S.A. Smash
Smashy Trashy

Tentez d'oublier les ambiances froides et intergalactiques de "The Cold Vein", les cassures rythmiques et la rugosité de "Fantastic Damage", tentez d'oublier encore les récits politisés de Mr. Lif et les balades électroniques de RJD2, ce "Smashy Trashy", largué par les Smash Brothers - duo composé pour l'occasion de Camu Tao et de Metro - sur la planète Definitive Jux, se veut avant tout jovial autant dire à l'opposé même de l'image que s'est forgé le label conduit par El-P au grès des années.

Présenté comme dans la lignée des albums des Alkaholiks, à savoir imprégné de l'idéologie Gangsta tout en excluant les caricatures bling-bling salissantes exhortées par Cash Money, No Limit et consort, le dernier produit de Def Jux possède tous les arguments susceptibles de fâcher les amoureux des premiers pas du label ("Def Jux Presents...", "The Cold Vein", "Labor Days"). Gros riffs de guitare électrique à foison, productions majoritairement "rentre-dedans", propos gangstérisés avec tout ce que cela englobe : misogynie, apologie des drogues, engouement prononcé pour les fêtes enfumées (pour schématiser) tout cela dans un second degré affirmé font de cette livraison un ovni avéré dans la discographie defjuxienne.

Aussi alléchante que la biatch au ghetto-blaster venant orner la cover, la liste d'invités laissait cependant présager un album soigné. Ainsi ce ne sont pas moins que Cage, Aesop Rock, El-P, Przm (compositeur du tube 'Hold The Floor' pour le même Camu Tao), Blockhead, Vast Aire ou encore Ese accompagné d'Hipsta (Embedded Music) qui viennent s'atteler à la tâche. Mais attardons nous plus particulièrement sur les deux performers qui tiennent les rôles principaux de ce "Smashy Trashy".

On fera d'abord la sourde oreille devant les apparences quelconques de l'inconnu Metro, à classer dans les rangs de sous-Fabolous, autant dire que ses qualités de mc restent plus que douteuses. Son rôle se résumera alors à partager le micro avec un des timbres de voix les plus charismatiques de Colombus et de la grosse pomme : Camu Tao joue tout au long de cet album sur la structure des morceaux en se balançant sur les cadences rebondissantes ('Love To Hate', 'Bang') tout en déchiquetant les rythmiques par un débit de paroles à contre temps glissant sur le son sauvage des guitares électriques ('Robot', 'Gangsta'). Si son passage derrières les machines lui offre un résultat plus fébrile, se révélant parfois convaincant ('Slide On'Em', 'A.A', 'Robot') on subit les productions insipides d'un Camu Tao au plus bas de sa forme sur 'Last Night II' (pourquoi ne pas avoir gardé le beat original ?), 'Body' ou le tristement drôle 'Spot Tonight' poussant la parodie du mainstream hiphop à son paroxysme lorsque des Smash Brothers peu inspirés, larguent des hommages niaiseux à leurs acolytes sur près de 5 minutes de rap à l'eau de rose.

Les convives cités plus haut parviennent eux avec plus ou moins de succès à donner de la prestance à l'ensemble. Pour ce qui est des réussites on citera les percussions batailleuses d'un 'Illy' très bien produit par El-P, les distorsions de Cage sur 'Smash T.V.', confection chaotique de Przm, ou encore Vast Aire sur un 'Slide On'Em' admirablement interprété. A l'inverse, au rang des désillusions on trouvera à coup sûr la production bâclée de Blockhead sur 'Love To Fuck' ou encore 'Weird' et son beat amorphe, pastiche indigeste du 'Grindin' de Clipse proposé par le duo de Stronghold composé d'Ese et Hipsta, à se demander si c'est d'ailleurs bien ce même Ese qui a composé 'Say When' sur le "X2" de Tes.

Si Camu Tao en flic véreux avait su nous convaincre sur le projet "Nighthawks", les S.A. Smash et leur "Smashy Trashy" à l'exception de quelques bons moments épars, laissent eux une impression générale assez bancale en livrant un ersatz d'album dancefloor à mille lieux des divagations mainstream proposées par les très en vogue Timbaland et Neptunes. On préféra cependant, jeter la pierre à un El-P peu perspicace qui ferait mieux de surveiller à l'avenir ses choix artistiques s'il ne veut pas reproduire avec Def Jux la décrépitude progressive qu'a connu l'indépendant Rawkus. N'est pas Jay-Z qui veut et "Smashy Trashy" en est la preuve ambulante.

Metalik
Juin 2003
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Label: Definitive Jux
Production: Camu Tao, Przm, El-P, Blockhead, Ese/Hipsta, Walter Rocktight
Année: Juin 2003

01. Smash T.V. (Intro) (feat. Cage)
02. Robot
03. Clout
04. Get Home (Skit)
05. Illy
06. Weird
07. Slide On'Em (Escapade) (feat. Vast Aire)
08. Love To Hate
09. A.A
10. Jerseyed Out
11. Love To Fuck (feat. Aesop Rock)
12. Old Man Triggery (Skit) / I Know What Are Your Thinking
13. Last Night II
14. Body
15. Bang
16. Gangsta
17. Spot Tonight

Best Cuts: 'Smash T.V.', 'Robot', 'Illy'

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