La scène scratch en France est pleine de vie à l'heure actuelle, les acteurs sont nombreux et non dénués de talents. Parmi tous ces DJ's, le quatuor Pulpalicious a réussi en très peu de temps à s'imposer dans le paysage français. La recette est simple : un son hip-hop éléctro efficace sorti des platines de ces DJ's talentueux. Les dates de concerts s'enchaînent, un maxi est en prévision, tout est réuni pour nous entretenir avec deux des quatre membres du groupe qui a de beaux jours devant lui.
Hip-Hop Core: Présentation des forces en présence?
Pulpalicious, groupe composé de quatre tablists qui sont: Clément (Access), Xavier (Prims), Laurent (DonHutch) et Samir (Mr.Style).
HHC: Vos débuts en tant que DJ's? Les influences?
Prims: Il y a une dizaine d'années, j'écoutais beaucoup de Hip-Hop, j'achetais déjà des vinyles, un mec vendait son système, cela m'a donc permis d'avoir mes premières platines et de commencer à mixer et scratcher, en gros je ne suis pas sorti de chez moi durant cette période! Ca a été quasiment la même chose pour tous...
Mr.Style: Ouais nous avons tous commencé un peu de la même façon et vécu le même schéma sous différentes influences. Pour ma part j'ai plongé directement les deux pieds dans l'univers technique des platines. J'en étais fasciné jusqu'à en faire une émission de radio locale ici à Dijon durant 2 années consécutives qui se nommait "TURNTABLE" avec ma première formation DJ "MTC" composé de Trigger, DeeJuli'One, Access, Cool B et moi-même. C'était complètement barré pour l'époque, il n'y avait rien du tout, il fallait vraiment fouiner pour trouver des morceaux à faire découvrir. La scratch music n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui! Fallait s'accrocher pour écouter et bouger la tête sur certains morceaux! (Rires) Mais cette émission était avant tout un bon moyen pour se retrouver entre scratcheurs de la région pour passer un bon moment à freestyler, discuter, échanger et lier des amitiés fortes qui, aujourd'hui nous ont permis d'en être là où nous sommes.
HHC: Existe-t-il une scène dijonnaise?
Mr.Style: Niveau Scratch, pas du tout, ni même dans les environs. Mis à part quelques scratcheurs qui touchent un peu par pur plaisir. Ici à Dijon, c'est plutôt la scène électronique qui est bien dominante. Les dijonnais ont été éduqués très tôt à cette musique grâce à l'ANFER qui à été un des club les plus mythiques dans le monde. Fermé aujourd'hui, il a permis d'apporter une réelle culture électronique aux dijonnais.
HHC: On peut dire que votre parcours artistique s'est emballé très vite : première compétition et déjà présents au championnat du monde, ainsi qu'une tripotée de festivals. Comment vous l'expliquez et comment le vivez-vous?
Mr.Style: Nous sommes tout simplement trop balaises! (Rires) Non mais plus sérieusement, nous ne nous attendions pas à nous retrouver à Londres pour le Championnat du Monde et, à dire vrai, nous avions pris cela comme un bon moyen de promotion et de diffusion. Nous sommes arrivés avec un set qui n'avait rien à voir avec ce qui se fait en championnat où nous n'avions pas spécialement misé sur la technique mais plutôt sur la musicalité. Certes, nous n'avons pas remporté les championnats du monde mais ce genre de prestation nous a, par la suite, évité de nous retrouver sur des scènes à faire des showcases techniques pour un public de "connaisseurs". Nous avions d'autres projets et un réel concert à présenter donc forcément cela nous a bien aidé. Nous n'avons rien contre les showcases, bien au contraire, il en faut, mais ce n'était pas notre objectif. Les DMC restent un bon spot pour les DJ's et groupes voulant se développer via la médiatisation de l'événement. Il faut donc saisir l'occasion à condition d'avoir quelque chose à présenter par la suite. C'est ce qui explique plus ou moins notre parcours depuis les championnats. Nous sommes également bien entourés avec une équipe motivée par l'aventure, c'est très important pour le développement du groupe. Et sinon nous le vivons plutôt bien même si notre vie privée en pâtit pas mal car avant tout autre chose ça demande énormément de temps et de travail.
Prims: On n'a plus de vie sociale! (Rires). C'est vrai que les DMC ont été un bon tremplin pour nous, cela nous a permis d'être mis en avant et également de gagner en crédibilité auprès des différents programmateurs que nous avons pu rencontrer par la suite.
HHC: Je pense que vous en avez l'habitude mais le parallèle avec les Birdy Nam Nam revient sans cesse. Quand est-ce qu'on dépasse cette influence qui est très présente et médiatisée?
Mr.Style: C'est vrai que c'est un parallèle qui revient souvent, mais jusqu'à présent tout le monde fait bien la différence entre Birdy Nam Nam et nous. Le public commence à comprendre que la seule chose qui nous rassemble, c'est la façon de faire de la musique en live. Après, bien entendu, Birdy ont forcé des portes et restent un groupe référent aux yeux du public. Ce qui est normal. Ils ont démocratisé la pratique.
HHC: A l'instar de groupes comme Birdy Nam Nam et C2C, est-ce que vous êtes également des DJ's qui mixent ou seul le scratch vous anime?
Mr.Style: Nous avions laissé de côté le "mix soirée" pour se préoccuper exclusivement de notre scène et de sa construction. Mais dès que nous aurons un petit peu plus de temps, nous allons nous y remettre et proposer également un DJ Set. Histoire d'être bien complet dans nos propositions aux programmateurs.
Prims: Pour la plupart, nous sommes arrivés aux platines par le mix, c'est donc toujours un plaisir que de mixer devant un public. Notre sélection a évolué, maintenant on joue également nos titres! (Rires)
HHC: Comment définiriez-vous vos playlists?
Mr.Style: Hip-Hop / Electro.
HHC: Au niveau des disques que vous vous faites presser (ou jouez sur logiciel), comment procédez-vous? Il s'agit de samples, de compositions ou des deux?
Mr.Style: Au début nous samplions. Puis, petit à petit nous avons fait exclusivement de la composition. Mais il est important pour nous de conserver ce côté sampling compte tenu de nos origines musicales qui sont celles du Hip-Hop et où le sample est Roi. Il faut aussi reconnaître que le sample apporte toujours un plus dans une production. Mais sinon, c'est essentiellement de la composition pure.
HHC: Le travail en amont de votre show doit être conséquent. Comment vous répartissez-vous les tâches?
Prims: Il a déjà fallu apprendre à travailler ensemble et ce de manière optimale. En gros, cela n'a pas été facile tous les jours! (Rires). La manière de travailler est assez simple, chacun arrive avec ses idées, des morceaux qu'il a pu entendre... le but étant de nous "alimenter" au quotidien. La composition se fait à quatre, c'est de cette manière que nous tirons le meilleur de nos morceaux. Après nous allons tenir compte de l'aptitude de chacun pour définir qui joue quoi et comment!
HHC: Vous semblez travailler votre show comme un DJ Set en choisissant les titres selon le public? Vous n'avez donc jamais le même concert selon les lieux où vous jouez?
Mr.Style: Effectivement pour le moment c'est quelque chose que nous pouvons nous permettre du fait que nous n'avons pas encore établi notre scénographie (qui est en cours). Nous n'avons donc aucune limite et pouvons, si nous le souhaitons, changer de playlist selon l'humeur du public. Après c'est pas non plus de gros changements mais par exemple durant le concert si le public est vraiment bouillant nous allons tout simplement éviter de jouer certains morceaux et les remplacer par d'autres pour les maintenir en haleine et ne pas trop les frustrer. Ça marche aussi dans l'autre sens et petit à petit nous mettons tout en œuvre afin d'avoir un show homogène dans son ensemble pour satisfaire tout le monde. Le public est roi avec nous.(Rires)
Prims: C'est quelque chose que nous revendiquons depuis le début! Il y a une bonne interactivité avec le public.
HHC: Quel est le meilleur souvenir de votre toute jeune carrière?
Mr.Style: Sans hésiter les Eurockéennes! L'ambiance était dingue, le public au rendez-vous et beaucoup plus nombreux que ce qui était prévu.
Prims: Les Eurockéennes! C'était, à moyen terme, l'objectif que nous nous étions fixés. Bizarrement, nous sommes arrivés sans trop de stress. Lorsque nous sommes montés sur scène, il y avait déjà pas mal de monde qui attendait et au deuxième morceau, le public est rentré de suite dedans.
HHC: Les DMC vont autoriser l'utilisation des logiciels et autres gadgets pour la catégorie par équipe. Qu'en pensez-vous?
Mr.Style: Que c'est pas trop mal comme développement. Les DMC ont besoin d'un peu de nouveauté. Ça fait des années que les DJ's réclament une nouvelle catégorie où l'on peut utiliser des machines, etc... Bon là, ils ont décidé de l'appliquer à la catégorie TEAM. En même temps vaut mieux, sinon l'événement durerait une semaine! (Rires) Ça apporte un plus, faut le reconnaître. Après c'est vrai que ça ne va pas plaire aux puristes des battles mais bon... C'est un test, nous verrons bien ce que ça va donner. Il faut juste que les DJ's et groupes en championnat comprennent que la platine reste et doit rester l'élément principal et doivent prendre cette nouvelle règle comme un plus pour appuyer ce qu'ils feront et leurs permettre de donner une autre dimension à leur set.
Prims: Perso, je trouve que c'est une bonne chose qu'il faut essayer. Cela va redonner du neuf aux DMC. J'attends de voir ce qui va être proposé par les participants, je pense que l'on va tendre sur des shows bien musicaux. Cela va également permettre aux DMC de s'ouvrir à un plus large public.
HHC: Vous comptez vous représenter à cette compétition?
Mr.Style: Nous voulions vraiment les refaire cette année. C'est un vrai plaisir et challenge de faire cette compétition mais nous n'avions pas le temps de nous remettre à la construction d'un nouveau set. Entre travailler un concert et un set DMC, le choix était vite réglé. Nos ambitions et projets passent avant le reste. C'est une question de priorité. Mais pourquoi pas les prochaines années...
HHC: Un maxi est en prévision pour cet automne, pouvez-vous nous en dire plus? (sonorités, label, formats,...)
Mr.Style: Oui, nous espérons sortir un maxi avant la fin d'année. Pour le label, rien de défini encore. Nous sommes en discussion avec certains d'entre eux mais nous ne nous sommes pas encore vraiment décidés. Pour ce qui est des sonorités, ça reflétera tout simplement ce que nous faisons en live. Du Hip-Hop avec une touche électro très prononcée ainsi que quelques remixes.
HHC: Outre ce maxi, quels sont vos futurs projets?
Mr.Style: Un projet va se joindre au maxi si tout se passe bien... Surprise. Sinon l'année 2009 va s'annoncer riche en dates. Et peut-être un album fin 2009.
HHC: Mr.Style tu es également connu dans le monde du deejaying français pour le travail que tu fais avec Hand Control. Est-ce que le site est toujours d'actualité?
Mr.Style: Le site est toujours d'actualité! D'ailleurs nous comptons bien l'ouvrir un jour... J'espère avant la fin d'année. En tout cas c'est en bonne voie. Je dis ça tous les ans, il y a bien une année ou ce sera la bonne! (Rires)
HHC: Qu'en est-il de CCF?
Mr.Style: Ah CCF! C'est un bébé né de KS, SamSaScratch et moi-même, au concept innovant, il faut le reconnaître ('faut bien s'envoyer quelques fleurs de temps en temps). Ça existe toujours. La 4ème édition se fait attendre c'est vrai, mais elle aura bien lieu un jour... Peut-être pour fêter l'ouverture du site Hand Control?! Qui sait?... En tout cas j'ai pu voir dans divers pays que l'on a donné l'idée à pas mal de gens et de plus en plus de battles purement scratch se développent. Je trouve ça super bien! On aurait dû déposer un brevet! Merde!
HHC:C'est important pour toi d'être acteur et spectateur de cette scène?
Mr.Style: Oui, très important. Car c'est avant tout pour moi une passion pour laquelle je m'adonne depuis une dizaine d'années donc forcément j'ai été spectateur et le resterai encore et toujours, en plus d'être acteur. Même si le Scratch Game n'est plus vraiment ce qu'il était... Merde, je parle comme un vieux là. Je m'arrête là sinon les gens vont croire que j'ai 40 ans!
HHC: Si je vous demandais les 5 titres de scratch music incontournables à vos yeux?
Mr.Style: 'Lally' EXCESS
'Abesses' BIRDY NAM NAM
'Pink And Orange But I'm Not Gay' RICCI RUCKER
'Mr. Arrogant' (à partir de 14"48sec) D-STYLES et aussi 'F.U.P.M. (Fuck You Pacman)'. Cet album, "Phantazmagorea", a quand même été réalisé en 1998! Son contenu est dingue pour l'époque quand on y repense!
'Listen' RICCI RUCKER & MIKE BOO feat. D-STYLES
HHC: Sans langue de bois, le meilleur scratcheur actuellement en France?
Mr.Style: Difficile de répondre, il y a tellement de bons scratcheurs aujourd'hui en France. Nous nous sommes arrêtés à Red Jacket qui est ou "était" (je sais pas ce qu'il fait en ce moment) tout de même un des mecs les plus complets. Il a tout compris au scratch.
Prims: Je suis comme tout le monde, j'attends la prochaine CCF pour les voir! (Rires)
HHC: Y a-t-il une question que je n'ai pas posé à laquelle vous souhaiteriez répondre?
Mr.Style: Les dédicaces elles sont où???
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