"Nighthawks" est à la base un film de Bruce Malmuth sorti en 1981 qui réunissait notamment Sylverster Stallone et Billy Dee Williams dans un duo policier de choc. Plus de 20 ans après, c'est Cage et Camu Tao de MHZ fortement inspirés par ce film, qui reprennent les rôles de deux flics pourris près à foutre la pagaille dans New York. Le concept est accrocheur et attire l'attention mais la forte déception quant au dernier album de Cage ainsi que la participation (bien que limitée) de Mighty Mi à la production ont de quoi nous laisser sceptique.
La première écoute nous plonge dans une immersion totale, on se croirait plongé dans un polar des années 80. Dès le premier morceau de l'album : 'N.R.A.', les sirènes de police retentissent et les flows ravageurs des deux Mcs frappent fort, on se croirait alors entrain de chasser la racaille new-yorkaise au volant d'une voiture de la N.Y.P.D. Camu Tao à la production assure un morceau de très bonne facture, idéal pour débuter ce voyage dans les rues sombres et insalubres de la Big Apple. Et fort heureusement le reste de l'album va confirmer cette très bonne entrée en matière. Sur le morceau suivant, 'The Trailor', rythmé par des boucles de piano, plus calme mais tout aussi plaisant les deux flics partagent le micro avec Tame One, pour poursuivre avec la première production de Mighty Mi sur l'album, un 'Cop Hell' dansant, rien de bien transcendant mais le morceau s'inscrit bien dans l'atmosphère générale. On poursuit avec un très bon 'Keep The City Up' avec le refrain accrocheur d'un Cage des grands jours, pour passer à un 'Car Chase' accompagné par Metro et très bien orchestré par Camu Tao qui assurent la majorité des productions sur ce LP. Décrire le reste des morceaux serait alors un tâche superflu, le reste de l'album restant homogène et de très bonne qualité, à ajouté quand même la présence de skits entre les tracks avec des passages tirés du film de Malmuth qui nous plongent un peu plus dans l'ambiance souillé de cette police corrompue. On pourra tout de même souligner la clôture des péripéties de nos deux flics par un 'Street Poly' de toute beauté, avec un rythme énergique martelé par Cage et un Camu Tao qui pour la première de l'album se lâche un peu plus et retrouve son flow enragé d'antan comme sur un 'Hold The Floor' par exemple.
Si une impression très positive ressort après l'écoute des Nighthawks, on ne peut s'empêcher de ressentir quelques déceptions. Tout d'abord le peu de morceaux nous laissent sur notre faim, on en aurait aimer un peu plus (seulement 9 tracks sans compter les skits), de plus les productions bien que complètement appropriées à l'ambiance recherchée par Camu Tao en grande partie et Dj Mighty Mi, sont assez légères et sonnent parfois "commerciales", n'espérez pas découvrir ici des essais expérimentaux avec des variations de beats dans tous les sens. On pourra enfin regretter un Camu Tao qui nous avait habitué à un flow plus aliéné au sein de MHZ et lors de son dernier maxi ('Hold The Floor' / 'Wireless') préférant rapper ici de manière plus passive.
Mais ne cachons pas notre joie, Cage (qui rattrape fortement un "Movies For The Blind" à moitié raté) et Camu Tao (à la fois au micro et à la production) nous signent un album sans prétention et de très bonne qualité, puisant dans un concept très bien pensé et attrayant. Au final un très bon album signé Eastern Conference, (pour une fois pas taché par la partition de Mighty Mi) qui amorce la sortie du Lp des Weathermen attendu pour printemps 2003. Mais en attendant les "faucons de la nuit" veillent encore sur New York et cela de très belle manière.
Best Cuts : 'N.R.A.', 'Keep The City Up', 'Street Poly'.
Note : 4.0
Metalik FLOw
Décembre 2002
Pour nous faire patienter en attendant l'album des Weathermen, deux des membres les plus éminents du collectif se sont unis sous le blase de Nighthawks. Donnant ainsi suite à son controversé "Movies For The Blind", l'inimitable Cage retrouve Camu Tao, producteur-rappeur du crew MHz, pour une parenthèse originale dans leurs carrières. En effet, les deux acolytes ont décidé de se lancer dans un concept album dédié aux agissements de flics pour le moins corrompus, en rendant hommage au passage au film de seconde zone de 1981 : "Les Faucons de la Nuit" (avec l'ami Stallone). Une idée qui trouve sûrement ses sources dans la cinéphilie documentée de Cage (voir 'Agent Orange') mais qui s'arrête là. En effet, les connections avec le film se limitent à quelques extraits sonores, aux noms des protagonistes et à la pochette. Pour le reste, les personnages interprétés par les Nighthawks sont de pures créations de leurs esprits crapuleux.
Et autant dire que les Nighthawks sont de sacrés ripoux. Employant des méthodes discutables et pour le moins musclées, ils n'hésitent pas à tirer dans le tas, à flinguer les témoins gênants, à taper dans la coke saisie pour arrondir leurs fins de mois, à bidonner leurs rapports, à graisser la patte des juges pour acheter leur silence ou encore à faire valoir leur droit de cuissage sur les putes du quartier. De vraies pourritures héritières de "Bad Lieutenant"! Cage et Camu nous étalent leurs exactions de service tout au long du LP, se délectant de chaque occasion pour livrer quelques détails croustillants. Cage peut ainsi s'en donner à coeur joie pour alimenter son image de cas psychiatrique. Cependant, intelligemment, le duo utilise ici des flows bien plus posés et classiques qu'à l'habitude... comme pour mieux montrer l'esprit tranquille de ces flics au-dessus des lois. Ils entrelacent leurs voix tout au long des couplets reflétant la solidarité de cette fine équipe. La solidarité existe aussi chez Eastern Conference puisque Tame One et Mr Eon (de The High & Mighty) font des apparitions remarquées dans la peau de collègues corrompus. Un seul regret : les Nighthawks n'ont pas développé à fond toutes les possibilités offertes par leur concept.
A ce titre, ils restent assez superficiels et n'abordent jamais les motivations ou le côté sombre de leurs policiers en se cantonnant à la caricature de ripoux complets. Ils ne développent pas non plus de réel scénario au cours du LP. Seule la poursuite en voiture de 'Car Chase' possède une vraie valeur cinématographique. Tout reste donc assez superficiel... mais diablement divertissant et dépaysant.
Le dépaysement est aussi et surtout musical. Mighty Mi est resté pour une fois en retrait et on ne s'en plaindra pas. Il semble en effet bien peu inspiré en ce moment vu les boucles funky cramées qu'il recycle ('Bomb Beach', 'Cop Hell')... Heureusement Camu Tao est là pour faire le boulot sur 80% de l'album. Camu a eu la bonne idée de créer une bande originale fidèle au New York des années 80. Piochant allègrement dans les B.O. de séries B policières de l'époque (souvenez-vous de la musique du "Flic de Beverly Hills" pour en avoir une petite idée), il nous plonge dans une ambiance synthétique toute particulière dominée par des synthés fluides, des basses omniprésentes et des riffs de guitare électriques qui donnent un charme suranné imparable à l'ensemble. Il sait aussi utiliser avec discernement les bruitages (sirènes de police, crissement de pneus..) pour agrémenter les récits. Cette solide qualité de production donne tout son intérêt au projet. Sans être profondément innovante, elle apporte une couleur et un grain inédits qui font sortir "Nighthawks" du lot. Du mystique 'Count Crackula' à l'emblématique 'Nighthawks', les beats ont une réelle qualité cinématographique et on se promène dans les rues et les coins sombres de New York en compagnie de nos amis policiers avec "plaisir".
Au final, malgré sa courte durée (38 minutes sans les interludes), ce LP s'impose comme un projet très recommandable dont Cage & Camu tao n'ont pas à rougir... au contraire. Comme un bon blockbuster, il ne nous réserve rien de bien révolutionnaire mais tient toutes ses promesses et nous fait passer un sacrement bon moment. Les fripouilles en bleu ont encore de beaux jours devant elles. Une victoire de plus pour Eastern Conference.
Best Cuts : 'Nighthawks', 'N.R.A.', 'Keep The City Up'.
Note : 4.0
Cobalt Décembre 2002