Sérieux outsiders dans l'ombre des poids lourds de leur Bay Area natale, l'équipe d'Argonaut et Lazerus n'en est pas moins un cartel de hip hop underground efficace, fécond et créatif. Avec "1984", "Roadside Attractions", "Guts II" et plus encore avec l'irréprochable "Where The Sidewalks Ends", les acteurs de Disflex 6 ont su imposer une marque de fabrique et une véritable identité, façonnées dans de sombres studios des bas-fonds de San Francisco et mises en pratique lors de nombreux shows remarqués.
Il n'en faudra pas davantage pour que Lex Records s'intéresse à cette holding de mc's, beatmakers, designers et turntablists. En 2001, alors qu'il n'en est qu'aux balbutiements, le label britannique donne sa chance au combo californien en lui permettant de sortir 2 EP vinyls, "Hot Season" sera le premier d'entre eux et du même coup le premier disque frappé du sceau Disflex 6 a être distribué au delà des frontières américaines.
L'œuvre en question ne propose aucun inédit, une déception pour les (rares) aficionados du groupe et une idéale et bienvenue séance de rattrapage pour les autres. Le morceau éponyme qui orne la première plage de "Hot Season" est sans doute la meilleure illustration du son Disflex 6, tant il reprend les constantes propres aux sorties du crew. La production assurée par l'homme-orchestre Jason the Argonaut donne une allure de hit single a 'Hot Season', relents orientaux et beats rebondissant à l'appui. Les emcees Argonaut et Laz s'y illustrent mais c'est bel et bien le second qui offre la prestation la plus convaincante. L'auteur de "Sub Track Shun" et "Crime" est - à l'instar d'un Tes ou d'un MSayiid - de ces grands mc's qui savent donner de l'ampleur à un morceau et offrir à chaque apparition un florilège de prouesses techniques et lyricales.
'They Think They're Dope' (extrait de "Guts II") révèle que Disflex 6 compte plus d'une seule fine gâchette puisque Mercury et Ehnertia viennent épauler les deux artificiers Argonaut et Jackson. Malgré le concours de ces renforts microphoniques (mention spéciale à Mercury aka Kwixsilver :
"Downward, rotating at 33 and a third, consuming alcoholic beverages till my speech is slurred, heed the word-yo-this is how it goes, airborne like a cloud floats from intro to outro, an ill lyricist with or without dough, stay inside frequently but never a slouch though, whats the status?") la seconde piste ne persuade pas, la production d'Elon.is apparaît chétive et inadéquate. Une déficience vite oubliée puisque le géniteur d'"Atomik Age" (long format sorti en 2003) nous offre une composition impeccable, oppressante et travaillée sur l'ultime plage de "Hot season EP".
Aucune raison d'évincer 'Sidewalk Stomp', d'autant plus qu'il s'agit probablement du meilleur enregistrement sur bande de Disflex 6. Bénéficiant d'un beat évolutif (le morceau est judicieusement découpé en deux parties distinctes), d'une atmosphère "cosmique" itérative chez Argonaut et de l'apport d'un Lazerus au sommet de son art, le track qui ouvrait les hostilités sur "Where The Sidewalks Ends" - album imparable et ô combien mésestimé - est le point d'orgue du disque.
Pour leur premier fait d'arme sous les couleurs de Lex, la section Disflex 6 prend les devants et s'impose comme une des formations Californiennes à surveiller. Préparez vos oreilles et avertissez les d'arrivée offensive de "Robot Dream EP".
"We make good music, fake is excluded"
Kreme Juillet 2003