Issu du crew Mhz, Copywrite bénéficie depuis quelques mois déjà d'un buzz sans égal dans l'underground. Il faut dire qu'à chacune de ses apparitions il laisse le mic fumant. Armé d'un flow impitoyable, il assène les punchlines comme autant de coups de grâce aux wack emcees. "Table Scraps" aura permi à son nom et à celui de son équipe d'atteindre les oreilles d'un public plus large et c'est donc avec un bon timing que sort le premier album solo du prodige d'Eastern Conference. Et c'est bien sur le label de The High & Mighty que Copywrite est à sa place : au milieu d'amoureux d'un hip-hop hardcore et brut de décoffrage aux productions rentre-dedans. L'idéal pour son flow insatiable et son attitude insolente.

On avait des doutes quant aux aptitudes de Copywrite à tenir la distance sur 60 minutes. En effet, il s'aventure rarement ('June') dans l'introspection préférant bouffer du micro sans se prendre la tête. Néanmoins, Copywrite confirme sur "The High Exhaulted" ce qu'EPMD démontrent depuis 1988 : on peut faire des albums mortels avec de l'égotrip. La créativité de ses métaphores épate et amuse à la fois tandis que son second degré, son débit incontrôlable, ses petits concepts et ses images déjantés apportent la variété suffisante pour nous distraire pendant 18 titres. En plus, le soutien occasionnel de ses compères de Mhz (Jakki, Camu Tao et Tage Proto) ne fait jamais de mal.

Tous les producteurs accompagnant Copywrite dans sa première escapade solo se sont donnés à fond pour faire exploser leur ami. Mighty Mi fait dans l'armement lourd comme à son habitude; Camu Tao dans le classique et RJD2, sublime, s'affirme une fois de plus comme une des pointures de la nouvelle génération ('Seven Light Years', 'Nobody'). Les sons sont touffus, travaillés mais aussi et avant tout efficaces. Dans la pure tradition du bon hip-hop hardcore à l'ancienne... Avec juste ce qu'il faut d'inventivité. On retrouve à ce titre avec plaisir les indispensables 'Fuck Soundcheck', 'Holier Than Thou' et 'Tower of Babble'. Tout s'enchaîne sans accrocs, porté par les affolantes aptitudes microphoniques du jeune mais impressionnant Pete.

Sans briser les règles du jeu ou apporter autre chose de nouveau que sa personnalité, Copywrite est parvenu à faire de "The High Exhaulted" une belle réussite. Son premier album place la barre haut et est le meilleur de son genre depuis bien longtemps... Il ne lui manque qu'un peu de profondeur pour totalement emporter la mise. Mais, pour le moment, on ne boudera pas son plaisir et on poussera à fond les multiples bombes de ce Lp. Copywrite déchire... Et s'il s'ouvre un peu plus à nous dans le futur, il a toutes les cartes en main pour faire vraiment très très mal.

Cobalt
Juillet 2002