Troisièmes d'une série qui s'annonce encore longue, les "Unbeatable" de Alks usent d'une formule simple et efficace : breaks inédits, innovations multiples et instrumentaux lourds.
Détaillons d'abord ce dernier point. Développant une aisance certaine au fil des années le beatmaker Lorrain s'est forgé un style à part. Croisement indécent entre la patte "industrielle" d'un El-P, le son "brut de décoffrage" caractéristique de la mouvance grime ou encore l'univers "trash-dark" d'un D-Styles, son monde est un véritable melting-pot musical, Alks utilise ses machines pour construire des rythmiques qui s'avèrent aussi efficace à l'écoute que pour des phases de scratches purs. L'orchestration des quatre instrumentaux proposés en face A est minutieusement travaillée, les changements de rythmes sont légions, l'évolution est permanente et l'on doit être réellement attentif aux placements de ses cuts pour transformer le tout en réels "scratch-tracks".
Les différents breaks (scratch skip) proposés dans "Unbeatable Labz" sont classés par thème, au nombre de quatre ils regroupent un panel intéressant de sons (tous lockés à 66.6 BPM) totalement nouveaux et issus d'un travail acharné de recherche à travers de nombreux disques. On y retrouve un large panel de breaks pour les adeptes du beat juggling, des descentes de synthés prévu pour ladite "scratch-music", un drum-kit complet où se croisent charleys, grosses caisses et autres kicks (vers lesquels peuvent se ruer les producteurs de tous styles), quelques voix (Beans, Jeru, et d'autres distillant leurs punchlines meurtrières) et divers sons pour agrémenter le tout.
Au niveau des innovations, on note un système de sillons infinis. Au nombre de dix, ils sont calés entres eux de la même manière qu'un skip proof, permettant ainsi lors d'une session de passer astucieusement d'une boucle à l'autre sans perdre le tempo. De même, les modules de scratch présents avant les scratch skip
sont aussi calés au tempo des boucles (donc un multiple de 66.6) et dans la mesure des boucles (32ème mesure).
On remarquera que le problème de poids du disque (assez pénalisant sur XP) est résolu. Le touché est idéal, le maniement est simple, le disque suit tous les mouvements de la main. Le mastering est lui aussi proche de la perfection, ce qui est rarement le cas pour des sorties auto produites de battlebreaks. Concernant l'artwork, pour une fois, on ne tombe pas dans le mauvais goût gore (gens découpés, vieux en tenues légères et ribambelle d'images agressives) que nous imposent généralement les pochettes des breaks. Ici, on a le droit à un beau dessin "stylé" hip-hop, entre graff et peinture, vos yeux apprécieront.
Presque parfait donc. On notera tout de même le nombre d'instrumentaux un poil trop ambitieux. Souvent bien foutus, leur quantité tourne cependant à l'overdose. Trop courtes, elles s'enchaînent rapidement et l'on a à peine le temps de prendre son pied que l'on passe aux suivantes (en particulier sur la face B). Les loops infinies quant à elles se révèlent assez ardues à scratcher et manquent de pêche pour parvenir à nous maintenir en extase pendant des heures. Pourtant au final, ces quelques faiblesses minimes n'altèrent en rien la qualité - à tout niveau - de ce battlebreak.
MC23 Novembre 2005
Note : Pour toute info supplémentaire, n'hésitez pas à visiter le site Internet de DJ Alks : www.djalks.com