AWOL One est un petit cachottier. Entre son court et estival "Killafornia" et un gros album avec plein d'invités pour Cornerstone ("The War Of The Art", 11 avril), le Shapeshifter nous a réservé une petite surprise : un album discret avec Mascaria sous le nom de Chemikillz.
Transfuge de EX2 ("Nemesis") et producteur free-lance régulièrement embauché par le gratin californien (Existereo, Aceyalone, OMD, Abstract Rude...), Mascaria affiche a chacun de ses travaux un goût prononcé pour les ambiances sombres, les squelettes et les samples scabreux.
La première livraison des Chemikillz, qu'il a entièrement mise en son, n'échappe pas à la règle. Hormis quelques sursauts ('Drivers Church') où la bonne humeur est presque palpable (j'exagère à peine), l'ambiance n'est pas vraiment à la fête. Mais la collaboration n'en demeure pas moins efficace. L'attitude d'AWOL, Mc versatile s'il en est, et les compositions de Mascaria font bon ménage. Comme à son habitude, le Wolrus alterne aisément chuchotements, vocalises hasardeuses, exercices crooner et couplets plus offensifs, armé de son flegme presque légendaire. Jamais avare de petites punchlines qui n'ont l'air de rien mais qui font toujours leur effet (
"You can't have an insex party without inviting DJ Roach"), AWOL One fait son AWOL One et on en redemande. Egotrips décalés, digressions sur le sens de la vie et de la sienne, Tony Martin est une fois de plus presque irréprochable dans son rôle de rappeur attachant et charismatique. Quant à Mascaria (qui n'est pas le meilleur producteur de la place de Los Angeles), il fait largement honneur à son compagnon du jour en enveloppant ses dissertations de boucles soignées, agrémentées de samples souvent bien vus. Et, même si l'ambiance générale confère au disque un goût de déjà entendu, si quelques compositions sont dispensables, le metteur en son réussit quelques jolis coups. Bien aidé par son si cher banjo à six cordes et de jolis cuivres, Mascaria fait même jeu égal avec un AWOL très en verve (
"You act like you're haters but you study this" (...)
"Chemikillz make you loose your family") sur le titre éponyme, meilleur moment du disque.
"Chemikillz, cheaper than water". Qu'à cela ne tienne, ce petit album sans prétention devrait passer l'hiver.
Kreme Février 2006