Depuis 1999 le collectif Audiomicid se fait remarquer dans le milieu fermé qu'est le deejaying français, tant dans les compétitions (Kodh) que dans les breakbeats ou encore les mixtapes (Astrobastard, Dissection, Stagnation Reversed). Après un long silence le collectif nous revient avec un nouveau maxi "Sequence6" qui annonce enfin un album "Strange Data" prévu pour 2004, c'était donc l'occasion pour nous de nous entretenir avec 2 des 3 protagonistes de ce maxi : DJ Low et DJ Kodh.
Hip Hop Core : Présentation du collectif.
Low : Le groupe est né en 1998 avec Shino, Feadz et Shone qui sont les fondateurs. Ils ont été rejoints par Dirt, Mogz & moi en 1999, et c'est cette même année que l'on a décidé de faire des compétitions par équipe et en individuelle. Ensuite on est parti sur l'idée d'une scratch tape et c'est en bossant une interlude avec Mogz que l'on a choisi le format d'un E.P. à la place d'une k7. On a bien fait de faire ce choix vu que maintenant on est riche et célèbre. Kodh nous a rejoints durant la conception du E.P. et cela c'est fait naturellement sans grande cérémonie.
Kodh : J'ai quand même eu le T-Shirt collector des Audio!
Low : Pour résumé on est collectif de 7 DJ's que sont Shone, Dirt, Mogz, Kodh, Shino, Feadz et moi.
HHC : Que s'est il passé entre le E.P. et ce nouveau maxi ?
Kodh : Depuis on a surtout travaillé sur nos breakbeats (Ominous, HipFlask et KrazyBoozer), ce sont vraiment nos projets communs en tant qu'Audiomicid. Ensuite individuellement chacun y va de son projet, il y a pas mal de choses donc je ne pourrais pas tous te les citer.
Low : Mais nos vrais projets communs ce sont surtout les breakbeats, et aussi quelques scènes comme les Block Party, les soirées HipHop Resistance, ou encore quelques festivals.
HHC : On a là un nouveau maxi "Sequence6" qui est dans une autre veine que le E.P., il semble plus axé sur la production, dans quel etat d'esprit l'avez vous travaillé ?
Low : La différence est dû à plusieurs facteurs, déjà nos références musicales ont évoluées, je n'écoute plus les mêmes choses qu'à l'époque. Pour ce qui est du rap j'écoute le même style que Shone, parcequ'on est proche, que je le vois souvent et surtout parceque j'aime ce son. J'écoute aussi pas mal de Funk et de Salsa, et un peu d'éléctro. Donc je me suis grave ouvert par rapport à cette époque où on a fait le EP.
Kodh : Je le rejoints là dessus, ajoutes à cela toutes les rencontres que l'on a fait depuis et qui nous enrichissent tous. On est amené à rencontrer des gens avec tellement de styles différents que ça nous influence forcément, même si au départ cela te semble anodin.
Low : Tu vois des mecs comme Shone qui a un moment saturait au niveau rap, et c'est avec des sorties tels que celles de Company Flow qu'il s'est intéressé à tout ce style que l'on appelle "Darkness". Feadz lui était à fond dans le rap et maintenant il est dans l'éléctro, idem pour Dirt qui mixe aussi de la House. Toutes ces sonorités nous influencent dans notre travail et en plus de ça il y a aussi le changement du matos.
HHC : Vous aviez fait le E.P. sur un 4 pistes ?
Low : Moi c'était sur un 8 piste Fostex qui déconnait tout le temps.
Kodh : Pareil pour moi, même si j'ai fait qu'une apparition sur le E.P., mes productions qui ont suivi étaient sur multipistes. Mais le fait d'élargir notre culture musicale, cela nous a amené à nous interessé plus à la programmation, on a un panel plus grand.
Low : En plus le morceau 'Sequence 6' de Kodh c'est que de la programation, il n'y a pas de scratch.
Kodh : C'est essentiellement de la programation avec 2-3 scratchs mais ça n'est pas ce qui fait le titre, au début je voulais mélanger les deux, mais au final ça sonnait mieux de ne garder que la prog.
Low : On est aussi différent sur ce maxi au niveau de la technique, si tu prends mon morceau et celui de Kodh tu as les extrèmes. Le mien n'est fait qu'à base de scratch je n'utilise que du vinyle, alors que celui de Kodh c'est que de la programmation.
Kodh : Le morceau de Low avec l'évolution et le temps, est ce qui s'approche le plus (au niveau de la conception) du E.P. Celui de Shone c'est le juste milieu entre le scratch et l'utilisation des machines, alors que le mien c'est 100% machine et utilisation de samples.
HHC : Vous travaillez sur quels matériels en ce moment ?
Kodh : C'est top secret!
Low : Moi c'est mon ordinateur avec des logiciels comme Cubase.
Kodh : Moi c'est Contact, Samplitude, et mes deux platines. Je n'utilise pas de machines externes genre sampleur Mpc.
HHC : Tu parlais de programmation, est-ce que vous pensez que l'on a fait le tour de tout ce qui est boucles piochées dans la Soul, le Jazz.... ?
Kodh : Je pense qu'il n'y a pas de limites, et si tu regardes ce qui se fait actuellement on utilise à fond le sampleur. Après c'est aussi selon ta façon de travailler ta boucle, tu peux sampler un son et le rejouer à ta sauce en utilisant un synthé ou un oscillateur.
Low : Et puis personne n'a encore tout utiliser au niveau du vinyle, il y a tellement de chose à faire que c'est loin d'être fini, le grain est tellement différent.
HHC : A la première écoute du maxi j'ai eu l'impression d'écouter une B.O. de film, c'était voulu où c'est moi qui extrapole ?
Low : C'était pas voulu.
Kodh : C'est dû au fait que c'est instrumental et qu'il y a plein d'ambiances différentes, on ne garde pas la même boucle et il n'y a personne qui pose dessus. On a tout fait pour avoir des productions assez riches, c'est pas fait pour que tu danses dessus.
HHC : Le titre de Low est bien dark, genre la musique de Projet Blair Witch!
Low : Mon titre évolue beaucoup, je l'ai voulu complexe vu que c'était mon premier vrai morceau en solo, j'ai donc montrer ce que je savais faire au niveau de la scratch musique. D-Styles a un style bien dark et j'ai vraiment apprécié son travail, ce qui a dû m'influencer aussi. C'est vrai que ça peut raconter une histoire, celle d'un dépressif.
HHC : Mais ça n'était pas voulu ?
Low : Non, et d'ailleurs c'est pour cela que mon titre ne sera pas sur l'album, il a un peu rien à voir avec le concept électronique de l'album, voilà pourquoi tout le monde doit posséder ce maxi!
HHC : C'est pas trop difficile de gérer un maxi et encore plus un album quand on est 7 DJ's ?
Kodh : C'est pas évident mais on s'est fixé un thème pour travailler sur cet album "Strange Data", ce qui signifie la donnée etrange. Pour résumé ca serait une sorte d'entité informatique ou autre qui s'infiltrerait partout et qui niquerait tout.
HHC : Un virus ?
Kodh : Une sorte de virus, mais c'est pas vraiment définit. Comme on bosse tous sur des ordis on a voulu pousser ce concept. D'ailleurs pour l'anecdote, en terminant un morceau qui figurera dans l'album, j'ai eu un virus qui est venu me niquer mon disque dur et j'ai perdu toutes mes données!
HHC : C'est un peu la matérialistaion de votre concept ?
Low : C'est carrément ça, tout comme le track 'Black Rain' de Shone, c'est une sorte de pluie acide qui tombe sur la ville qui se personnifie et envahit tout, c'est pour ça que le titre finit bien dark! Le 'Sequence 6' de Kodh c'est un peu le générique du début où tout va bien, mais on sent qu'il va se passer quelques choses.
HHC : On en revient donc à l'idée de B.O. ?
Low : C'est clair que ça peut être une histoire, un manga.
Kodh : Pour moi c'est un peu "Blade Runner", en tous cas certains titres me font penser à ce film. Après tu peux coller plein d'images, et c'est aussi à l'auditeur de se faire ses propres films, il n'y a pas de ligne directive, juste savoir que c'est "Strange Data".
HHC : Comment se fait le choix des morceaux pour l'album ?
Kodh : On se les fait écouter et ceux qui plaisent à l'unanimité se retrouvent sur l'album, après dans un second temps on se concerte sur l'agencement des titres pour qu'il y ait une certaine cohérence.
Low : Si t'as un morceau qui part bizzare mais qu'il y a quand même de bonnes choses , les autres vont te dire de garder la meilleur partie et de travailler dessus. C'est pour cela que l'on se fait beaucoup écouter nos prods, parceque parfois t'arrives avec ton titre t'es super content de toi et les autres te remettent direct à ta place!
Kodh : C'est surtout pour être cohérent et ne pas perdre trop de temps.
HHC : Il y aura t'il, sur l'album, des combinaisons entre les DJ's ?
Low : Il y a déjà un titre de Shone et Mogz, et peut-être qu'il y en aura d'autres, on a pas encore tout boucler...
HHC : Chose qui n'a rien à voir, pourquoi il y a t'il si peu de soirées des Audiomicid ?
Kodh : Dans le groupe tu n'as pas que des mixers, il y en a qui sont plus accès sur la production, d'autres qui mixent, certains font les deux, moi je fais des shows, donc c'est assez vaste, ensuite il y a aussi l'envie.
Low : L'envie, le temps d'aller chercher du son, quand tu travailles à coté c'est pas évident, en grandissant tes priorités ne sont plus les mêmes, et mine de rien ca coûte cher les disques. Je préfère laisser ça à ceux dont c'est le taf et qui le font bien mieux que moi.
Kodh : Dans Audiomicid il y en a qui se professionnalisent dans la musique et d'autres pas, cela reste une passion pour tous, mais les priorités ne sont pas les mêmes selon les personnes.
Low : Et pour faire des soirées régulières Audiomicid il faudrait un concept genre turntablism ect...
Kodh : On est d'ailleurs en train de monter un concept de soirées Feadz, Shone et moi, qui mêlerait mixs et shows plus techniques, ce qui nous permettrait de tourner un peu partout et pas seulement pour les parisiens.
HHC : Faire un show par équipe ça ne vous tente plus ?
Low : Non, cela demande trop de temps pour t'entraîner pour être au niveau, après il faudrait un local où l'on puisse répéter, et surtout l'envie et le temps.
HHC : Kodh tu comptes continuer les compétitions ?
Kodh : Non!
HHC : Et le show au DMC à Londres avec Troubl et Netik ?
Kodh : C'est surtout pour le kiff, on se côtoie depuis plus de 3 ans, je connaissais déjà Netik, et on fait déjà des combinaisons genre Netik et Troubl, Troubl et moi... Là l'occasion s'est présentée à nous de faire nos routines ensemble pour l'anniversaire du DMC, donc voilà!
HHC : Quels sont vos projets solo ?
Kodh : Je fais quelques dates avec Rocca, et je sors une jiggy tape qui s'intitule "Rock Da Block"!
HHC : L'importance du net pour vous ?
Kodh : C'est un bon outil qui te permet de communiquer assez rapidement.
Low : Tu vois nous à l'époque on galerait pour trouver des scratchtapes, maintenant tu cliques et tu l'as, donc c'est un plus!
Kodh : Rien qu'à notre niveau on communique vachement par le net, on parle de tout et de rien, on échange des sons, on débat sur l'actualité....
Low : Le net devient de plus en plus accessible, donc cela te permet de faire connaitre ton travail à plus de personnes.
HHC : Que pensez vous du logiciel Final Scratch ?
Low : C'est dur comme question, ca tue le vinyle mais en même temps...
Kodh : Pour des soirées c'est un plus tu viens avec ton pc et tu enchaînes, plus de flycase sous les bras!
Low : Tu fais un gain d'argent aussi, tu télécharges les sons plus besoin d'aller claquer chez le disquaire.
HHC : Mais c'est aussi ça le deejaying, c'est rechercher des disques!
Low : C'est aussi ça c'est vrai.
Kodh : Final Scratch peu dénaturer le coté crate diggin', au lieu d'aller chez ton disquaire... tu irais sur le net… On perdrait certaines sensations comme toucher les disques, les sentir… et tout bêtement rencontrer des gens. Mais je pense que même avec Final Scratch il y aura toujours de gens pour collectionner des disques…
Low : Le vinyle va perdurer, il y a trop de puristes.
Kodh : Il y a des choses encore impossibles à faire avec ce logiciel, des qualités mais cependant certains défauts.
HHC : Top 5 de votre collection ?
Kodh :
- Final Fantasy 7 - Sound Track
- Hieroglyphics - 3rd Eye Vision
- Rasco - Time Waits For No Man
- aBCS - Virus
- Kraftwerk - Computer's World
Low :
- Secret Weapon - Must Be The Music
- RJD2 - June
- Sensational - Livin' It Up
- Johnny Gill - Rub You The Right Way
- Q-Bert Feat D-Styles - Razorblade Alcohol Slid
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