Science Fiction

L'an passé Science Fiction nous avait agréablement surpris avec son album instrumental "Walls Don't Exist". Après le EP "Broken Jazz 101", il revient sous son véritable nom Wale Oyejide pour son second album "One Day Everything Changed" qu'il veut plus accessible. English version



Hip Hop Core: Y a t'il une différence entre Science Fiction et Wale Oyejide?



Science Fiction: Eh bien, la différence la plus évidente, c'est que la musique faite sous le nom de Wale Oyejide est complètement différente de ce que j'ai pu faire sur le projet Science Fiction. "Walls Don't Exist" était plutôt un album instrumental. "One Day Everything Changed" est orienté vers les gens, plus accessible, plus facile à écouter. Je voulais faire une musique dans laquelle tout le monde puisse se retrouver et à laquelle chacun puisse se rattacher. D'autre part, il y avait un certain nombre de problèmes dont je voulais parler.



HHC: Tu es du Nigeria, le berceau de l'afro beat, du juju… Peux tu nous expliquer brièvement ce qui caractérise ces musiques?



SF: La musique africaine est globalement beaucoup plus centrée sur le rythme, et je voulais prêter une attention toute particulière à ça. Les mots font peut-être écouter les gens mais ce sont les percussions qui les font bouger. Donc même s'ils ne sont pas vraiment intéressés par ce que tu dis, le rythme les obligera à bouger et peut-être à écouter…



HHC: Je crois savoir que l'industrie cinématographique du Nigeria est bien développée. T'y intéresses tu? Et aux autres formes d'art au Nigeria et en Afrique de l'ouest en général?



SF: Les films m'intéressent en général. C'est vraiment un domaine que j'aimerais connaître de l'intérieur plus tard. Il y a vraiment beaucoup d'histoires à raconter et je suis sûr qu'il existe un tas de vieilles "fables" et de trucs traditionnels que les gens adoreraient, s'ils pouvaient les découvrir au travers d'un film.



HHC: J'ai lu quelque part que tu as un background plutôt rock n roll. Est-ce que tu écoutes et joue toujours de la musique grunge? Parfois, j'ai l'impression que tu as gardé un coté rock n roll dans ton approche de la musique.



SF: Oui, j'ai commencé la musique en jouant de la guitare et de la batterie dans un groupe qui faisait des reprises de Nirvana. Je ne pense pas forcément avoir encore ce son en moi, mais tu peux toujours entendre cette influence. Par exemple, dans la musique rock, il ne s'agit pas toujours d'avoir la plus belle voix. Tant que tu mets du feeling et de l'intensité dans ta musique, les gens vont l'apprécier. Certaines personnes se sont plaintes des voix sur "One Day Everything Changed" et je suis d'accord, elles sont loin d'être parfaites. Mais j'ai le sentiment que celui qui passe trop de temps à analyser les voix passe à côté de l'essentiel. Si tu veux une voix parfaite, va écouter Marvin Gaye (que j'adore). Si tu veux quelque chose de plus heurté façon broken jazz, écoute moi. Beaucoup trop de gens ont peur d'expérimenter et d'essayer de nouvelles choses.



HHC: Dis-nous en un peu plus à propos de tes influences musicales?



SF: Je suis une personne assez ouverte d'esprit en ce qui concerne la musique. Je pense que ceux qui ne le sont pas ne peuvent pas devenir des artistes accomplis. Donc j'écoute beaucoup de jazz, de soul et de funk des années 70, un peu de rock. Tout ce qui est bon, je lui donne au moins une chance. Mais je peux aussi être assez critique. Le nouvel album est de toute évidence fortement influencé par la musique de Fela Kuti, par l'afro beat. Je suis aussi un gros fan de Sly Stone.



HHC: Te considères-tu comme un producteur, un musicien, les deux?



SF: Je me considère comme un individu qui a reçu un don: une bonne oreille musicale. Je ne suis pas un musicien de formation, mais je pense que j'ai une assez bonne idée de ce que je fais. Pour ce qui est d'être un producteur? Et bien, j'ai fait quelques beats plutôt dopes donc je pense qu'on peut dire que j'en suis un.



HHC: Dans le hip hop, les productions sont souvent centrées sur les batteries. Néanmoins, tu sembles travailler principalement sur les mélodies… Est-ce que c'est ce qui fait la différence entre un beat et une musique?



SF: Je pense que les deux sont d'égale importance. Tu ne peux avoir l'un sans l'autre. Même les chansons les plus minimalistes ont besoin d'une sorte de mélodie. Par exemple, regarde 'Grinding' de The Clipse et des Neptunes. Ils se contentent de rapper sur une batterie. Mais ils chantent quand même sur le refrain.





HHC: Es tu obsédé par la quête du sample idéal? Es tu un gros crate digger?



SF: Honnêtement, le digging ne m'intéresse pas plus que ça. Bien sûr, je sample, mais je suis plus intéressé par les instruments live que je joue par-dessus les samples, au lieu de simplement pomper des boucles. Mais il existe une exception à chaque règle.



HHC: Si tu devais décrire ta musique et peut-être convaincre quelqu'un qui ne la connaît pas d'écouter tes albums, que dirais tu ?



SF: Hum, je dirais que c'est brut. Un petit peu de soul, un peu de funk et parfois une "perspective africaine". Au fond c'est une musique brute et honnête.



HHC: Ta musique parle souvent d'amour et de paix, es-tu optimiste?



SF: Bien sûr. Mais je suis aussi et surtout quelqu'un de réaliste. De toute évidence, nous vivons dans un monde beau et triste à la fois. Je parle simplement de ce qui se trouve autour de moi, et de ce que je peux ressentir.



HHC: A titre personnel, préfères-tu ton travail uniquement instrumental ou les titres vocaux?



SF: A vrai dire, cela ne m'intéresse plus vraiment de faire un travail uniquement instrumental.



HHC: Il y a quelque chose de récurrent dans tes titres, "Walls Don't Exist", "Broken Jazz 101"… Tu sembles inquiet d'être étiqueté (par les journalistes ou les gens de manière générale). Suis-je dans le vrai?



SF: Et bien, aucun artiste n'apprécie être mis dans le même sac qu'un autre. Même si cela est justifié. Ma situation est unique, parce que jusqu'à maintenant il n'y a pas eu beaucoup de disques dans la même veine que les albums que j'ai sorti. Donc j'ai l'impression d'être dans ma propre catégorie. Je ne suis pas en train de dire que je suis forcément meilleur que quelqu'un d'autre, mais je fais vraiment mon propre truc.



HHC: Qui a réalisé le design de tes différentes pochettes et spécialement celle magnifique de "Walls Don't Exist"?



SF: Celle de "Walls Don't Exist" a été réalisée par Paul Walsh et celle de "One Day Everything Changed" par Swash (www.solitaire007.com).



HHC: Pourrais tu nous dire quelques mots au sujet de "The Sounds Of Science" le projet que tu as réalisé avec Lil'Sci de Scienz of Life?



SF: Oh, c'était une mixtape que l'on avait réalisé pour la promotion de "Walls Don't Exist". C'était vraiment un plaisir de travailler avec lui. Sci est vraiment un super emcee et son nouvel album "The John Robinson Project" (produit par Doom) va surprendre beaucoup de gens. Ne le ratez pas au début de l'année prochaine.





HHC: Je suppose qu'étant donné la situation politique actuelle, aux Etats-Unis, il y a un étrange sentiment envers les gens du Moyen Orient. Tu as vécu aux Emirats Arabes Unis pendant des années, quelle est ton opinion sur la situation et la réaction des citoyens américains depuis le 11 septembre?



SF: Il y a des préjugés dans toutes les cultures, tu vas toujours tomber sur des ignorants qui vont juger les événements injustement. Mais je pense que pour la plupart, les américains sont conscients que c'est un groupe restreint de gens qui a commis les actes terribles du 11 septembre et non pas le monde arabe dans son ensemble. Les gens du Moyen Orient sont justes des gens comme toi et moi et ils ne devraient pas être traités autrement.



HHC: Prévois-tu de venir en Europe pour tourner ou faire du tourisme peut-être?



SF: Oui, bien sûr. Une chose que j'aime en Europe c'est la force avec laquelle les gens supportent la bonne musique et leur comportement passionné vis-à-vis de la musique. Parfois aux Etats-Unis les gens mettent longtemps pour saisir la qualité de la musique.



HHC: A quoi ressemble ta playlist du moment?



SF: Euh… Je n'écoute pas vraiment beaucoup de nouveautés. Sinon, disons, le nouvel album d'Antibalas, le live de The Roots sur le show de Giles Peterson 'Worldwide', "The 24 Carat Black" et l'album "Small Talk" de Sly Stone.



HHC: Est-ce que tu prévois de collaborer de nouveau avec MF Doom, Jay Dee ou d'autres artistes avec qui tu as déjà travaillé?



SF: C'est certain. Mais je n'aime pas forcer les choses. Les meilleures collaborations sont celles qui se font naturellement et spontanément. Donc si je pense que Doom, Dilla ou qui que ce soit d'autre corresponde à ce que je cherche pour telle ou telle chanson, on fera en sorte que les choses se fassent.



HHC: Quels sont tes projets?



SF: En ce moment, je me prépare à partir sur la route pour tourner. Donc avec un peu de chance je serai dans une ville proche de la votre bientôt.



HHC: Un dernier mot?



SF: Je veux simplement remercier tout ceux qui m'ont supporté jusqu'à maintenant. Continuez s'il vous plait. J'en ai vraiment besoin et j'apprécie beaucoup. Peace.



Interview de Dext
Septembre 2004

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