Attention mesdames et messieurs, voici tout droit sorti du brouillard londonien Buddy Peace, la prochaine sensation made in UK! Vous avez aimé ses incroyables mixtapes artisanales ; vous avez apprécié ses sets pour Lex et adoré son remix de Subtle ; vous vous êtes ruiné chez Banquet Records, voici pour vous maintenant l'interview exclusive du monsieur! Watch out! English version
Hip-Hop Core : Peux-tu te présenter, nous dire où tu as grandi et comment tu es entré dans le monde fabuleux du hip hop?
Buddy Peace: Je m'appelle Buddy Peace, mais on m'appelle aussi Nick. Ou Budd. Ou Flashy Molasses. Au choix. Ils marchent tous! Je bosse chez un disquaire indépendant qui se nomme Banquet Records (nous sommes les seuls au monde!) à Kingston, dans la banlieue londonienne, et je m'occupe des rayons hip hop et electronica – même si nous proposons un grand choix de styles. C'est mon coin.
J'ai toujours vécu en Angleterre, surtout dans le sud. Je suis né au bord de la mer à Brighton mais mes parents ont déménagé vers Londres quand j'avais trois ans. Je suis resté dans le même quartier depuis lors. Je n'ai pas déménagé depuis, mais j'aime le fait que l'endroit soit pleins de souvenirs, les miens ou ceux de ma famille, dans cette partie de la ville. Il se passe tellement de choses par ici, c'est vraiment un chouette quartier. Il y a pas mal de scènes bien implantées et très actives, notamment la scène indie/punk, plein de gens très ouverts et positifs. Mais ce n'est pas ce que tu voulais savoir en fait! J'ai un peu extrapolé...
Mon premier contact avec le hip hop fut lorsque mon père revint d'un voyage dans le South Bronx pour y filmer un documentaire, en 1984. Il m'a dit qu'à son retour il m'a fait écouter du hip hop bien violent du Bronx et qu'apparemment ça m'avait beaucoup plu! Je m'en souviens vaguement, mais ça a du rester dans un coin de ma tête... Je me souviens aussi avoir commencé le break en 85 avec mon frère sur du Double D & Steinski, en écoutant notre petite radio dans notre chambre. C'était marrant... C'est lui qui m'a initié au hip hop et au deejaying en général. Je lui dois beaucoup. Il s'appelle DJ Budd.
HHC: Parle nous de ton travail à Banquet Records. Ca fait quoi d'être entouré de disques toute la journée? Ca ne te donne pas des envies d'acheter la moitié du magasin par exemple?
BP: C'est vrai... Je travaille là depuis un peu plus de cinq ans. Il y a eu pas mal de changements entre temps et il y aurait pas mal à raconter. Ce magasin a une vraie histoire, qui remonte à longtemps, bien avant l'arrivée de l'équipe actuelle, vu que maintenant on a tous commencé à bosser ici dans le courant des 5 ou 6 dernières années. Nous sommes très fiers de cette histoire et ça ne fait que progresser dans ce sens.
Tu as parfaitement raison concernant les vinyles, les DJ's qui travaillent dans des magasins de disques doivent être cinglés! Je me rappelle lorsque j'ai commencé ici : j'ai eu un minuscule salaire (voire rien du tout) pendant plusieurs mois et j'avais des sacs entiers de disques réservés à mon nom et à la fin du mois j'étais totalement à sec! Cela dit c'était efficace. Si les gens me demandaient un renseignement sur un disque ou le nom du disque qui passait, je savais les renseigner, c'était un petit plus pour la communication aussi. Mais clairement, c'est un environnement très tentant et qui peut rendre totalement ruiné un gars qui craque facilement devant la tentation. Mais de la meilleure façon possible.
HHC: Parlons un peu de la chose pour laquelle les gens te connaissent le plus : tes mixes. Quelles ont été tes influences pour réaliser ces montages complexes? Tes mixes ont l'air méticuleusement construits. Comment opères-tu pour tout garder en tête, développer des minuscules parties et garder un jugement global sur l'ensemble? Tu y passes combien de temps de manière générale?
BP: Ca a été un long cheminement, mais il y a certaines choses qui m'ont vraiment marqué et m'ont influencé sur la façon dont je veux présenter et faire sonner mes mixes. Bien sûr, les premiers trucs auxquels je me suis intéressé étaient des enchaînements classiques morceau-blend-morceau-session de scratches-etc, et c'est toujours sympa de les réécouter de temps en temps… Mais je crois que c'est après avoir écouté les tapes "Man Or Myth" de DJ Faust, "Comprehension" de DJ Babu ou les compiles "Return Of The DJ" que je me suis dit: "Merde, c'est des mixes comme ça que j'ai envie d'entendre!" La première étincelle s'est produite plusieurs années auparavant, vers 1993, via un mix de DJ Riz que je cherche toujours à ce jour... Celui avec du Chris Isaak. Bref, à partir de ce moment je suis devenu accro à la technique du cut-up & lay. Puis il y a eu le "Turntable Scientifics" de Mr Dibbs, le "Mixed Message" de DJ Signify, et à ce moment là plus moyen de faire marche arrière. Pareil avec le projet Presage de Jel et Dibbs (des prods et des scratches autour du thème de la conspiration!).
J'ai réalisé qu'en fait il n'y avait aucune limite, hormis celle que tu t'imposes et qu'il est possible de faire ressortir beaucoup d'influences personnelles et d'énergie sur le format mixtape. Il y a de la place pour tout! Tant que ce n'est pas du gros n'importe quoi (même si ça peut aussi marcher parfois), tant qu'il y a un peu de réflexion derrière, tu peux y intégrer tout plein d'éléments, des trouvailles personnelles, des disques inconnus, etc. La façon dont j'appréhende mes mixes aujourd'hui n'a pas changé. J'ai commencé à enregistrer des tapes en 94 et soit je partais sur une idée vague, soit j'improvisais le tout en une prise. Vers 2002, j'ai eu un PC, ce qui m'a permis de faire des mixes en multipistes, ce qui, au lieu de m'encourager à tricher, m'a permis de m'investir bien plus dans la forme que par le passé. J'aime toujours le format cassette mais parfois tu dois passer à l'étape supérieure. J'ai donc appris à me servir d'un programme multipiste, tout en essayant de rester fidèle à certaines méthodes. Par exemple, j'aime bien mixer les disques à l'oreille quand c'est possible. Je suis DJ depuis 1993 et je sais me servir de mes platines, donc j'essaie de garder cet aspect sur mes mixes. Je ne me sers du PC que pour du travail de production ou pour ajouter des acapellas que je n'ai pas sur vinyle. Mais à part ça, les mixes et les scratches sont faits à l'oreille et aussi live que possible. Je ne m'impose pas de restrictions énormes en revanche, parfois une petite interférence peut sonner bien, mais c'est plus ou moins les règles de base auquel je me tiens.
Par rapport à la cohérence du tout, je pars généralement d'une idée et je construit le reste au fur et à mesure. Je pars d'un point, puis soit je continue, soit j'ajoute une partie avant, etc. Ca dépend, c'est selon l'humeur! Et j'y passe un bon petit moment en général, parfois quelques semaines, parfois un mois ou plus, mais ça varie surtout selon ce que j'utilise. Un des mixes sur lequel je travaille en ce moment est composé de morceaux d'acapellas qui forment un sens une fois mis bout à bout, et qui sont posés sur des beats qui viennent de la MPC. Mais ça fait un an que je bosse dessus pour l'instant! C'est n'importe quoi. C'est une sorte de projet parallèle mais je prends vraiment mon temps dessus... Je vais le sortir sous peu cela dit. J'ai vraiment hâte de le finir.
HHC: Un autre aspect typique de tes mixes c'est l'artwork artisanal avec ces fameux graffs... Fais-tu beaucoup de graff?
BP: Héhé, pas vraiment... La première fois que je me suis risqué à tagger un mur je me suis fait prendre! J'avais un niveau correct mais je me faisais chopper à chaque fois. J'ai abandonné. J'avais 14 ans à l'époque. Je fais toujours des croquis sur papier par contre, et je continue à développer ce truc. J'aime beaucoup tout ce qui est en rapport avec l'art et le graff. Quand c'est fait avec imagination et originalité, c'est une chose merveilleuse à voir. Je suis intéressé par l'art de manière général, ça m'influence, pas seulement du point de vue visuel. J'aime bien offrir un petit bonus en plus du mix si tu vois ce que je veux dire, j'aime bien y ajouter ma touche graphique pour le rendre vraiment personnel. J'ai toujours fait de cette façon et il y a plein d'autres idées que je veux développer autour de ce concept. J'aime beaucoup les packagings artisanaux, ça apporte un réel plus à l'objet. Enfin, la plupart du temps. C'est juste une touche sympa parfois.
HHC: Pas de mixes sans disques, parlons donc un peu de cratedigging et de collection... Comment gères-tu ton budget mensuel, surtout avec toutes les nouveautés que tu reçois au magasin? Tu passes du temps à cratedigger ou netdigger? Quels sont les disques dont tu es le plus fier, et tes disques les plus rares?
BP: C'est dur de dire combien je dépense chaque mois... Il fut un temps où c'était une fortune, mais c'était lorsque je n'avais pas de loyer et de factures à payer, j'avais donc tout mon temps pour chercher des disques. Je craquais un peu parfois, ça arrive à tout le monde de temps en temps. Mais ça m'est arrivé plusieurs fois... J'ai quelques belles pièces dégottées à gauche à droite, j'ai souvent eu de la chance de ce côté là! J'ai fait des erreurs mais tu apprends à affiner ton jugement et tu dois constamment rester à l'affût. Je ne fais pas d'énorme liste de breaks à trouver ou ce genre de trucs, j'y vais à l'instinct en général et j'ai certains critères que j'applique pour faire le tri, s'il ne s'agit pas de hip hop ou de nouveautés. Mais en ce moment à cause des factures et des problèmes de loyer, je fais plus attention à mes choix. Dans un sens, c'est positif parce que ça t'oblige à affiner tes goûts et à être intransigeant par rapport à des trucs moins intéressants, donc tu ne gardes que le meilleur. Du coup, ça fait cent à deux cent à peu près je dirais. Donné ou acheté. On a un petit budget au magasin, c'est assez pratique.
Quant au temps consacré au cratedigging, je suis toujours actif mais je dépense probablement moins qu'à une certaine époque comme je fais plus attention aux sous. Mais j'en fais autant que possible. Tu tombes toujours sur des bonnes occasions et des super disques qui sortent de nulle part quand tu t'acharnes, donc j'essaie de m'y tenir! Je ne télécharge pas de musique en revanche. Le téléchargement légal ne me pose pas de problème, c'est juste que ça ne m'intéresse pas. De temps en temps, j'écoute certains trucs gratuits pour me faire une idée mais en général quand ça me plaît je me procure une copie. J'achète parfois sur internet mais le plus souvent c'est des disques d'occasion, des trucs plus vieux un peu chauds à trouver qui m'obsèdent depuis un moment! Je préfère l'objet physique. Je sais que c'est un peu bateau de dire ça mais c'est incomparable d'avoir l'objet en main, ne serait-ce qu'à cause des gens que tu rencontres à cause de lui, de la recherche que tu dois faire pour te le procurer, les gens avec lesquels tu le partages... Tout ça rentre en jeu et c'est parfois source d'anecdotes sympas qui sont ensuite liée à la musique... Ca fait partie d'un tout.
HHC: J'ai eu cette discussion avec un vieux DJ techno local qui voulait arrêter d'acheter du vinyle malgré son énorme collection et investir dans des platines CD's. Est-ce un choix que tu ferais?
BP: Putain non!! Pas question. Je ne comprends pas ça. Je connais pas mal de gens qui ont fait ce choix et ils l'ont tous regretté. Je veux dire, quand ils vendent leur collection. Mais chacun à ses raisons n'est-ce pas, certains trouvent que ça prend trop de place ou trouvent le bruit de fond trop important et préfèrent mixer avec des CD's. Mais peu importe, je ne pense pas que je puisse faire un truc comme ça. J'aime les platines cd cela dit, elles peuvent être très pratiques quand tu veux scratcher des trucs qui existent seulement en cd, ou quand tu veux utiliser tes propres sons. Tu peux aussi le faire avec Serato tu me diras, mais au moins ce sont des bons outils additionnels.
HHC: Tu es devenu le DJ officiel de Lex Records et tu as réalisé ce mix pour Warp. Comment s'est faite la connexion? Pareil pour Bully et le 7" que tu as réalisé pour eux?
BP: Ca s'est fait par un concours de circonstances... Ca fait un moment que je bosse avec les gens de Lex maintenant. Mon pote James Nicols bossait à Warp, et à l'époque ils fonctionnaient de façon assez ouverte (c'est toujours le cas je pense). James passait mes mixes sur la chaîne hi-fi de leur bureau. J'adore ce genre de truc, c'est toujours cool d'apprendre que ses mixes sont joués dans ce genre d'endroit. A l'époque, Tom Brown s'occupait de Lex dans les bureaux de Warp et il appréciait bien mes sélections, donc je lui ai filé plusieurs de mes anciens mixes pour qu'il y jette une oreille. Ca c'est vraiment fait aussi simplement, on est resté en contact et il m'a demandé de jouer pour des concerts Lex. C'était vraiment incroyable pour moi et ça continue de me faire halluciner quand j'y repense. Certains des artistes avec lesquels je jouais étaient et sont toujours mes héros. A l'époque j'écoutais des trucs westcoast et Anticon depuis déjà pas mal d'années et j'étais à fond dans ce genre de sons. C'était une période vraiment excitante, toutes ces connections avec des groupes et des artistes se sont avérées assez surprenantes et rafraîchissantes. J'ai joué avec certains de ces gars là et ça m'a scié. A l'époque Sage Francis était impliqué dans Lex via les Non-Prophets et j'étais déjà plus ou moins en contact avec lui. C'est vraiment un mec super et un de mes artistes favoris, donc j'étais donc ravi de pouvoir faire plus ample connaissance avec lui. Il y a eu plein d'autres trucs intéressants et c'est vraiment cool de pouvoir travailler avec un label que j'aime autant.
La connexion avec Warp a été un prolongement de tout cela en fait, et ça s'est fait avec mon pote Zilla. Ils nous ont demandé de faire un mix en partenariat, ce qui était totalement logique, et à partir de là on a fait quelques sets et d'autres projets liés à la musique qui ont été une super expérience pour nous.
La connexion avec Bully s'est faite dans le même sens. Bully a toujours sorti des disques que j'ai tout de suite adoré. C'est un label qui n'a pas besoin d'explications quant à ses sorties, tu sais de suite à quoi t'attendre et de quoi il s'agit. Dès la première sortie avec Sixtoo et Matth, ils avaient ce son dur et atmosphérique qui claquait. Je l'ai de suite incorporé à un mix et j'ai continué à le faire depuis! C'est cool parce que Sixtoo y est impliqué depuis le premier jour, ainsi que Controller 7 qui est un bon pote. Signify fait aussi partie de l'aventure et il a réalisé un de mes mixes favoris "Mixed Messages", j'ai donc de suite su que j'allai apprécier ce label! A l'époque en 2005, Marco, le boss de Bully, m'a demandé de réaliser un megamix et j'étais totalement à fond dedans, c'était un truc que je voulais faire depuis des lustres. Chaque fois que j'écoutais leurs 7", j'avais ça dans un coin de la tête, je réfléchissais à comment agencer au mieux les différents morceaux... Je pense que je l'aurais fait de toute façon, sans qu'il me le demande! Mais c'était une super opportunité de manipuler les morceaux que j'aime et je me suis bien amuser à le faire. Je suis vraiment honoré de travailler ou d'avoir travaillé avec de tels labels, c'est génial de faire partie de cette univers et j'espère que ça va continuer!
HHC: Parlons maintenant de ton dernier gros projet, le mix "Commonwealth Kids" avec Carlo. Raconte nous toute l'histoire derrière cela, comment tu as rencontré Carlo, comment vous avez construit ce mix entre l'Angleterre et le Canada...
BP: Tout a commencé en 2005... J'ai rencontré Carlo lors de l'une de ses brèves visites en Angleterre. Il essayait peut-être d'échapper aux impôts de son pays, ou peut-être était-il en cavale, recherché par les fédéraux pour un truc sordide, je n'ai pas posé de questions. Mais ce fut une super occasion de rencontrer quelqu'un dont j'écoutais les sons sur Bully et que je savais porteur en permanence de cette fameuse chaleur canadienne. On s'est rencontré à la station de métro Leicester Square et on a fait un tour en ville. Je ne suis pas vraiment amateur des parcours touristiques pour être honnête et je ne pense pas lui avoir offert la meilleur expérience touristique possible, mais je peux te dire que l'on s'est trouvé des disques bizarres et que Carlo s'est chargé en alcools exotiques, donc ce fut une chouette rencontre. On est resté en contact et au bout d'un moment on a commencé à parler mixes. C'est venu sur le tapis naturellement et on s'est mis d'accord pour en construire un via un système de relais. Il a commencé, m'a envoyé sa partie, j'ai enchaîné, et on a continué de cette façon. C'était vraiment cool de ne pas avoir de contraintes de temps, ça nous a permis de faire vraiment ce qu'on voulait. Nous avons des goûts et des styles assez similaires donc la sauce a plutôt bien prise. On a fait quelques petits changements en cours de route, on s'est occupé de l'artwork que Carlo a assemblé chez lui et on l'a finalement sorti. Nous en sommes vraiment fiers et nous n'avons eu que des bons retours jusqu'à présent. Ca fait plaisir de monter un projet avec un pote et d'avoir des réactions aussi enthousiastes en retour. C'est un peu notre enfant, la relation en moins. Enfin, tu vois ce que je veux dire. J'espère qu'on retravaillera ensemble un des ces quatre, c'est prévu, mais ça se fera au moment opportun. Ce n'est pas donné de tout mettre en place. On verra. J'attends ça avec impatience! On produit et on mixe chacun de notre côté, donc on consacre déjà du temps à notre propre musique, mais c'est une bonne chose dans le sens où la prochaine fois que l'on retravaillera ensemble on aura de nouvelles idées et des perspectives différentes. On a déjà chacun quelques idées en place cela dit. Les Commonwealth Kids vont revenir en force...
HHC: Tu as récemment gagné le concours de remixes du Mercury Craze de Subtle. Est-ce le début d'une carrière de producteur pour toi, avec un album à la clé?
BP: C'était génial. Je ne m'attendais pas à gagner, j'ai halluciné quand j'ai appris la nouvelle. J'ai approché ce remix d'une façon un peu différente de laquelle je travaille en général, mais je suis très satisfait du résultat. J'aime beaucoup Subtle et quasiment tout ce que touchent Dose One et Jel, donc savoir qu'ils l'ont apprécié représente beaucoup pour moi. Et ils m'ont envoyé des trucs barrés! Haha… Leur back-catalogue ainsi qu'un des jeux que Dose à fait pour 'For Hero: For Fool'. Incroyable.
Cela fait des années que je fais des remixes et je commence à réfléchir à un album depuis un petit moment. J'aimerais beaucoup travailler avec Bully à nouveau - j'achète toutes leurs sorties les yeux fermés et c'est un label en lequel j'ai toute confiance. C'est assez rare que ça arrive et quand c'est le cas, tu sais que tu as trouvé quelque chose de spécial. Il y a d'autres labels avec lesquels je vais bosser dans un futur proche, notamment SRL (Suburb Record Label), une sorte de sous-label de la grosse structure electro AI, et aussi 2600 Recordings, un label créé par mon pote Chris aka Lyrics Porn. J'ai pas mal d'idées pour de futurs morceaux, des choses que j'aimerai tester et des gens avec lesquels je rêverai de travailler, mais je ne trouve pas toujours le temps de concrétiser tout ça. Ca se fera, c'est sûr, mais j'ai juste besoin de faire le tri dans mes idées. Donc ouais, pour répondre à ta question, tu verras du son estampillé Buddy très bientôt!!! Promis. Je viens juste de finir un remix pour Bracken que tu devrais entendre bientôt aussi... Bracken est un superbe groupe sur Anticon, avec un mec de Hood au chant et deux autres gars talentueux. Ce fut un plaisir de participer à un tel projet. J'adore ce groupe.
HHC: A ce propos, j'ai remarqué que tes mixes contiennent pas mal d'artistes plus ou moins liés à la galaxie Anticon... Quelle importance à pour toi ce label?
BP: Après des milliers d'écoutes j'ai réalisé à quels points les artistes d'Anticon (et tous les labels qui leur sont plus ou moins liés comme Def Jux, Mush, Rhymesayers, sans oublier les productions pré-Anticon sur 45 Below!) avaient des choses en communs avec le hip hop traditionnel des années 90 - le côté "jeep music", boom bap, la façon de rapper aussi. Pas mal de gens les ont catalogué "art fags", et ont étiqueté leur musique comme étant du "hip hop d'intellos", mais je ne l'ai jamais ressenti comme ça. Ce qui m'a d'abord frappé chez eux c'est la qualité de leurs productions puis le lien de parenté qu'il y avait à l'époque au niveau des flows avec des artistes westcoast de la génération précédente comme Hieroglyphics, Freestyle Fellowship et Saafir (et leur crew). A l'époque les mecs de Quannum commençaient aussi à faire parler d'eux. Je n'ai jamais trouvé qu'ils essayaient de 'sonner intelligent' ou d'intimider les gens, j'y ai juste vu un style de hip hop progressiste qui pouvait très bien trouver sa place au côté du hardcore et d'autres styles plus conventionnels. De plus, tu peux faire des rapprochements et entendre leurs influences.
Des MC's comme Buck 65, Sixtoo, Sage Francis (et le reste du gang comme Dose One, Sole, Pedestrian, etc) arrivaient avec déjà pas mal de trucs mortels derrière eux et avec un amour revendiqué pour le hip hop (dont plein de trucs des années 80 que j'adore), mais aussi avec un réel intérêt pour tout un tas de musiques qui sortaient des limites conventionnelles du hip-hop. Buck 65 et Sixtoo faisaient des trucs assez efficaces avec des prods assez puissantes, qui de loin peuvent sonner comme du Shadow agressif ou du boom-bap rentre-dedans. Mais une fois que tu y fais un peu attention, tu remarques tous ces arrangements compliqués et ces boucles entremêlées à mille lieux des samples de funk et de soul classiques. C'était une époque vraiment excitante qui m'a pas mal fait réfléchir, je me suis rendu compte que je pouvais incorporer tout ces styles que j'appréciais dans ce que je faisais. Ca a changé pas mal de choses pour moi et ça continue. Tous les gens et les labels que je t'ai cité, je continue d'écouter leur musique régulièrement et ils continuent de m'influencer. Je leur dois beaucoup. Je continue de surveiller ce qu'ils font et ce qu'ils préparent, ce genre de musique est en constante évolution et se réinvente sans arrêt. Il y a toujours de nouvelles choses qui sortent qui peuvent t'inspirer, tu dois juste rester en alerte! J'aimerai profiter de cette occasion pour remercier absolument tout le monde dont j'ai inclus du son dans mes mixes, et tous les gens qui ont participé à ma culture musicale.
HHC: Je ne pouvais pas passer outre celle là: ton opinion sur l'état actuel du hip hop anglais?
BP: Il se porte bien, il est puissant. Certaines personnes parlent de la scène comme d'un tout, mais ça s'est tellement diversifié et scindé que tu ne peux plus mettre tout le monde dans le même panier. Tu manquerais plein de choses. A la base j'écoutai des trucs comme Gunshot, Blade, Overlord X (héhé, il était dope... le Chuck D anglais!), Katch 22, Demon Boyz, Hijack, tous ces mecs avaient des styles ultra agressifs avec des beats de sauvages. Sérieusement, ils étaient bien hardcore à l'époque! Leur influence s'entend encore dans ce qui se fait ici aujourd'hui mais ça a pas mal évolué depuis. En tout cas il y a toujours eu une frange assez radicale. J'aime beaucoup ce que font Jehst, Mr Thing & Yungun, P Brothers, Herbaliser, DJ Vadim, Roots Manuva et Mark B. Il y aussi des mecs comme 2Tall et Waxfactor (du label Needlework) qui font un des meilleurs et des plus intéressants hip hop que j'ai jamais entendu. Je recommande à tous ceux qui ne les connaissent pas encore de jeter une oreille à ce qu'ils font. Je leur passe le bonjour au passage, vu que ce sont aussi des amis. Leur musique est vraiment incroyable. Je dirais pour résumer que je ne suis pas au courant de tout ce qui se passe sur la scène anglaise mais que ce que je connais est vraiment bien et qu'il y a de quoi faire. Je pense que la scène est au niveau de ce qui se passe aux Etats-Unis ou dans le reste du monde (tu devrais écouter l'album de Mark B et Delta pour t'en rendre compte, Delta est un brillant MC australien et Mark B vient de Londres). C'est très encourageant.
HHC: Parle-nous un peu de tes projets.
BP: J'ai pas mal de trucs sur le feu et pas mal de trucs auxquels je réfléchis. J'ai quelques projets quasi-terminés, mais y'a pas mal de trucs à peine entamés. J'ai un peu tendance à être obsédé par le moindre détail donc je préfère prendre mon temps. Ce n'est peut-être pas la façon d'agir la plus efficace mais je sais qu'au moins je serais content du résultat et content de le présenter à d'autres personnes. Je bosse sur un mix depuis plus d'un an et je l'ai quasiment terminé, j'ai utilisé beaucoup de micro-samples dessus... C'est un peu comme s'il me narguait pendant que je bosse sur d'autres choses. Mais ça devrait bientôt être fini. J'espère. Merde. Je dois vraiment le terminer! Sinon j'espère faire un projet avec un ami à moi, un MC qui défonce et qui s'appelle Anonjondoe, c'est un truc dont on parle depuis un moment et qui devrait se faire sous peu. C'est vraiment un des meilleurs MC's que j'ai entendu depuis longtemps, en plus d'être un super pote. J'espère travailler de nouveau avec Waxfactor aussi, on a quelques idées de derrière les fagots pour de futurs projets... J'ai hâte qu'on mette ça au point. Pareil avec Dr Rubberfunk, on doit faire un bon vieux mix de hip hop old school un de ces quatre! Héhé, j'attends ça avec impatience. Sans oublier le projet avec Carlo qui devrait démarrer sous peu. Mais par rapport à mes travaux solos, c'est qu'une question de temps comme je l'ai dit. Les choses se font petit à petit mais une fois que je serais prêt je ferais pas mal de bruit autour de ça, promis. J'ai hâte d'y être. J'espère que les gens aimeront.
HHC: Ok, nous voilà rendu. Merci de ta patience... Quelques mots ou remerciements pour terminer?
BP: Absolument! J'ai toujours des derniers mots ou des remerciements à faire! J'aimerai te remercier pour m'avoir donné l'occasion de m'exprimer et de me faire un peu d'auto-promo (ha ha), ça signifie beaucoup pour moi et ça m'a fait réfléchir à pas mal de choses.
J'aimerai faire une déclaration d'amour publique à ma copine Sophie, la femme responsable de changements dans ma vie que je n'aurai jamais cru possible, et pour l'inspiration qu'elle m'apporte depuis que l'on est ensemble (et même avant). Je garde le reste pour notre intimité mais je voulais au moins lui prouver mon affection ici! Props et respect à toute la famille Banquet Records sinon. J'ai la chance de faire partie de cette équipe et c'est devenu un super endroit. Mon boss Jon Tolley se dépense sans compter pour faire du shop bien plus qu'un simple magasin de disque, ainsi que mon pote Mike Smith et que le reste de l'équipe (y compris mon colloc amateur de dronecore Drewski), c'est devenu quelque chose que je n'aurai jamais cru possible. Et ça continue. Donc voilà, big up à eux et n'hésitez pas à faire un tour sur www.banquetrecords.com pour consulter notre catalogue. Et si vous vous retrouvez vers Kingston, n'hésitez pas à passer nous voir. Vous serez bien accueillis!
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