Tous les 5 ou 6 mois, un groupe déboule sur nos platines pour remettre en cause notre conception du hip-hop et ouvrir de nouvelles portes dans un milieu rap qui tend trop souvent à se regarder le nombril. Company Flow, Scienz Of Life et Them l'ont déjà fait. Micranots suit la même voie et nous emmène vers une nouvelle dimension. Une dimension où chaque titre est chargé de sens, où chaque mot est mûrement réfléchi, où chaque instrumental a été longuement peaufiné pour transformer une mélodie bancale en un joyau de production. Une dimension où les scratchs de Kool Akiem s'entremêlent comme par magie au débit impressionnant d'I Self Divine. Rarement un album aura été aussi complet quant au nombre de sujets abordés et quant à la profondeur du traitement qui leur est accordé. L'esclavage mental, la culture hip-hop, les manipulations gouvernementales, le mysticisme et l'amour auront rarement été analysés avec autant de finesse.
Et le flow "à la El-P" d'I Self convient parfaitement à cet exercice. Les productions de Kool Akiem montrent aussi combien les Micranots souhaitent créer leur propre niche. Cette fusion de samples décalés, de beats rapides tendance old school et de notes de synthé impressionnistes trouve comme par miracle son propre équilibre et met en place une ambiance unique. On pourra juste regretter qu'il n'ait pas pris en charge la production de 'M.O.V.E.' (qui vient un court instant gâcher notre plaisir). Mais on lui pardonnera rapidement tant la qualité de l'album émerveille. Un premier LP aussi solide laisse présager d'une grande carrière pour ce groupe d'Atlanta. Pour l'instant, même si cet album n'aura sûrement pas la promotion suffisante pour dépasser le cercle des initiés, il obtient aisément le statut de classique du rap novateur et expérimental.
Cobalt 2000