Infinito? Le nom ne vous dit pas forcément quelque chose. Pourtant, si cet ancien membre actif des Nacrobats a toujours préféré la discrétion et le travail aux paillettes. Si bien qu'alors que "Low Income Housing", premier album issu de sa collaboration avec Thaione Davis au sein d'I.T., lui offre enfin une exposition descente, le emcee de Chicago a déjà plus d'une trentaine de projets au compteur. Comme il n'est jamais trop tard, partons à la découverte de ce Regular Black Dude en constant mouvement. English version
Hip-Hop Core: Tu as commencé à rapper et à enregistrer des titres à un très jeune âge… Maintenant que tu approches de la trentaine, comment fais-tu pour garder ta passion pour le hip-hop intacte après toutes ces années dans l'underground?
Infinito 2017: Mon moteur c'est mon amour pour les miens, mon amour pour cette forme d'art, mon goût pour la création. Je suis hip-hop. J'ai toujours été quelqu'un de créatif… et je n'en ai jamais marre de la musique. Plus j'apprends des choses et plus je grandis. La connaissance me permet de me développer. Mon intérêt pour cet art décuple à chaque fois que j'apprends quelque chose sur les racines de cette musique et sur ce que c'est d'être une personne créative sur cette terre. Je suis en constant développement… Cobalt, mec, j'ai presque 30 piges et je ne suis plus un gamin. Je suis un être sage sur cette chose qu'on appelle la Terre.
HHC: Que ce soit au sein des Nacrobats ou maintenant avec I.T., tu as toujours été proche de Thaione Davis. Quel est ce lien qui vous unit?
I: Un respect et une compréhension mutuels. "Touch Down" Davis et moi, on a du respect l'un pour l'autre en tant qu'artistes et c'est de la plus grande importance à nos yeux. Et puis, en tant qu'hommes, notre collaboration nous permet de grandir et de nous développer dans la Black Music.
HHC: Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire un album ensemble "Low Income Housing" sous la bannière I.T.?
I: Notre envie de faire du hip-hop de façon originale et, surtout, notre envie de faire de la Black Music en nous inspirant de notre enfance difficile… Thaione et moi, il se trouve qu'on vient du même quartier défavorisé du sud de Chicago. Je viens de Roseland vers la 117ème rue et Thaione vient de Princeton Park aux alentours de la 95ème et de l'autoroute Dan Ryan… On s'est rencontré par le biais du hip-hop mais notre background commun nous a rapproché. A Chicago, beaucoup de nos pairs ne réalisent pas à quel point le fait d'être Noirs dans la ville de Chicago peut nous rapprocher. Beaucoup de gens dans cette ville sont refermés sur eux-mêmes et ne sont pas prêts à reconnaître le talent de leurs pairs, à exister au même niveau qu'eux mais dans des coins différents de la ville... Ils n'ont pas envie d'unir leurs forces et de construire quelque chose juste par amour de ce qu'on fait.
HHC: Comment s'est déroulé l'enregistrement?
I: Je n'avais jamais pris autant de plaisir depuis l'époque où je vivais à Atlanta et que j'enregistrais des disques dans mon coin, même depuis l'époque où mon frère et moi avions une maison à la plage près de Chicago à South Shore. C'était très naturel, bon enfant… Deux frères réunis pour faire de la musique, pour avancer et pour créer dans le respect.
HHC: "Low Income Housing" est la première sortie de la structure Domination Records récemment créé par l'ancienne tête pensante de Day By Day Ent ertainment, DJ Fisher. Comment l'as-tu rencontré et qu'est-ce qui t'a décidé à sortir cet album sur son nouveau label?
I: C'est une fois de plus une question de respect. Ca faisait pas mal de temps que Fisher et moi parlions de travailler ensemble sur un projet musical. Par contre, dans le cas présent, le fait que DJ Fisher ait sorti cet album nous a plutôt surpris. Thaione et moi comptions le sortir par nos propres moyens avec l'argent qu'on avait mis de côté via Fed Ex ou Dr. Wax (pour Thaione). On a demandé un coup de main à tous les gens qu'on connaissait (et même à ceux qu'on ne connaissait pas) mais personne ne nous a prêté assistance… Je crois que les gens de ce milieu sont tellement arrogants et centrés sur leur petite personne qu'ils n'en avaient vraiment rien à foutre. A l'opposé, Fisher a eu l'occasion d'entendre notre démo; il a apprécié notre démarche en tant qu'hommes noirs et qu'artistes et il a fait tout ce qu'il pouvait sans se poser de questions… Je tiens vraiment à le remercier pour le soutien qu'il nous a apporté.
HHC: En parlant de label, ton album solo le plus abouti à ce jour "Music With Sound Right Reasoning" est sorti sur la petite structure Birthwrite. Que penses-tu de leur travail et de ce qu'ils font pour la scène hip-hop de Chicago?
I: En fait, c'est Pugslee Atomz qui m'a branché sur Birthwrite et qui m'a encouragé à aller chez eux. Après avoir vu que ces gars étaient prêts à m'aider à progresser et à faire de la musique créative, je me suis dit que ça valait le coup. Overflo de Birthwrite est un jeune gars sincère qui a beaucoup d'ambition.
HHC: Tu peux nous dire quelques mots sur ton ami Mr. Skurge? Vous collaborez ensemble depuis un paquet de temps maintenant…
I: Ce mec, comment dire, il est vraiment différent. Il a sa propre façon de penser et de concevoir la vie. Je le respecte en tant que personne parce qu'il me reconnaît en premier lieu en tant qu'homme… Notre amitié est basée sur ce respect qu'on a l'un pour l'autre. A côté de ça, on fait de la musique. On s'entend très bien parce qu'on sait tous les deux ce que c'est de lutter au quotidien. On sait ce que c'est d'espérer faire plein de choses tout en partant de rien de tout.
HHC: C'est plutôt surprenant mais une de tes premières apparitions sur un disque "professionnel" s'est faite au côté de Sole en 1998. Quelle était exactement ta relation avec l'écurie Anticon?
I: Tout ce que je sais, c'est que Mr. Skurge s'entendait bien avec ces gars. Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de parler personnellement avec Sole parce qu'il avait dit à mon pote Mr. Skurge que la musique que je faisais ne pouvait pas être distribuée… Donc on n'a jamais vraiment eu de connexion avec lui. Je le remercie de m'avoir donné l'opportunité d'apparaître sur une sortie "pro" mais, à vrai dire, on ne se connaissait pas vraiment et on ne se connaît toujours pas. Il m'a toujours reconnu pour mes capacités de freestyler mais ça ne va pas plus loin. Par contre, Alias était vraiment cool. J'ai aussi pu rencontrer Slug par leur biais et, en un sens, je me sens plus d'affinités avec Slug qu'avec eux.
HHC: A en croire le titre de la tape que tu avais sorti il y a quelques temps avec les Molemen, "Infinito is definitely not in the building"… Qu'est ce que tu entends par là?
I: Dire que je ne suis pas disponible, c'est une sorte de façon de dire au monde que je suis un Individu, avec un état d'esprit bien à moi et avec une façon bien à moi de faire les choses. Ne me mettez pas dans des catégories, ne me mettez pas dans un groupe (en dehors de ceux que je représente et apprécie). Ma famille est importante mais je lance moi-même les tendances qu'Infinito 2017 et Marcellous Lovelace suivent. Je suis totalement original.
HHC: A tes yeux, pourquoi est-ce si important de "faire de la musique qu'un esprit simple et profondément honnête peut comprendre et reconnaître"?
I: Parce que notre existence sur cette planète Terre ressemble de plus en plus à une version sabotée de la réalité. C'est comme si tout le monde avait été reprogrammé et pensait de travers. Il n'est même plus question des faits ou d'une vision honnête de la vie. C'est pourquoi je fais une musique qui vient du fond de mon âme, qui présente réellement un point de vue original, pour contrer les faux raisonnements et les mythes…
HHC: Sur l'album d'I.T., tu lâches à un moment: "Old school rules make my hip-hop the best" . C'est vrai que la formule fonctionne mais est-ce que tu ne penses pas que, parfois, la meilleure façon de faire quelque chose de mortel c'est de mettre le passé de côté et de partir d'une page blanche?
I: Tu sais, tu ne peux pas oublier le passé. Dans mon éducation, le passé crée le futur. Comme on dit, rien de neuf sous le soleil. Et ça vaut pour moi comme pour les autres. Les choses sont toujours soit volées, soit reconstruites. Le hip-hop a toujours été là et il continuera d'exister à jamais. C'est important d'avoir des règles parce que ça permet de reconnaître rapidement les faux et les imposteurs. Beaucoup de vos artistes favoris ne vivent pas dans la droiture et n'ont rien à foutre de la vertu. Moi si. Beaucoup de ces gars ne sont pas là pour énoncer les faits mais pour détruire la tradition. La vie des Noirs, la Black Music, c'est une vraie tradition et tu te dois d'en respecter les racines. C'est la source de tout.
HHC: Tu as sorti plus de 35 albums sous des formes diverses… Tu ne crois pas qu'en te concentrant sur un nombre plus réduit de projets, tu serais à même d'assembler des albums plus denses qui te permettraient de vraiment exploser?
I: Tu sais, si toi, tes potes ou quelqu'un a les moyens financiers d'investir vraiment dans un projet d'Infinito 2017 ou Marcellous Lovelace (i.e. moi-même) peut-être que je serais en mesure de faire ça… Tu sais, mec, si je fais des tas de trucs, c'est justement parce que je n'ai pas beaucoup de moyens, ni beaucoup de soutien, d'amis, d'argent mais surtout de soutien… Je sors plein de trucs pour compenser ce que je ne possède pas en terme de soutien et de structure. Je pousse moi-même mes projets et j'existe en tant qu'artiste grâce à ça. Je remercie Mr. Skurge, Mixx Massacre, Memo des Molemen et Thaione pour leur coups de mains mais le fait est que j'existe principalement grâce à mon propre investissement et à ma façon de procéder. Si quelqu'un dans ce monde veut sponsoriser ma musique, peut-être qu'à ce moment vous serez en mesure d'avoir ce truc qui n'est pas encore disponible, si tu vois ce que je veux dire…
HHC: Pendant longtemps, tu as sorti des albums et des tapes entières de freestyle un peu à l'arrache. Quand et pourquoi as-tu décidé de passer à l'étape suivante en te lançant dans des projets plus travaillés et carrés?
I: Je ne me suis jamais arrêté de faire des tapes de ce genre en fait. Je ne m'arrête jamais. Mon nom vient de là d'ailleurs (ndlr: Mr Skurge l'a en effet surnommé "Infinito" parce qu'il enchaînait les rimes à l'infini). Il y a une superbe femme dans ma vie parce que je ne m'arrête jamais. Ma famille me soutient parce que je m'arrête jamais. Je suis toujours là, Cobalt. La nuit dernière, le 22 décembre 2004, moi et mon cousin Fatnice, on était en train de se faire des mixtapes avec de vieilles sessions freestyle datant du début des années 90… Et je dois avoir enregistré environ 80 tapes de sessions de ce genre depuis 1995. Si tu venais chez moi, tu verrais des tas de trucs. Je n'en ai pas encore fini avec ça. Ca a toujours été mon truc… Si tu fouilles un peu sur les pochettes de mes anciens projets, tu verras marqué que je suis "The World's First MC Tape MC".
HHC: Qu'est-ce que tu aimes tant dans le freestyle?
I: J'aime l'idée d'être libre par rapport aux mots et aux idées. Avec des schémas de rimes suffisamment complexes, tu peux réussir à totalement retourner une langue, à en changer le sens. Ca m'a permis d'être plus à l'aise et d'être capable de m'exprimer librement, de dire ce que je pense, sans contrainte extérieure.
HHC: Mais pourquoi est-ce que tu travailles toujours sur plein de trucs à la fois? Est-ce que tu as peur du vide, de l'inactivité?
I: Non, je n'ai pas peur. Je travaille beaucoup parce j'ai un amour naturel pour le hip-hop. Beaucoup de personnes n'ont pas cette chance alors je fais ça pour eux. Je fais ça parce que les quartiers défavorisés sont en moi et que c'est dans ma nature d'être productif.
HHC: Tu t'impliques beaucoup dans la politique et dans les affaires sociales… Quel regard portes-tu sur cette nouvelle génération d'emcees qui s'intéresse de moins en moins à ce genre de sujets?
I: Tout le monde ne peut pas être positif et conscient de ce qui se passe dans le monde donc je me dois de l'être. Parce que c'est mon rayon. C'est comme ça qu'on m'a éduqué. Ma mère, ma grand-mère, mon père, mes oncles et toute ma proche famille m'ont fait prendre conscience de la nature éminemment politique du monde. Ca m'a interpellé. Et si tous les gens n'ont pas forcément cette démarche, ce n'est pas grave, tant que quelqu'un est là pour leur ouvrir les yeux quand c'est nécessaire.
HHC: "Unwritten laws tell you when and how to think / I'm not a law-abiding citizen / The law, not for me". Qu'est-ce que tu sous entends par là? Qu'il faut désobéir?
I: De mon point de vue, la loi m'a rarement été favorable dans la vie, même si je la respecte. Dans mon monde, la loi a souvent été injuste. Quand j'ai été incarcéré, c'est parce que la loi sur la tolérance zéro venait de passer… Ce qui voulait dire que dans l'état du Tennessee où je vivais à l'époque, ils pouvaient te mettre en prison pour n'importe quelle raison, tant que leur "loi" considérait que c'était juste. C'est dans ce sens que je ne suis pas un citoyen qui se conforme à la loi et que la loi n'est pas pour moi… Parce que, tu vois, j'étais en train de conduire tranquillement et la police m'a emmené en prison simplement parce qu'ils ont des lois qui disent que leur loi peut faire tout ce qu'elle veut…
HHC: Tu as souvent parler de "Black Music" au cours de cette interview. C'est un sujet qui revient souvent dans tes textes. On dirait presque que tu as peur que l'héritage culturel des Noirs leur soit dérobé… Cependant, même si les inégalités continuent d'être le quotidien de beaucoup de Noirs américains, tu ne penses que ça fait bien longtemps que la musique n'est plus une question de couleur de peau?
I: Je serai peut-être d'accord avec toi si les gens qui ont créé la "Black Music" la contrôlaient actuellement… mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le hip-hop qui contrôle le hip-hop et le vend un peu partout. Idem pour le jazz, etc. Comment est-ce possible que quelqu'un qui n'a pas créé un style puisse le contrôler? Tous les styles de la Black Music ont été vendus à tort et à travers dans un monde qui se contrefout des gens qui ont créé la musique. Ca ne rime à rien! Je suis vraiment le dernier à mettre des barrières mais j'aimerai voir les gens qui ont créé et qui tiennent à cette musique la cultiver et faire en sorte qu'elle ait toujours un sens. Beaucoup de gens n'ont pas assez d'amour pour la vie pour défendre leur existence mais, moi, si et je défendrai mes créations.
HHC: Tu te surnommes toi même le Regular Black Dude. Mais c'est quoi au juste, un "mec Noir comme les autres"?
I: Hmmm… A mon sens, c'est être conscient de comment tu es perçu. Je crois qu'en réalité c'est le cas pour tous les hommes noirs. Par-dessus tout, c'est un homme noir qui s'aime et qui aime sa race, quel que soit la situation.
HHC: En 2000, tu sortais avec Unusuall Situation Association l'album "Who Voted For Bush"? Quatre ans après sa première élection, est-ce que tu sais enfin qui a voté pour W?
I: Ah ah… Personne n'a voté pour Bush! George Bush est une machine contrôlée par des forces obscures que nous ne voulons pas voir… Nous sommes des aveugles et nous ne parvenons pas à contrôler nos destinées. Le peuple ne peut pas concevoir que ces gars contrôlent le monde entier tout en continuant à alimenter le système à base d'ignorance et de faiblesse.
HHC: Tu as eu une enfance et une adolescence assez difficiles, ponctuées par plusieurs tragédies (en particulier la mort de ton meilleur ami et d'un de tes oncles les plus proches). Qu'est-ce qui t'a permis de tenir le coup et de relever la tête?
I: Ma grand-mère et tous les anciens de ma famille. Ils ont connu des situations encore pires que tout ce que j'aurai pu imaginer, donc je me dois d'être fort à mon tour pour que les autres membres de ma famille soient encore plus forts et qu'ils aient un objectif dans leur vie.
HHC: Tu as vécu dans beaucoup de régions différentes des USA: le Tennessee, le Kentucky, la Géorgie, Chicago… Qu'en as-tu retiré d'un point de vue personnel?
I: Une ouverture d'esprit, envers toutes les races et à toutes les cultures. J'ai un profond respect pour les gens du moment où ils ne jouent pas un rôle et qu'ils se contentent d'être ce qu'ils sont.
HHC: Tu as passé beaucoup de temps à Memphis et à Chicago. Comment compares-tu ces 2 villes?
I: C'est le jour et la nuit! Memphis est une ville vraiment lente, un peu attardée. Les gens ne connaissent pas grand chose des autres régions mais, en plus, ils n'en ont vraiment rien à foutre. Ils ont une façon assez étrange de voir les choses. D'un autre côté, Chicago est une ville très rapide. Tu dois toujours être sur tes gardes et surveiller ce qui se passe autour de toi. Donc pour résumer, si tu veux te relaxer, va à Memphis. Mais si tu as besoin d'excitation, Chicago est le bon endroit, surtout le sud de la ville. Mais je n'aime pas rester dans un endroit trop longtemps. Je dois voyager.
HHC: Dans ta petite autobiographie de présentation, tu dis avoir rencontré beaucoup de rejets de la part d'un peu tout le monde lorsque tu as décidé de te faire connaître à Chicago. Qu'est-ce que tu veux entendre par rejet?
I: Et bien, juste par le fait que je suis moi-même. C'est l'essence de l'originalité. Etre soi-même, sans faire de mystère ou omettre des parties de son histoire. Etre original, c'est être soi-même, de mon point de vue. Les gens aiment cracher sur ce qu'ils ne peuvent pas faire ou être. Moi, je me sens bien dans ma peau et, plus j'apprécie ce que je suis, plus je suis créatif. Je dois faire face à beaucoup de haine parce que je n'ai pas de mal à dire qui je suis et ce que je veux… alors que ceux qui me crachent dessus se cachent derrière un masque et beaucoup de maquillage.
HHC: Que penses-tu des autres artistes de Chicago tels que Twista, All Natural, The Opus ou le crew Galapagos 4?
I: Ils sont tous dope. Tous les gens de cette ville sont une source de motivation et de force pour aller de l'avant. Twista est impressionnant et All Natural est un de mes groupes favoris.
HHC: Tes deux parents travaillent dans l'armée américaine. Ce n'est pas un peu bizarre de grandir à proximité de bases militaires?
I: C'est quelque chose de très direct, une vie parfaitement organisée. C'est l'Amérique. C'est une bonne façon d'avoir une base "à la dure", un peu secrète. J'y ai appris que l'armée n'était pas un truc pour moi et que je ne pourrais pas envisager de faire comme mes parents, travailler tout en sentant que je ne suis pas reconnu à ma juste valeur. Il n'y a pas moyen que je fasse ça… Je préfère créer.
HHC: Quel est ton point de vue sur cette fameuse guerre en Irak?
I: Ca a été une grande claque dans la gueule du monde entier. En un sens, cette guerre a été créée de toute pièce par des gens un peu peureux mais sans cœur. C'est comme si les problèmes qui ont donné naissance à toute une nation continuaient.
HHC: Pour changer totalement de sujet, tu as réalisé un nombre assez impressionnant de vidéos maison. Qu'est-ce qui te plait dans le fait de cliper tes morceaux?
I: Les vidéos permettent de capturer un moment dans le temps! Faire des vidéos te permet de complètement montrer comment une situation pourrait être. J'avais pris une option sur les films documentaires durant mes études donc quand je fais une vidéo c'est avec ce type de point de vue. Je capture un moment fugace et je le fais durer, tu vois…
HHC: Comment fais-tu pour arriver à être créatif et à faire des vidéos intéressantes tout en ayant des moyens financiers ultra-légers?
I: Un seul mot: cœur. Comme je l'ai dit un peu plus tôt, mon cœur et mon dévouement dans tout ce que je fais, c'est ce qui me définit. J'adore être créatif. Si je ne pouvais plus l'être, j'essaierai d'apprendre à d'autres.
HHC: Je sais qu'en plus de ça, tu pratiques aussi activement la peinture. Quelles sont tes références en la matière?
I: Charles White, Jacob Lawrence, Picasso (parce que c'était un gaucher et un Scorpion comme moi).
HHC: Donc pour résumer, tu rappes, fais des beats, peins et réalises des vidéos… Tu comptes réellement devenir un artiste "total" ou c'est juste une question d'occasions qui se sont présentées par hasard?
I: Je compte m'étendre un peu plus dans certains domaines mais je ne veux pas forcer les choses. Mais, oui, je compte bien faire un peu de tout au niveau artistique.
HHC: Revenons-en à la musique. Tu bosses sur quoi en ce moment?
I: Et bien, je travaille actuellement sur 6 vidéos pour le projet I.T. Il en reste une à terminer… Il y a 2 vidéos basées sur des titres de l'album. C'est moi et Thaione qui les avons réalisées et je m'occupe de toute la partie technique et mixage.
HHC: Où en sont tes projets avec les Molemen?
I: Il faudrait leur demander! Enfin, j'ai déjà reçu quelques beats de Memo pour mon nouveau projet "Rodney Dagerfield".
HHC: Si on regarde un peu l'actualité, on voit que tu travailles toujours avec Cosmo Galactus et Thaione et que Psalm One vient récemment de rééditer son premier album "Bio:Chemistry"… Bref, le fantôme des Nacrobats est encore bien vivant. Tu crois à une prochaine réunion du crew?
I: On ne sait jamais… Un mec de Chicago qui s'appelle Mic Hot et qui est un gros fan des Nacrobats m'a dit qu'il essayait d'organiser nos retrouvailles. En tout cas, si Pugslee accepte de refaire un album des Nacrobats avec certains d'entre nous, j'espère que ce sera un retour au format de départ et que tout le monde pourra vraiment s'exprimer.
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