Flying Lotus
Los Angeles

Prenez le mot anglais "exhilarating" : on y trouve rassemblés les mots français "hilarant" - comme le gaz du même nom - et "excitant" (enfin presque, faites preuve d'imagination). Ce qui n'est pas loin, car les deux langues ne sont pas si hostiles : en effet le terme anglo- saxon en question signifie jovial, vivace, joyeux, enthousiasmant, ou, attention nouvelle définition, musique de Flying Lotus. Oui, vous avez bien lu : enthousiasmant, l'animal Steven Ellison, ce Californien qui monte, l'est à plus d'un titre. Trois fois qu'on vous en parle en moins de dix-huit mois. Voilà ce qu'on appelle chez nous un prolixe sur écoute. Chaque fois, à chaque disque, une remarque se place au-dessus des autres, au risque de les empêcher : diable que tout cela est excitant (nous ne parlons pas ainsi, rassurez-vous, c'est une formule).

Pour raisonner par l'exemple dans cet album "Los Angeles" qui nous vient, le morceau 'Camel', dénote un art véritable de l'amorce en même temps qu'un goût pour la détente (au sens de gâchette et aussi de repos absolu). Le somptueux et protéiforme 'Riot', quant à lui, nous régale de phrases incomplètes, de riffs et de mains qui claquent. Sur le folâtrant 'GNG BNG' c'est la rencontre, hautement improbable mais néanmoins crédible, de Tron et de Nusrat Fateh Ali Kahn. 'Auntie's Harp', pour sa part, est un morceau dont le déroulé de percussions captive jusqu'au salut, qui vient par la harpe justement. Toutes ces plages sont d'une fraîcheur incroyable. En concert au Nouveau Casino de Ménilmuche en novembre dernier, Flying Lotus en dispensait d'autres avec la même fraîcheur, et avec une énergie dévastatrice dont seul le DJ prévu ensuite souhaitait se plaindre – il y était encore deux heures plus tard.

Alors certes, tout n'est pas parfait dans cet album. Du fait de sa durée et considérant le créneau qu'il occupe, il trouve un impact moins fort que son prédécesseur, l'imparable "Reset" EP. Mais pour tout dire, la construction de cet opus ressemble à s'y méprendre à notre chère courbe de Gauss : un sommet qu'entourent deux pentes régulières. Son entrée se fait dans le calfeutrage de crépitements de vinyles et de sons amortis. Au centre, sur le sommet du crâne qui bat la mesure : voir plus haut. Sa sortie s'effectue capitonné par l'égrènement extatique des "oum" de 'Infinitum'. Ce qui prime sur les défauts de ce disque est sa qualité d'évasion, d'enveloppement radical. Alors cap sur la péninsule californienne de "Los Angeles", chers amis! Perdus dans la cité des Anges, à la fin de l'envoi, vous serez touchés.

Billyjack
Juin 2008
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Label: Warp
Production: Flying Lotus
Année: Juin 2008

01. Brainfeeder
02. Breathe . Something/Stellar Star
03. Beginners Falafel
04. Camel
05. Melt!
06. Comet Course
07. Orbit 405
08. Golden Diva
09. Riot
10. GNG BNG
11. Parisian Goldfish
12. Sleepy Dinosaur
13. RobertaFlack (feat. Dolly)
14. SexSlaveShip
15. Auntie's Harp
16. Testament (feat. Gonja Sufi)
17. Auntie's Lock_Infinitum (feat. Laura Darlington)

Best Cuts: 'Camel', 'Riot', 'GNG BNG'

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