Xololanxinxo
People Kill The Person

Réfugié mexicain affilié au bastion Shapeshifters, Xololanxinxo, l'une des deux voix de Of Mexican Descent tend à s'imposer comme l'un des plus éminents représentants du vivier angelino. Apres quelques coups d'essai gouffriques (dont "Tape From A Stolen Car"), deux albums solos ("Marketing The Monsters", "Names") et des apparitions remarquées sur les projets de ses fellows (2Mex, Liferexall, Tommy V.), le MC livre "People Kill The Person" via la structure Memo Records (responsable notamment du 'Diypartisan' 12 Inch de Jel et 2Mex).

Comme à l'accoutumée, Xinxo a préféré l'homogénéité et la cohérence à la multiplicité des producteurs et des ambiances. Si "Names" avait été entièrement confié à Deeskee - tête d'affiche du label La2thebay et auteur d'un très bon "Blacklight Sessions" cette année, les beats de ce troisième album sont l'oeuvre de trois des concepteurs les plus en vue de l'Ouest.

Omid, Deeskee et Mum's The Word ont été embauchés pour cet ouvrage au visuel "vaudou" peu rassurant. Tout le monde s'accordera a dire que Mum's The Word, producteur des Mindclouders n'est pas le faiseur de sons le plus aventureux du bassin Californien, la composition ejay-like de 'All Hands' ne devrait pas contredire ce jugement.

Nous étions donc en droit de nous inquiéter sur le choix de Xolo, qui a confié 7 des 13 plages à l'auteur de "People Keep Moving". Mais Mum's The word pourrait étonner plus d'un auditeur sceptique tant l'efficacité du travail fourni est flagrante. Exemples probants et pieds de nez aux détracteurs, l'impeccable 'Poisoned', support idéal au rap laid back de Xololanxinxo, ou la ligne de piano candide déposée sur le beat massif de 'Payback', en milieu d'album. Sans réelles prises de risque, privilégiant les constructions simples (superposition clavier / beats boom-bap) et s'appuyant sur des caisses toujours très bien réglées, Mum's a préféré se concentrer sur le choix des samples à insérer, celui-ci s'avérant souvent judicieux. (cf 'Drowning').

Sans doute moins audacieux que sur son "Monolith", Omid n'est est pas moins inspiré sur les trois plages qui lui ont été réservées. En jouant des cordes et des sonorités 'orientales' (récurrentes chez cet artiste d'origine iranienne) pour un solide 'Whatever You Ask', en produisant un pastiche mainstream tranchant avec le reste du LP mais franchement accrocheur ('You're Just A Follower'), ou en invitant une chorale de bambins sur le refrain d'une intro exemplaire, OD exhibe ses indéniables capacités et prouve l'étendue de son catalogue de sons. De quoi renvoyer les retardataires vers l'indispensable "Beneath The Surface".

Avec le lancinant 'Ixtacihuatl' mais surtout avec le splendide riff "aquatique" qui orne 'The End Of Me', le chef d'orchestre Deeskee se charge de la partie "émotion" de l'album et confirme tout le bien qu'on a pu dire de lui. L'obscur All Deadly Jizzm, appelé pour une seule et unique composition ('The Monkey Key'), offre un des meilleurs moments de "People Kill The Person" avec une production décorée de mugissements simiesques. Forcément, dans l'air du temps.

En maître de cérémonie consciencieux, Xololanxinxo - alter ego du gros 2Mex - fait honneur aux solides constructions rythmiques léguées par ses invités. Il rappe, toujours bien, parfois vite ('The Next Morning'), chante, fredonne et murmure ça et là, d'une voix esquintée par une herbe trop grasse et teintée d'un accent de chicano à couper au couteau.

Oui, mais les thèmes ? Ceux d'un mauvais album de rap français, en gros. Le suicide ('The End Of Me') ; l'amitié sabotée ('Payback'), le bon gros égotrip (sur 'All Hands' avec deux briscards des Visionaries), le dégoût du matérialisme et de l'égocentrisme des méchants Yankees ('Poisoned'), l'anti-racisme naïf ("It doesn't matter that you hate my color of skin, go ahead !")... Tout y est.

On ne se privera pas de déplorer cette candeur et cette légèreté lyricale ambiantes, qui font forcément tache ; pour autant, "People Kill The Person" est un bon album de rap mexicain, avec plein d'argot dedans et la voix cassée d'un MC en pleine descente de weed.

Kreme
Novembre 2003
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Label: Memo Records
Production: Mum's The Word, Omid, Deeskee, All Deadly Jizzm
Année: Août 2003

01. The Next Morning
02. Ixtacihuatl
03. General Generation
04. Poisoned
05. All Hands
06. Drowning
07. People Kill The Person
08. Payback
09. Monkey Key
10. The End Of Me
11. The Dying Chain
12. Whatever You Ask
13. You're Just A Follower

Best Cuts: 'Poisoned', 'The Monkey Key', 'People Kill The Person'

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