C'est clair : "Dirty District" n'était qu'un apéritif. Voilà enfin le vrai visage de Slum Village nouvelle version avec le successeur de "Fantastic Vol.2". Baatin, T3 et Elzhi ont vu les choses en grand et pour leur retour ils nous offrent pas moins de 69 minutes de nouveau son.
Il faut dire qu'Elzhi a nettement plus de choses à dire que ses deux comparses et que son arrivée dans SV correspond comme prévu à un déluge de bons mots et à une amélioration notable de la qualité lyricale. Le jeune loup n'a pas fourbi ses premières armes aux côtés de Binary Star sans raison... Bien sûr, on a toujours le droit à des histoires de cul et à des egotrips basiques mais le style s'est raffiné ('Tainted', 'Hoes'), l'amour fait irruption ('Soul'), la flambe a été mise de côté et les flows ont été mis à jour. En représailles aux piratages qui ont souvent handicapé le groupe, Elzhi parséme aussi ses textes d'attaques à l'encontre des bootleggers. On n'est pas encore dans la grande littérature mais on est réellement monté d'un cran. De plus, la place de chacun est mieux définie que par le passé et les voix se mélangent mieux sur le beat. Tout le monde est au diapason. Parfois la lassitude ressurgit ('All-Ta-Ment') mais globalement tout va mieux du côté lyrical.
Jay Dee n'a produit que 3 titres ici mais, contrairement à ce qu'on attendait, son absence ne s'en ressent pas trop sur la qualité de l'album. T3, Wajeed et Young RJ se sont chargés du gros de l'ouvrage et ils ont fait les choses bien. Moins minimaliste que sur "Dirty District", la production se distingue par sa fidélité aux basses lourdes et aux ambiances planantes affectionnées par J Dilla ('Intro2', 'La La')... sans tomber dans la caricature. Karriem Riggins, excellent, compose quant à lui 3 titres dans la même lignée offrant ainsi une belle cohésion à ce "Trinity". Une cohésion qui n'entraine pas cependant de lassitude car on se laisse littéralement hypnotiser par les basses enveloppantes qui peuplent chaque titre et nous portent de la première à la 23ème plage sans heurts. Même Hi-Tek et Scott Storch se fondent dans le moule pour servir au mieux le collectif ('Slumber', 'Get Live'). De grooves funky ('Tainted', 'Disco') en beats plus futuristes ('Let's', 'Unisex'), on est toujours sous le charme.
Après une longue attente, Slum Village montre brillament qu'il y a une vie après Jay Dee et qu'elle vaut vraiment le détour. "Trinity" est le digne successeur des 2 "Fantastic". De la belle ouvrage.
Cobalt Août 2002