais des morceaux avec lui. C'est un mec bien.



HHC: On sait que tu es aussi DJ, as-tu des mixs prévus ?



Lord Finesse: Il y a eu le mix pour Blue Note, j'ai fait une cassette avec Muro, la "King Of Diggin 5". Il veut que j'en refasse une autre avec lui, mais j'ai pas trop envie de révéler les samples de mes morceaux, ou pire mes disques préférés que je n'ai pas encore samplé ! Je veux pas que d'autres producteurs achètent le CD et samplent directement dedans ! Je continue à mixer régulièrement, la semaine prochaine je mixe avec 9th Wonder à Los Angeles. J'ai beaucoup appris grâce à Diamond, j'ai passé des heures sur ses platines, c'est lui qui m'a fait découvrir James Brown quand je séchais les cours pour aller écouter des disques chez lui.



HHC: Tes James préférés ?



Diamond: Escape Ism et Black Man Can See.



HHC: Et tes breaks préférés ?



Diamond: All Directions - 'On Top Of It'



HHC: Le dernier disque que tu as acheté ?



Diamond: Billy Brooks. Je l'ai trouvé au Japon, je ne voulais pas avoir une réédition et je l'ai finalement trouvé.



Interview de SoulFood, Slurg et Bachir
Septembre 2004

Merci à Samira pour les photos, 2Barao et Nicolas du Royal Open Air.

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