Issu du désert rapologique de Kansas City, Mac Lethal arrive sur nos platines par le biais du webzine Hip-Hop Infinity et de son jeune label de disques. Le titre de gloire de ce relatif inconnu est d'avoir atteint la finale 2001 du très compétitif Scribble Jam. Son premier Lp s'annonce donc sous les meilleurs auspices pour tous les adeptes du freestyle... mais pas seulement. Car si Mac Lethal a un flow de tueur et est définitivement un maître de la rime "coup de poing" et des bons mots, il a d'autres atouts en poches pour faire la différence et inscrire son nom dans nos carnets.
Mac a un vrai sens de l'écriture et du storytelling ('My Angel Veronica'). Remplis de références scientifico-fantastiques décalées, de poésie et d'images violentes, ses textes font preuve d'une créativité sans borne et laissent entrevoir ('The M.AD.', 'My Favorite Screams') les germes d'un digne héritier de Kool Keith ! La parodie bounce 'Mom Izza Thug' est tout simplement hilarante. Maître de l'humour du second degré et du délire total, Mac sait aussi, sans se la jouer ésotérique, se montrer profond et analyser avec justesse des sujets délicats. Le renversant 'Midnight In Manhattan', réaction épidermique aux attentats du 11 Septembre, en est le meilleur exemple. 'Monday School' pose aussi les bonnes questions sur la religion et renvoie l'Amérique à ses contradictions.
D'autre part, Mac a du charisme, un flow et une vraie personnalité! On est loin de la fadeur convenue de beaucoup d'acteurs de la scène indé. Avec sa fantaisie, il parvient à nous tenir en haleine sur tout son album sans autre soutien que celui d'Approach sur 'A Cool Breeze'. Enfin, Mac est aussi un bon producteur! Et oui, ses talents de musicien sont à la hauteur de son expertise lyricale. Aérées et empreintes d'un voile féérique, ses compositions sont d'une qualité indéniable. Les nappes se mêlent à merveille et les samples ont toujours le bon goût de tomber à point. Euphorique, Mac a pris en charge 9 titres sur 14. Seul le longuet et moyen 'Cyborg's Revenge' était dispensable. Pour le reste, son partenaire Surgeon General manie le scalpel avec précision sur trois titres et c'est l'inégalable Blockhead (cf. Aesop Rock) qui vient apporter toute sa maitrise à 'Mermaid Pornography' et au précité 'Midnight in Manhattan'.
Au bilan, ce premier essai est un coup de maître sans faute majeure qu'il serait dommage de rater. Mac Lethal, sa versatilité et son talent nous explosent littéralement à la face. Alors, faites-vous plaisir. C'est simple : un petit tour sur Waxexpress et Mac Lethal viendra apporter un peu de bon son à votre platine affamée.
Cobalt Juillet 2002