Poursuivant tranquillement son petit bonhomme de chemin depuis "Aanitearkisto", son premier EP paru en 2003, Antti nous revient trois ans plus tard pour son premier long format sorti sur son label Styge. En trois ans, le finlandais a eu le temps de se produire en live en compagnie des Soul Investigators, d'Omid ou E Da Boss (Quannum), mais aussi de faire le DJ au Japon, d'entendre ses disques joués sur des radios spécialisées de Los Angeles à Berlin ou encore d'apparaître sur la compilation "Tropiczone Swap" en compagnie du gratin underground californien. Il a également pris le temps d'asseoir sa structure en sortant quelques tapes et mix-cd's (de jazz, entre autres) et de sortir les EP's de ses camarades Kaliyuga Pro et Modeselector. Pas mal.

Ceci étant dit, la recette de sa musique, elle, n'a pas changée. Notre homme continue sa route sans dévier d'un iota des sentiers déjà bien tracés de l'abstract hip hop de salon, totalement dévoué à la cause du jazz et au culte du cratedigging. "Myöntömuoto" ("forme affirmative" en finnois) est donc un disque de chill homogène de bout en bout, construit comme un trip hypnotique à travers les grandes forêts finlandaises. A l'instar de Dante Carfagna sur son projet Express Rising, le disque vous happe littéralement dans un endroit isolé au beau milieu de la nature pour ne vous relâcher qu'une fois le dernier titre fini.

Inutile d'insister sur le fait que les ficelles de ce genre d'exercice de style sont assez évidentes, mais force est de constater que le monsieur a ce supplément de talent qui rend l'exercice intéressant pour peu que l'on soit encore sensible au genre. Le titre d'ouverture, 'Muistiinpano', est par exemple un modèle d'arrangements subtils qui nous plonge immédiatement dans son univers délicat. Dans un autre style, '20+V/60W' et sa ligne de cuivres tout en intensité n'est pas sans nous rappeler l'époque dorée du DJ Shadow pré-major. Le ventre mou de l'album se situe à mi-chemin, avec quelques beats un peu moins accrocheurs, qui témoignent de la difficulté de tenir l'auditeur en haleine avec un cahier des charges aussi maigre. A l'inverse, l'excellent (et seul) titre rappé 'Tundra', en compagnie du compatriote Pijall des Ceebrolistics, redonne du rythme au disque en fin de parcours.

Il n'est donc pas question ici de folle prise de risque ou de déchaînement d'effets pyrotechniques ; c'est tout l'inverse. La musique d'Antti n'a d'autre ambition que de nous convier à son abstract knacki party finlandaise, cloîtré dans une cabane en pleine tempête de neige, partageant un feu de bois avec sa MPC, une pile de vieux disques de jazz et ses potes. Si le programme vous inspire, ce disque est pour vous.

Pseudzero
Février 2007