Atmosphere
God Loves Ugly

Tranquillement, sans faire trop de bruit, Slug et Ant ont pondus 2 albums, "Overcast!" et "The Lucy Ford Ep's", que l'on peut légitimement compter avec le recul parmi les rares classiques sortis ces dernières années. A la force de textes et de concepts profondéments personnels. A la force aussi d'une vraie symbiose entre musique et message. A bout de bras, ils ont imposés leur talent à ceux qui ont eu la chance de les entendre. C'est donc la moindre des choses que Fat Beats distribue aujourd'hui plus largement le nouvel album des leaders du collectif Rhymesayers. Et ne vous fiez pas au très moyen "Modern's Man Hustle" qui précède ce "God Loves Ugly" dans les bacs. Car comme d'habitude avec le duo la qualité est au rendez-vous.

"God Loves Ugly" se situe à mi-chemin entre ses 2 prédécesseurs. En effet, se rappelant au bon souvenir d'un "Overcast!" rempli de battle rhymes, Slug se montre assez offensif; envoyant quelques piques bien senties à l'encontre des wack emcees ('Onemosphere', 'Blamegame', 'Flesh'). Pour autant, comme sur "Lucy Ford", l'emphase est placée sur les problèmes relationnels de Slug, ses amours ('Hair', 'Saves The Day') et sa hantise de la mort ('Lovelife'). Le clown triste aborde avec honnêteté ses ambitions, l'émotion que provoque chez lui l'attachement de ses fans à ses textes ('Give Me') et bien sûr son amour brisé mais persistant pour sa muse Lucy ('Fuck You Lucy').

Et en réponse à ceux qui lui reprochent de s'apitoyer un peu trop sur lui-même, Slug envoie un cinglant 'One of a Kind'. De son côté, Ant laisse le champ libre à Slug et continue de raffiner sa science minimaliste de la production. Ici, ses instrumentaux se font plus fluides et il parvient réellement à traduire en notes l'émotion ou le dynamisme qui se dégagent tour à tour de la voix de son partenaire. Variant ses beats et ses lignes de basses au gré des humeurs de Slug, il sait trouver les sonorités idéales pour retranscrire l'état d'esprit du moment. Les meilleurs exemples en sont probablement l'harmonica et la guitare acoustique qui ornent respectivement les mélancoliques 'Give Me' et 'Shrapnel'. Conçu en autarcie, "God Loves Ugly" montre la réelle harmonie qui existe entre Slug et Ant. C'est sûrement la raison pour laquelle, outre les instrumentistes, on ne trouve dans les crédits que la participation microphonique d'I Self Divine des Micranots sur 'Flesh'.

Malgré tous ses atouts, ce troisième album n'est pas un sans faute. Ainsi, 'Vampires' est plombé par un mixage trop approximatif. 'Hair' et 'Breathing' souffrent d'instrus un peu faiblards. Mais ce sont bien les seuls défauts que l'on puisse trouver à ce "God Loves Ugly" qui est donc une vraie réussite. Dans l'ensemble, l'album est peut-être moins immédiatement renversant que ses prédecesseurs mais il confirme qu'Atmosphere est sans conteste un des groupes majeurs du hip-hop de notre époque. Il serait dommage de passer à côté de ce LP de haute volée.

Cobalt
Août 2002
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Label: Fat Beats
Production: Ant.
Année: Juin 2002

01. Onemosphere
02. The Bass and the Movement
03. Give Me
04. F*@k You Lucy
05. Hair
06. Godlovesugly
07. A Song About a Friend
08. Flesh (feat. I Self Divine)
09. Saves the Day
10. Lovelife
11. Breathing
12. Vampires
13. A Girl Named Hope
14. Godlovesugly Reprise
15. Modern Man's Hustle
16. One of a Kind
17. Blamegame
18. Shrapnel

Best Cuts: 'Lovelife', 'One of a Kind', 'The Bass and The Movement'.

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