Dans son costard hype, tout de rose vétu, Gonzo comme on aime l'appeler, est l'anti-gangsta star par excellence ! Le torse imberbe de 50 Cent n'a qu'à bien se tenir face au très velu Chilly Gonzales. "Presidential Suite" n'est pas la première oeuvre de ce canadien déjanté, mais c'est bien cet album qui va le mettre sous le jeu des projecteurs, explications…
Equipé d'un sampler, d'un piano, d'une coéquipière de choc, l'homme qui aime s'auto-déclarer "The Worst MC" nous fait redécouvrir le mot 'dance-floor'. 'So-Called Party Over There' donne le ton, dès les premières notes le groove est là, les beats sont énormes, son rap est puissant, énergique à souhait, on bouge, on hoche la tête, les jambes et enfin tout le corps ! 'Shameless Eyes', chanté en quasi-totalité par Feist (sa coéquipière de choc), ou dans sa version française par Gust Patty, est un titre dédié à Françoise Hardy (oui, oui !), cette balade romantique nous dévoile une facette plus personnelle de l'artiste, bien moins décalée qu'à son habitude, cette musique est un véritable slow, kitsh et sérieux à la fois.
L'électro hip-pop de l'entertainer nous rappelle sur la piste, il scande 'You Snooze, You Lose', son flow nous agresse, mais on aime ça, on en redemande, et la sauce repart de plus belle avec le hit incontesté 'Take Me To Broadway', qui à la base ne devait être qu'un texte à la Burroughs, du spoken word improvisé sur quelques percussions, mais il devient ici un véritable hymne au Broadway des années 20' avec ses cabarets et ses musiques très entrainantes. Entre ces moments de transe musicale quelques ballades viennent s'interposer, plus ou moins dans le coup Gonzales montre ici ses premières failles, en effet ses mélodies moins bien rodées que sur "Uber Alles" déçoivent la plupart du temps ; s'ennuyer ici est un véritable paradoxe et notre personnage se mord la queue en entrant trop dans son rôle de crooner, il nous ennuie au lieu de nous surprendre!
Mais notre Gonzo, pimp et bitch à la fois, sait relever la tête et nous offre une puissante leçon de morale sur 'Decisions' et, enfin, de belles mélodies en fin d'album avec 'Chilly In F Major' et 'Starlight'. Dernier titre rappé 'Bottom Of The Pops' est l'étincelle finale de cet album, les synthés sont là, Feist aussi et la voix aigu de cette coéquipière de choc colle parfaitement au groove naturel de Gonzales pour nous crier 'Don't Stop, Don't Stop' dans les oreilles ; la magie est là, ils nous entraîne dans leur délires et nous les suivons avec délice…
"Presidential Suite" est une sensation unique, tout aussi expérimentale que les sons déployés par cet artiste hors normes, ce magicien de la boîte à rythmes et du piano réussi à donner un coté "cabaret funky" à tout ses titres ; il nous accroche et nous tient en haleine du début à la fin de l'album. Personnage et musicien à la fois, Gonzales surprend sans se soucier de l'authenticité de son hip-hop, il fait ce qu'il aime en rappant, que cela plaise ou non…
MC23 Septembre 2003