Pour ceux qui ont eu la présence d'esprit de se rendre au Nouveau Casino lors du Labwaste Tour en Décembre dernier, vous avez pu avoir un avant goût de cette nouvelle mouture. Suite à cette soirée, les fabricants de minerves ont copieusement augmenté leur chiffre d'affaire. Et si Débruit continue sur ce chemin, je devrais peut être penser à monter ma boîte ou à tenir un stand à la sortie de chacun de ses concerts. A bon entendeur…

Bon et sinon c'est quoi ce "Coupé Décalé" ? Un album de musique ivoirienne arrangé à la sauce électro bouillonnante du beatmaker frenchie ? Bah pas vraiment non, il faut plutôt y entrevoir une ôde au rythme tout court, et plus particulièrement à celui que Débruit développe à chaque nouveau projet. Il coupe, il décale. Et nous on tente de suivre. Bref, on ouvre le bal avec "Pointy", mise en bouche pétillante, foisonnant d'entrechocs rythmiques comme seul Dé sait en produire, le tout agrémenté de quelques mélodies électroniques toujours bien senties. La formule restera à peu près la même tout au long du projet, et on ne va pas s'en plaindre. Parce que Débruit ne se contente pas de déplacer les inconnues de l'équation pour arriver au même résultat. Chaque piste est une recréation, un jaillissement sonore, le tout orné d'une riche palette de trouvailles musicales qui ne s'essoufflera jamais, excepté au détour de "Re-New Real", qu'il convient malheureusement de trouver redondant. Déplaisir de courte durée, rassurez-vous.

"Smurfing In The Sun", ou le hit qui secouera votre R5 et niquera vos amortisseurs durant les vacances et encore longtemps après. A plein ballons sur l'Ile de Ré avec vos planches de surfs qui ne vous servent pas puisqu'il n'y a pas vraiment de vagues à l'Ile de Ré, vous vous croirez quand même au top de cette même vague rien qu'en écoutant ce délice péchu et frais comme un melon de Cavaillon. Non non, vous n'êtes pas au rayon primeurs mais plutôt invité à un banquet fruité, et ici, c'est Débruit qui régale. Au rayon saveur cette fois, "Kaerb" se pose là. Sans aucun doute un des sommets du EP. Rythme ébouriffant et saccadé, ce dernier donne le ton à une bataille dont nos oreilles sont la cible, attaquées par des relances incessantes qui nous les secouent comme autant d'électrochocs. Furieux.

Victime (innocente?) d'une mode qui nous a nous aussi tous un peu pris de court, Débruit aurait il composé un hymne Tektonik sans le vouloir? Parce que j'avoue que ça me démange grave de faire les quelques pas que je maîtrise en secret à l'écoute de "So Bayle", bombe dancefloor agressive à souhait poussant à la chahute écervelée qui pourrait caractériser cette danse dont les jours semblent déjà comptés. Une pincée de Timbaland version club (ah c'est pas à chaque fois?) mêlée à du Justice sous acide et le tour est mieux que joué. Fiévreux.

La musique de Débruit, parfois c'est plus calme. Mais ça marche toujours grâce au rythme. La piste finale du EP clôt l'affaire comme elle avait commencé, sous le joug des gimmicks addictifs du producteur, mais avec cette fois une pointe de douceur en plus ; comme une soyeuse conclusion après s'être émoussé comme des fous sur les précédents morceaux. Héééé oui, on peut aussi souffler un peu au pays de Dé, ce même souffle que l'on va devoir désormais retenir jusqu'aux prochaines aventures du musicien qui, on l'espère, ne devraient pas traîner.

Tous les ingrédients qui ont fait les qualités de son précédent opus un plat savamment épicé s'invitent une nouvelle fois au menu pour ce "Coupé/Décalé". Un album de Dé, c'est un peu comme se rendre chez Gloup's et palpiter devant tous ces bonbecs aux formidables couleurs acidulées. On veut tous les goûter jusqu'à s'en faire mal au ventre. Changez les produits de l'équation précédente par le nombre de pistes de ce "Coupé Décalé", et la révolution (arc en ciel) se fera dans vos oreilles, pas votre bouche.

Finesse
Mai 2008