Déjà évoqué il y a deux semaines dans la chronique du superbe "Koolmotor" des Five Deez, voici enfin le résultat de la collaboration de Fat Jon (du groupe précité) et J-Rawls (des Lone Catalysts). Construit à la base comme un solo de FJ produit par J-Rawls, la grande forme musicale de Jon l'a poussé à poser lui aussi quelques instrus sur son Lp tandis que Jason s'est permis de lacher quelques rimes par endroits. Les frontières se sont donc un peu brouillés et "The Living Soul" se trouve être une vraie fusion des univers de 2 artistes et amis de longue date qui s'apprécient et se respectent.

De manière assez surprenante pour un album de ce type, les sujets et ambiances sont assez sombres et réflectives. Dissertant avec nostalgie et style sur nos vies, les conséquences de nos choix ou les rencontres qui font notre existence, Fat Jon livre des textes intimes et marquants ('What Could Be', 'Yesterday'… que vous aurez tout le loisir de disséquer comme ils ont intelligemment été inclus dans le livret). Pour ce qui est du fond sonore, il est jazzy et plaisant, comme on pouvait s'y attendre. Pianos, guitare, claviers : toute la panoplie des orfèvres de l'Ohio a été déployée, fournissant ainsi assez de variété et d'émotion pour satisfaire tout le monde. Fat Jon fait un sans faute tout en finesse mais il faut reconnaître que J-Rawls, même s'il assure, n'atteint pas toujours, ici, les sommets de son "The Essence Of J-Rawls" de l'an dernier. La faute à un peu trop de minimalisme et surtout à une tendance à mixer ses samples trop en retrait par rapport aux drums (cf. 'No Need To Run' ou 'The Collective'). C'est le seul petit bémol que l'on peut apporter à la réussite globale de cet album. Car, pour dire vrai, cette petite forme de J-Rawls ferait rêver plus d'un producteur à court d'imagination et comblera sûrement la majorité des backpackers. Et, au demeurant, "The Living Soul" est un disque robuste aux textes saisissants qui constitue une acquisition idéale pour tous les fans des Lone Catalysts et des Five Deez.

Cobalt
Janvier 2002