"Les maquereaux ne paient pas d'impôts". Ce troisième album sorti en 2001 fait suite aux précédents Ep's devenus indispensables "Music For Tu Madre" (1999) et "A Bottle Of Whup Ass" (2000), est bien plus que le best of prévu par l'artiste. En effet, hormis deux morceaux empruntés à son second Ep precité ('No Consequences' et '190'), J-Zone, mc-producteur-dj new-yorkais, nous propose une belle palette d'inédits et comme à son habitude nous gratifie de plusieurs skits sympathiques, emprunts de l'humour cynique, du sarcasme et de la misogynie décalée dont fait souvent preuve le bonhomme (une ode à la masturbation sur 'Stroke Happy'.)

Une fois de plus, Zone est accompagné de ses comperes du "Old Maid Billionaires" crew, Huggy Bear (alias "Thug Penis") et Al-Shid, très prometteurs. Le trio s'amuse sur 23 plages nous enchantant avec des morceaux aussi bien ficelés que 'The Bum-Bitch Ballad', 'The trojan war' ou 'Jailbait Jennifer'. La méthode employée par J-Zone reste sensiblement la même que sur ses sorties précédentes et, bizarrement, on n'a pas envie de s'en lasser tant le résultat est frais, original et intéressant.

Tout y est dérision. Du titre des morceaux ('I'm Fuckin'Up The Money') jusqu'aux samples machos ("Hey, What About Me ? You're Nothing But A Bitch") illustrant l'influence non dissimulée de Prince Paul. Notons le skit délirant 'The J-Zone Fan Club' sur lequel assène ses détracteurs de plusieurs "Fuck You Too". Unique.

Mais outre cette ambiance délirante, les productions sont brillantes pour la plupart, accordéons et violons nous transposent dans un univers "forain", festif, rempli d'une fraîcheur qui fait trop souvent défaut sur un album de rap ('County Check Pimpin' en est l'exemple le plus représentatif).

Les thèmes abordés ne font que confirmer le délire de J-Zone qui ne cesse de nous narrer ses loufoques aventures amoureuses et de lubriques anecdotes faisant de l'album beaucoup plus qu'une simple suite de tracks.
Les emcees sont provocateurs, désinvoltes, irritants mais résolument talentueux. Shid et Huggy nous montrent leur potentiel avec pour chacun d'eux un morceau solo et des apparitions intéressantes qui préfigurent de très bonnes sorties.

"Pimps Don't Pay Taxes" nous montre donc toute l'étendue du talent de J-Zone qui ne semble pas en être à son dernier coup d'éclat tant l'artiste est productif (productions diverses autour de la Eastern Conference, sorties des maxis de ses protégés de Old Maid Entertainment et préparation d'un nouvel album pour l'été 2003) et complet. L'album est une réussite, un essai transformé avec brio, il sort des sentiers balisés du "hiphopment correct" et est certainement une des meilleures sorties de cette fructueuse année 2001.

Kreme
Janvier 2003