C'est devenu une habitude. Chaque nouvel album de Gangstarr fait l'effet d'une bombe dans le milieu du hip-hop et "The Ownerz" n'est pas l'exception à la règle. Quelques featurings, quelques projets et quelques titres depuis "Moment Of Truth" et revoilà Guru et DJ Premier en service. Considéré comme l'un des groupes les plus mythiques de la scène rap, Gangstarr souffrait dernièrement de certaines critiques les disant incapables d'égaler leurs précédents opus et l'on accusait même DJ Premier de ne pas innover assez au niveau de la production. C'est dans un tel contexte que "The Ownerz" arrive dans les bacs. Chronique d'un album que la presse spécialisée voyait déjà comme un futur classique...
Et bien non. Non, le nouveau Gangstarr n'est pas le messie que tout le monde attendait. Non, il n'est pas l'album parfait que certains magasines jugeaient irréprochable avant même de l'avoir écouté. Et c'est peut être ça la principale déception de "The Ownerz". Car on peut le dire, ce nouvel opus de DJ Premier et Guru n'est franchement pas mauvais. Des productions typiquement "Ganstarriennes" dans l'ensemble, soigneusement scratchées par Primo; des lyrics toujours aussi conscients et quelques bons featurings, voilà la formule de ce nouvel album.
Passons la brève intro et penchons nous plutôt sur les titres de l'album. Et quand on évoque Gangstarr, comment ne pas de suite penser à la Gangstarr Foundation et aux Mc's proches du groupe? En effet, comme sur "Moment Of Truth", on retrouve Krumbsnatcha sur le moyen 'Put Up Or Shut Up', Big Shug et Freddie Foxxx sur l'excellent 'Capture' (la suite du titre 'The Militia' du précédent album), M.O.P accompagné de Fat Joe pour l'explosif 'Who Got Gunz' et pour finir NYG'z (récente signature du label de DJ Premier) et H.Stax sur le mitigé 'Same Team, No Games'. Bien sûr dans ce nouvel opus nous avons droit à d'autres featurings de renoms, comme Snoop Dogg ou encore Jadakiss, mais pourquoi perdre du temps à parler de leurs prestations indignes de leur statut ?
En fait, le vrai intérêt de l'achat de ce 6ème album de Gangstarr se situe dans les solos de Guru qui a su aiguiser ses 'Skillz' et montre plus d'aisance que jamais au mic tout en amenant les thèmes de façon remarquable. Il n'y a qu'a écouter 'Deadly Habitz', 'Sabotage' ou 'Riot Akt', état des lieux de la loi de la rue en 2003, pour en être persuadé. Se positionnant toujours en connaisseur des pièges qui parsément les avenues new-yorkaises, Guru livre une prestation tout à son honneur. Mais hélas, les productions de DJ Premier ne mettent pas aussi bien en valeur le MC de Boston qu'à l'habitude et même si cet album contient son lot de bombes ('The Ownerz', 'Who Got Gunz', 'Capture' ou encore 'PLAYTAWIN'), l'ensemble des productions est relativement moyen et empêche cet album d'être le classique que l'on attendait. Alors qu'on pensait DJ Premier infaillible sur les albums de son groupe et qu'il constituait la pierre de voûte de l'édifice Gangstarr, il peine ici à se renouveler et à donner une nouvelle fraîcheur à sa formule.
Bref, ce ne sont pas quelques fausses notes sur un parcours plus qu'honorable entré dans la légende qui vont faire tomber les géants que sont DJ Premier et Guru de leur piédestal. Malgré certaines productions douteuses et des featurings pour la plupart mal choisis, on ne pourra pas enlever à "The Ownerz "le mérite qu'il a d'amener de la fraîcheur dans des bacs pollués par le fric, les strings et le bling bling.
Illmatic Août 2003